Les compagnies américaines auxquelles on donne le surnom de « Rois du dividende » sont des sociétés qui ont augmenté leurs dividendes année après année depuis plus de 50 ans (j’avais d’ailleurs déjà présenté il y a peu l’action 3M qui fait parti de ces fameux « dividend kings »).
Cette liste de titres présente un intérêt certain pour un investisseur, car seules des sociétés avec des business model exceptionnellement robustes sont capables de dégager des paiements en augmentation constante sur une période de temps aussi longue.
Les « dividend kings » représentent donc généralement ce qui se fait de plus sûr et de plus stable sur le marché américain en terme de versement de dividendes. Ceci étant dit, les sociétés avec un parcours boursier aussi impeccable sont par essence rares ; en fait il n’en existe que 25 parmi les milliers d’actions qui cotent sur la bourse américaine (que nous allons présenter dans cet article).
Au programme :
- La liste complète des rois du dividendes
- La performance historique moyenne de ces sociétés
- Certaines nuances importantes à apporter avant d’envisager d’y investir
Table of Contents
Performance historique des rois du dividende
Tout d’abord, voici un graphique retraçant la performance agrégée des 25 « dividend kings » entre 1998 et aujourd’hui comparée à l’indice boursier S&P 500 :
Comme vous pouvez le voir ici l’indice « Dividend Kings » a surperformé de plus de 300% la moyenne du marché (avec une performance totale autour des 700% sur la période).
Chose importante également (que l’on ne voit pas nécessairement au premier coup d’oeil sur le graphique) : ils ont dégagé des rendements supérieurs avec moins de risques que l’indice boursier américain (tout comme les « Dividend Aristocrats » ils ont tendance à bien résister aux baisses de marché, et à profiter significativement des hausses). Par exemple en 2008 les rois du dividende n’ont chuté en moyenne que de -14% alors que le marché perdait le triple.
Voyons maintenant plus en détails quelles sont les sociétés qui composent cet indice.
Liste complète des rois du dividendes par secteur
Ci-dessous voici une liste des 25 sociétés américaines ayant augmenté leur dividendes depuis 50 ans ou plus (classées par secteur d’activité) :
Services Publics :
American States Water (AWR)
California Water Service (CWT)
Northwest Natural Gas (NWN)
SJW Group (SJW)
Vectren (VVC)
Industrie :
ABM Industries (ABM)
Dover Corporation (DOV)
Emerson Electric (EMR)
3M Company (MMM)
Nordson (NDSN)
Parker Hannifin (PH)
Stanley Black & Decker (SWK)
Matériaux de base :
Stepan (SCL)
Consommation cyclique :
Genuine Parts Company (GPC)
Lowe’s Companies (LOW)
Consommation non cyclique :
The Colgate-Palmolive Company (CL)
Hormel Foods Corporation (HRL)
The Coca-Cola Company (KO)
Lancaster Colony (LANC)
Procter & Gamble (PG)
Tootsie Roll Industries (TR)
Services financiers :
Cincinnati Financial (CINF)
Farmers & Merchants Bancorp (FMCB)
Santé :
Johnson & Johnson (JNJ)
Immobilier :
Federal Realty Investment Trust (FRT)
Nuances importantes à apporter avant d’envisager d’y investir
Avant d’envisager d’investir dans un ou plusieurs de ces rois du dividendes, il est néanmoins important d’apporter plusieurs nuances par rapport aux performances futures que l’on peut attendre de ces 25 sociétés.
1/ Le problème de la performance historique biaisée
Une première chose à réaliser avant d’être trop enthousiaste par rapport à la courbe de performance postée plus haut, c’est qu’elle est par essence distordue par une bonne dose de biais du survivant.
Ce que je veux dire par là c’est que lorsque l’on regarde la courbe, on observe en fait un échantillon statistique biaisé puisque l’on se positionne en 2018, et que l’on sélectionne rétrospectivement les meilleures sociétés du passé (on ne conserve donc que celles qui n’ont pas coupé leurs dividendes et on oublie celles qui ont connu des incidents de parcours).
