Cela ne vous aura sans doute pas échappé, mais il y a eu dernièrement un vent de panique à la bourse de Paris suite à la dissolution de l’assemblée nationale.
Dans l’article de cette semaine, je vous propose de revenir brièvement sur ces évènements, et de voir si la panique des investisseurs est justifiée ou non (du moins à mon sens).
Table of Contents
La politique, un impact limité sur les marchés?
Nous avons encore pu le constater avec l’annonce récente de dissolution de l’assemblée par le président, mais les bourses détestent deux choses : les mauvaises surprises, et l’incertitude.
Les bourses préfèrent quand tout se passe comme elles l’anticipent. Et quand il y a une bonne visibilité sur ce à quoi ressembleront les prochains mois. Dernièrement, nous n’avons guère cela en France, ce qui n’a pas manqué de déclencher des ventes à la bourse Paris.
Cependant, quand de mauvaises nouvelles surviennent, tout investisseur doit se demander : les mauvaises nouvelles récentes sont-elles susceptibles d’impacter durablement les fondamentaux de mes sociétés?
Je pense personnellement que beaucoup de personnes surestiment l’impact potentiel du politique sur la vie économique du pays. Voyons pourquoi dans le point suivant.
Des sociétés mondialisées et diversifiées
Beaucoup n’ont pas manqué d’appliquer le raisonnement (un peu simpliste) suivant : instabilité politique en France ==> incertitudes économiques ==> vente des actions françaises.
Il faut cependant savoir que la plupart des grosses sociétés françaises ont une bonne diversification internationale, et génèrent une grosse partie de leurs revenus hors de France.
De ce point de vue, le chaos qui règne à l’Élysée ou au sein de l’assemblée nationale n’est guère susceptible d’avoir des impacts importants sur leur chiffre d’affaire à moyen terme.
Voici un exemple sur Air Liquide :
Et voici un autre exemple sur LVMH, plus grosse capitalisation de la bourse de Paris :
Si vous avez des craintes vis à vis de la situation actuelle, vous pouvez regarder directement au cas par cas l’exposition géographique du chiffre d’affaires de vos sociétés (c’est d’ailleurs quelque chose à savoir sur votre portefeuille, même quand tout va bien).
Les entreprises les plus lourdement vendues ont d’ailleurs été les sociétés de type infrastructures et transports (Vinci par exemple), par peur de nouveaux mois de tumulte et de paralysie dans le pays (comme nous les français savons bien le faire).
Cependant il faut garder en tête que les blocages liés à la paralysie de l’économie durant la crise du Covid ont été navigués avec succès il n’y a pas si longtemps de cela par ces mêmes entreprises.
Et il s’agissait là d’un problème plus important que l’usuelle guerre « gauche/droite », omniprésente depuis des décennies dans le pays.
Cependant, la surréaction ne s’est pas retrouvée que du coté des vendeurs.
Ni une opportunité, ni un krach?
Les réactions sur les réseaux ont été un peu inquiétantes en revanche ces derniers temps (je pense surtout à Twitter), avec d’un coté des investisseurs qui paniquent (avec les classiques « ce n’est que le début », « les bourses plongent », « j’ai perdu tous mes gains de l’année », etc).
Et de l’autre des investisseurs qui s’empressent de renforcer leurs positions (avec les usuels « ce sont les soldes », « j’ai renforcé », »j’ai sorti l’épuisette »).
J’ai vu que certains n’hésitaient pas à parler de « Krach » pour désigner les récents évènements.
Ce genre de réaction est à mon sens symptomatique d’un marché haussier vieillissant.
Il faut garder à l’esprit que tout mouvement boursier inférieur à 10% est basiquement un non évènement sur les marchés. Cela peut difficilement être qualifié de correction. Encore moins de krach. Et ce n’est pas non plus une zone d’achat particulièrement intéressante à l’échelle de l’histoire.
Voici quelques statistiques (tirées de mon article « les bourses chutent, faut-il acheter?« ) :
Comme vous pouvez le voir ici, sur les 90 années étudiées, les marchés ont connu 47 chutes de 10% ou plus, ce genre d’évènement se produit donc 52% du temps.
Voici maintenant à quoi ressemble l’indice CAC 40 post correction (au moment ou j’écris cet article) :
Comme vous pouvez le voir, le repli a été très mesuré et on ne peut pas vraiment considérer pour l’instant que la correction ne soit autre chose qu’une petite correction classique, comme il s’en produit chaque année.
Ce n’est pas une occasion pour envisager des renforts particulièrement agressifs. Ce n’est pas une opportunité particulièrement rare.
En fait, c’est une bonne occasion de continuer à suivre votre plan d’investissement, et si vous vous sentez chahuté actuellement par ce genre de repli, de songer à reconsidérer votre tolérance à la volatilité.
