En ce moment c’est la saison des résultats en bourse, une période idéale pour trouver des actions à fort potentiel sur les marchés! En effet, ces périodes débouchent souvent sur de gros mouvements (à la hausse ou à la baisse), qui peuvent être synonymes d’opportunité.
Pour mieux comprendre ce qu’il convient de faire pendant la saison des résultats (et comment trouver de bonnes idées d’investissement durant ces périodes particulières), nous allons faire un zoom sur un concept qui peut être très utile pour un investisseur et qui est pourtant largement méconnu : le « cockroach effect »
Ce que nous verrons dans cet article :
- Ce qu’est le « cockroach effect » en bourse
- Comment prendre de meilleures décisions d’investissement pendant la saison des résultats
- Quand acheter (et quand ne pas acheter) un titre qui a chuté suite à une mauvaise publication
Table of Contents
Qu’est-ce que le « cockroach effect »?
Le contexte (définition)
Tout d’abord (si jamais vous n’êtes pas un aficionado de la langue de Shakespeare), il faut savoir que le mot « cockroach » désigne en fait ces petites bêtes :
Et derrière le terme de « cockroach effect » se cache en fait (vous vous en doutez) une habile métaphore.
L’idée est la suivante : si vous avez déjà trouvé un cafard chez vous, vous avez généralement de bonnes chances d’en trouver plusieurs autres derrière. Ce qui nous conduit à la signification boursière de l’expression.
Le « cockroach effect » en bourse
Le « cockroach effect » est une expression utilisée en bourse pour désigner la tendance des surprises sur les résultats des entreprises (positives ou négatives) à être suivies de plusieurs autres surprises dans la même direction (que ce soit sur une société ou sur un secteur dans son ensemble). Je m’explique.
-Lorsqu’une société publie soudainement des résultats très positifs (et non anticipés, qui vont donc surprendre favorablement le marché), il existe une probabilité plus forte que la moyenne que cette entreprise continue à surprendre favorablement plusieurs fois au cours des trimestres suivants.
-Inversement si une société publie des résultats boursiers très négatifs et non anticipés par le marché, on considère que les chances sont plus élevées que la société continue de surprendre défavorablement au cours des trimestres suivants.
Les périodes de publications de résultats sont donc un moment idéal pour partir à la chasse aux opportunités boursières et aux actions à fort potentiel.
Quelques précisions et nuances
Le terme de « cockroach effect » peut être utilisé pour désigner plusieurs surprises dans la même direction sur une action en particulier, ou bien sur un secteur dans son ensemble (par exemple nous avons eu un « cockroach effect » de mauvaises surprises sur le secteur technologique récemment, avec Facebook, Twitter, Shopify et Netflix qui ont toutes publiées des résultats décevants de manière quasi simultanée à quelques jours près).
Il faut savoir également que le phénomène a été testé académiquement et qu’il y a bien ce que l’on appelle de « l’autocorrelation » au niveau des surprises sur les résultats : il ne s’agit donc pas une légende urbaine mais bien une réalité mathématique (qui n’est cependant pas toujours simple à exploiter comme nous le verrons plus loin).
2 exemples concrets de « cockroach effect »
Étudions le cas de deux titres : l’action française BIC (que vous connaissez probablement), et l’action américaine WW Grainger. Tous deux sont des champions du dividendes, donc des sociétés qui font théoriquement parti de mon univers d’investissement potentiel.
Sur les graphiques suivants, je vous ai surligné en jaune les dates de publication de résultats.
L’action BIC :
L’action WW Grainger :
Comme vous pouvez le voir ici, les surprises sur les résultats peuvent constituer de puissants catalyseurs à l’origine de tendances fortes et durables (haussières ou baissières) sur une action.
Cela veut-il dire que vous devez vendre automatiquement toute société qui déçoit sur les résultats et acheter toute société qui fait un bond de +20% lorsqu’elle publie?
Malheureusement (vous vous en doutez), les choses ne sont pas aussi simples.
Trouver des actions à fort potentiel avec le « cockroach effect »
Il faut savoir que dans les faits, il est extrêmement difficile de mesurer l’ampleur d’une « surprise » sur une publication de résultats (et vous assisterez souvent à toutes sortes de choses étranges autour de ces périodes).
- Parfois des sociétés battront le consensus et chuteront malgré tout sans raison apparente (ce fut le cas de 3M company lors de sa dernière publication par exemple, qui a chuté de -5% à l’ouverture avant de finalement clôturer positive)
- Parfois des entreprises publieront des résultats très mauvais (mais un peu moins mauvais qu’anticipés) et le cours de l’action connaitra paradoxalement un rallye haussier très fort.
Il faut savoir également une autre chose importante : si une surprise sur les résultats est due à un facteur isolé, elle ne débouchera probablement pas sur un « cockroach effect » soutenu.
Par exemple, si une société connait un trimestre excellent pour des causes qui sont fondamentalement non reproductibles et non liées à son business model (un bénéfice exceptionnel lié à une grosse affaire qui ne se reproduira pas, une variation ponctuelle du taux de change en faveur de la société, etc).
ll ne faut donc pas seulement reconnaitre qu’il y a surprise, il faut également enquêter sur les causes qui l’ont engendré (et s’assurer qu’elles ont de bonnes chances d’être reproductibles ou d’avoir un impact durable sur la profitabilité de la société).