Plusieurs rois du dividendes ont perdu leur couronne en chemin (particulièrement durant la crise de 2008) et ont de ce fait été exclus de la liste, ce qui donne une performance légèrement biaisée et probablement trop optimiste. Ceci étant dit la majorité des sociétés qui avaient le statut de « Roi du dividende » pré 2008 le sont restés par la suite (l’indice n’est donc pas non plus une totale abstraction).
Ce que je veux dire ici c’est qu’il faut ne faut pas se contenter de réaliser une analyse passée d’une société si vous souhaitez y investir, il faut aussi s’assurer que ses moteurs de croissance sont toujours en place pour le futur afin d’éviter de se retrouver avec un ex champion qui arrive en fait en fin de parcours.
2/ Le problème de la taille
Il est bien connu en bourse qu’il est généralement plus facile d’avoir une croissance explosive lorsqu’une entreprise est de taille modeste plutôt qu’une fois qu’elle a atteint sa « masse critique » et qu’elle a touché l’essentiel de son marché.
C’est pour cette raison qu’il faut probablement s’attendre à une croissance beaucoup moins explosive à l’avenir pour certaines de ces sociétés que celle qu’elles ont pu connaitre par le passé (encore une fois, seule une étude approfondie de chaque société peut aider à y voir plus clair sur ce point).
Si vous voulez un exemple concret : depuis le début des années 2000 la croissance de Tootsie Rolls Industries est grosso modo au point mort, et n’a plus rien à voir avec celle que la société avait pu connaitre dans les années 1980.
3/ Le problème du « risk premium »
Vous le savez sans doute : la bourse rémunère les investisseurs parce qu’ils prennent des risques (calculés). Si le niveau de risque perçu par le marché sur un investissement devient trop faible, vous le paierez sans doute très cher et le rendement (en terme de dividende versé) sera mauvais.
Pour illustrer ce phénomène de manière plus concrète, je fais souvent le parallèle avec les logements parisiens : un appartement bien placé à Paris sera virtuellement toujours loué ou presque (son niveau de risque sera donc faible) mais son prix sera ridiculement haut, et vous ne pourrez guère espérer toucher plus de 2% de loyers nets dans un bon quartier.

Le même phénomène peut survenir en bourse sur les sociétés dont le niveau de risque perçu par le marché est excessivement faible. Par exemple, l’action Tootsie Rolls évoquée au dessus paie un dividende de 1.2% ce qui est vraiment faible, et il est rare de pouvoir espérer plus de 2 ou 3% de dividendes actuellement sur ces sociétés parmi celles dont les fondamentaux sont sains.
C’est pour cela qu’il peut souvent être bon d’élargir son périmètre de recherche à des listes plus larges (et qui contiennent peut être des actions avec un historique de dividende un peu moins long, mais un peu plus élevé et/ou de meilleures perspectives de croissance).
C’est pour cette raison que personnellement je ne détiens à ce jour qu’une seule société parmi les 25 rois du dividende présentés ci-dessus (vous retrouverez plus d’informations sur mes méthodes dans mon article « gagner en bourse avec les dividendes« ).
Ceci étant dit la récente correction de marché a ramené quelques uns de ces titres sur des niveaux qui pourraient potentiellement représenter des points d’achats intéressants dans les semaines et les mois à venir.
Conclusion
Les Rois du dividende peuvent être une bonne première base si vous cherchez une liste de sociétés réduite avec de solides business model et une grande sureté du dividende.
Cependant n’hésitez pas à élargir votre horizon de recherche, et gardez toujours en tête que les performances passées d’un investissement ne seront pas toujours le reflet de ses performances futures.
(P.S : Et si cette liste vous a intéressé et que vous voulez plus d’idées d’actions à dividendes, n’hésitez pas à jeter un œil en complément à la liste complète des 60 dividend aristocrats américains!)
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