Parce qu’il faut savoir que si nous avons été relativement épargnés au cours de ces dernières années, les bourses ont par nature tendance à être bien, bien plus volatiles que cela.
Voyons donc dans la suite ce que vous pouvez mettre en place pour mitiger cette volatilité.
L’importance de la diversification internationale
La chose principale qu’il est important de faire si vous commencez à avoir un patrimoine boursier important, c’est de se diversifier internationalement.
Comme évoqué plus haut, les sociétés françaises de qualité ont déjà par nature tendance à générer une bonne part de leurs revenus hors du territoire, ce qui veut dire que (si vous gérez bien votre portefeuille boursier), vous disposez déjà par nature d’une forme de diversification géographique.
Là où vous avez moins le contrôle en revanche, c’est sur les mesures que peut prendre le gouvernement et qui sont susceptibles de toucher toutes les sociétés du territoire (des réformes fiscales qui leur seraient unilatéralement défavorables, par exemple).
Ou sur des mouvements sociaux qui se passeraient en local et qui paralyseraient l’activité de certaines sociétés françaises que vous détenez (c’est ce qu’on appelle le « risque pays »).
Limiter le « Risque Pays » de vos placements
Pour limiter votre « risque pays », il est important de détenir des actions ailleurs qu’en France et qu’en Europe (même si cela déplait à beaucoup d’investisseurs car vous ne pouvez bénéficier des avantages fiscaux du PEA, qui ne s’appliquent par définition qu’aux sociétés qui ont leur siège dans l’U.E).
Un exemple concret de mon coté. Cette semaine, le portefeuille U.E a bien corrigé.
Mais de l’autre, ma plus grosse position (à savoir Broadcom), située aux États-Unis, a aussi explosé de +12% en une journée suite à une bonne publication.
Grâce à cela, l’impact de la récente correction sur mon portefeuille global (US + UE) reste donc très mesuré. Et cela me permet d’aborder la présente situation sans paniquer.
Et Broadcom n’est pas un cas isolé ici, le marché américain a globalement marqué de nouveaux sommets historiques cette semaine, ce qui venait mitiger l’impact des évènements locaux, pour un investisseur diversifié.
Cependant, si vous n’aviez pas d’actions U.S, voici quelques pistes pour la suite.
Trouver des opportunités sur les actions françaises?
Quand les gens paniquent suffisamment en bourse, les bonnes sociétés ont généralement tendance à être vendues avec les mauvaises. Les investisseurs appuient sur le bouton « vendre » simplement pour arrêter la douleur de voir leur compte de bourse se réduire jour après jour.
Et c’est là que les investisseurs plus malin (ou plus expérimentés) en profitent généralement pour renforcer.
Comme évoqué plus haut, il faut alors faire la différence entre les sociétés que les évènements politiques actuels sont réellement susceptibles d’impacter, et les autres. Pour cela, gardez en tête pour commencer la piste de l’exposition géographique évoquée plus haut.
Si vous pouvez renforcer à bas prix des sociétés qui sont vendues sans raison économique valable, vous aurez de bonnes chances d’avoir des performances de long terme prometteuses.
Mais attention. Cela ne veut pas dire que si vous les achetez aujourd’hui elles ne vont pas continuer de chuter demain. Cela ne veut pas dire non plus que vous aurez des profits dans 2 mois, 3 mois, 6 mois. Cela veut dire que sur le long terme (plusieurs années), vous aurez de bonnes chances d’avoir de bonnes performances.
Et inutile également de renforcer à chaque chute de 2%. Voici mes lignes directrices basées sur les statistiques de corrections historiques que je vous ai partagé plus haut (sachant que les corrections <10% sont basiquement des non évènements qui se produisent très fréquemment) :
- 45% du temps les corrections ne dépassent pas 15%
- 75% du temps les corrections ne dépassent pas 30%
- 94% du temps les corrections ne dépassent pas 50%
P.S : Si vous voulez plus de statistiques à ce sujet, et sur le temps moyen que mettent les marchés à rebondir, n’hésitez pas à lire ou relire mon article sur les corrections boursières.
Conclusion
J’espère avoir pu remettre ici en perspective quelques points de vue un peu extrèmes (et quelques surréactions à mon sens) concernant les derniers évènements politiques et boursiers.
Comme toujours, si vous voulez le détail de mes points d’entrées, mes renforts et mes allègements, et le détails de mes mes portefeuilles d’actions, pensez à la Newsletter du site (exemples concrets également dans mon article précédent).
Et sur ce, je vous dis à bientôt pour un prochain article (ou vidéo)!
Laisser un commentaire