Est-ce que vous vous êtes déjà dit : « J’aimerais investir en bourse, je vais juste trouver l’action qui me paie le meilleur dividende et l’acheter », et par « meilleur dividende » vous pensiez en fait « le plus gros possible »?
Peut être même que vous souhaitez faire cela après avoir lu un article trouvé sur un blog, quelque chose du genre « Gagner en bourse : comment l’action XXX me paie 10% tous les ans pendant que je bronze à la plage »? Et peut être qu’en lisant ledit article, une petite voix dans votre tête vous soufflait : « 10% par an, c’est trop beau pour être vrai ». Et ensuite l’astucieux marketeur que vous aviez en face a su faire taire cette petite voix en vous agitant sous le nez des photos de pina coladas sur des plages de sable fin, et des promesses de retraite anticipée? Je connais bien cela.
Dans cet article, nous allons voir ensemble pourquoi la petite voix dans votre tête avait raison, et pourquoi « gros dividende » ne veut pas dire « meilleur dividende ». En réalité, nous verrons même que les gros dividendes vous font perdre de l’argent.
Dans la recherche du meilleur dividende, le rendement seul ne suffit pas
Quelle que soit l’action que vous choisissez, elle vous paiera un gros rendement pour l’une de ces deux raisons :
- La société paie au dessus de ses moyens (potentiel problème d’insolvabilité)
- Le prix de l’action a fortement chuté (potentielle chute des bénéfices)
Un exemple concret : une action qui cotait 100 euros hier vous paie habituellement un dividende de 4 euros tous les ans. Ce titre propose donc un rendement « normal » de 4% ce qui est correct. Le titre perd subitement 50% de sa valeur, il cote maintenant à 50 euros mais vous paie toujours 4 euros de dividende, le rendement du titre est donc passé à 8%! Quel rendement! Faut-il sauter sur l’occasion? Faut-il en racheter deux fois plus? Probablement pas.
Car si l’action a perdu 50% de sa valeur en si peu de temps c’est probablement qu’il y a un (très) gros problème avec la société. Et si il y a un problème avec la société, il y a généralement un problème avec ses bénéfices, et si il y a problème de bénéfices, il y a coupe du dividende. Vous risquez donc de ne jamais toucher votre juteux de coupon de 8% et de réaliser en plus des pertes en capital importantes si les problèmes initiaux de la société ne sont pas rapidement résolus.
Voici un graphique illustrant les performances d’actions payant plusieurs niveaux de dividendes :
Comme vous pouvez le voir les actions qui paient les plus hauts dividendes en jaune font nettement moins bien à long terme que le « 8eme decile » en bleu (c’est à dire les actions qui paient un dividende de 2 points moins bon si on classe les actions par niveau de dividende sur une échelle de 1 à 10). On peut voir également que le décile1, qui représente les actions qui paient le plus faible niveau de dividende à une performance à long terme moins bonne que l’indice S&P 500. Ce graphique nous dit donc qu’il faut éviter les actions qui paient un dividende très haut mais aussi celles qui paient un dividende très bas (ce que l’on ne voit pas sur ce graphique c’est que les plus hauts dividendes ont aussi une volatilité plus élevée que les autres, c’est à dire que leur niveau de risque est plus élevé).
On peut donc se poser deux questions à la suite de cette étude :
Concrètement, quel rendement peut on considérer comme trop haut? Et quel rendement peut on considérer comme trop bas? Nous allons répondre à ces questions dans le point suivant en définissant ce que nous appellerons la « zone de meilleur dividende ».
La zone de « meilleur dividende »
De nombreuses études ont été faites pour confirmer le postulat évoqué dans le point précédent (rendement trop élevé = problème avec la société = mauvais investissement). Ces études ont également cherché à déterminer quelle zone de rendement du dividende était la plus sécurisante et permettait d’obtenir les meilleurs performances à long terme. Voici un graphique illustrant les conclusions obtenues :
On peut voir que la zone permettant d’obtenir le meilleur rendement avec le minimum de risque à long terme se situe entre 3 et 6% de dividende.
Au delà les rendements réels commencent à diminuer, et on peut voir que les actions qui paient plus de 9% de dividendes ont une performance ajustée du risque qui n’est pas meilleure que les actions qui ne paient pas du tout de dividende! Cela confirme donc qu’il vaut mieux éviter les rendements trop élevés qui sont la plupart du temps impossibles à soutenir dans la durée.
Sachez donc ne pas être trop gourmand au niveau du rendement lorsque vous cherchez des actions à rentrer dans votre portefeuille, et méfiez vous toujours des dividendes trop élevés. N’oubliez pas qu’un rendement élevé est là en règle générale pour compenser un risque élevé. Laissez donc les risques élevés aux spéculateurs, concentrez vous sur la qualité de vos dividendes et laissez faire le temps : vous les battrez très probablement haut la main.
Laisser un commentaire