Tout cela pour vous dire que si le « cockroach effect » est un phénomène reconnu, ce n’est pas pour cela qu’il est simple pour autant d’en tirer profit, et trouver des actions à fort potentiel avec cette méthode nécessitera que vous ayez une bonne compréhension du business model de l’entreprise étudiée.
Savoir mettre les chances de son coté
Là où le « cockroach effect » peut être utile, c’est justement qu’avoir connaissance de ce phénomène peut vous éviter de vous retrouver à être le « pigeon » (entre guillemets) qui va acheter un titre qui vient de chuter de -20% suite à une publication de résultats désastreuse en pensant que c’est une bonne opportunité.
D’après les messages que j’ai pu recevoir au cours de ces dernières semaines, beaucoup de gens semblent convaincus qu’une grosse chute de cours suite à de mauvais résultats constitue nécessairement une bonne opportunité d’achat. Dans les faits les probabilités nous disent le contraire.
Une société qui déçoit a statistiquement plus de chances de décevoir durant les publications suivantes, et une société qui surprend favorablement le marché a plus de chances de continuer à le surprendre (et ce même si l’action a fait un bond en avant significatif lors de l’annonce de la nouvelle).
Pourtant (paradoxalement) la majorité des gens achèteront le titre qui a surpris négativement car il semble peu cher, et n’achèteront pas la société de meilleure qualité sous prétexte qu’elle est déjà « trop montée ».
Faut-il toujours de tenir à l’écart des surprises négatives?
Il existe à mon sens un seul cas de figure qui peut justifier un achat suite à une mauvaise publication : acheter une société globalement robuste qui déçoit pour des causes temporaires.
Si vous voyez une société (usuellement de bonne qualité) qui poste un trimestre désastreux, faites toujours des recherches supplémentaires pour essayer d’en connaitre les raisons.
- Si vous trouvez que les causes sont fondamentalement non reproductibles (exemple : frais de justice suite à un procès qui est maintenant terminé, problème majeur avec un fournisseur qui est désormais résolu, etc…), et que le marché a massacré le cours du titre de manière excessive, vous tenez peut être une action à fort potentiel.
- Si en revanche les mauvais chiffres sont dûs à des facteurs plus récurrents et structurels (faiblesse des ventes, baisse de la demande, nouveau produit qui n’a pas marché comme prévu, frais supplémentaires qui vont continuer de peser sur les trimestres suivants), attention.
Et bien entendu si vous voulez réduire les risques au minimum : concentrez-vous sur les entreprises qui surprennent positivement le marché plutôt que d’essayer de rattraper les couteaux qui tombent.
Ce qui est peu cher a souvent de très bonnes raisons de l’être, et savoir faire la différence entre un piège et une action à fort potentiel (surtout en période de résultats) peut parfois demander un haut niveau d’expertise boursière.
Conclusion
Il existe de nombreux phénomènes contre intuitifs en bourse, et le « cockroach effect » est l’un d’entre eux.
Si cet article vous a intéressé et que vous souhaitez avoir plus d’informations de ce genre (organisées en une méthode d’investissement concrète et applicable), pensez à la formation du site (elle vous permettra d’éviter les erreurs coûteuses et de mettre toutes les chances de votre coté).
Dans l’intervalle je vous dis à très bientôt, et je vous souhaite une bonne suite de saison des résultats!
Michel de Trading-Attitude says
Bonjour, merci pour cet excellent article sur cet effet. Perso je préfère ne pas me poser de questions. Je profite de l’effet momentum. C’est à dire acheter ce qui monte fort. Mais j’ai pu constater auprès de mes élèves que c’est psychologiquement dur. On a tous tendance à acheter ce qui est bas. Les gains sont plus importants quand on ne se trompe pas. Le problème c’est que c’est beaucoup plus technique (je ne pratique que l’analyse technique car c’est la seule technique qui fonctionne sur actions, forex, futures, cryptos, …) qu’acheter ce qui monte. On se trompe beaucoup plus souvent. Ou, tout du moins, il y a plus de choses à regarder.
Ma technique de Cohérence peut être utilisé au départ d’une remontée. Mais là encore, c’est plus compliqué de trouver les bonnes actions. Seule exception c’est quand on suit quelques actions. Là, il est très facile de détecter quand elle va monter ou baisser.
KOUASSI says
Très pertinent
Kevin says
C’est vrai qu’il y a quelque chose de contre intuitif dans cette tendance… Est-ce que c’est quelque chose à prendre en compte pour un investisseur qui pense long terme ? Notre décision d’achat ne doit-elle pas être motivée simplement par la différence entre prix et valeur intrinsèque ? Merci pour cet article très intéressant !
Pierre says
Bonjour Kevin,
Effectivement pour l’écart valeur intrinsèque/valeur de marché, cependant une série de chocs négatifs sur les résultats peut parfois conduire les fondamentaux d’une entreprise à rejoindre leur valeur de marché (dégradation graduelle des perspectives, etc…).
Egalement dans le cadre d’une recherche d’opportunités potentielles sur des valeurs sous évaluées, mettre de coté celles qui ont connu une série de chocs négatifs au niveau de leurs résultats récents permet de limiter les risques et d’éviter de se retrouver à « rattraper des couteaux qui tombent » (pour reprendre une expression boursière populaire) ;
Cdt