Il est impossible de savoir précisément où iront les marchés financiers dans le futur. Néanmoins il est toujours possible, en investissement comme au poker, de mettre les probabilités de son coté pour gagner à long terme.
En fait, il existe des statisticiens dont le travail à temps plein est justement de disséquer des décennies et des décennies de cours de bourse pour essayer de trouver « des anomalies robustes et statistiquement significatives » : c’est à dire, des données qui permettent de gagner de l’argent. Et ils en ont trouvé.
Mieux encore, bien qu’elles soient bien connues dans le secteur financier et dument recherchées par les académiques : ces anomalies continuent malgré tout de fonctionner. Je vais vous en présenter une aujourd’hui qui vous aidera à déterminer quel est le meilleur moment pour investir en bourse (ou renforcer vos positions si vous avez déjà de l’argent placé).
Cette stratégie est surnommée la « Stratégie Halloween ».
Halloween, le meilleur moment pour investir en bourse?
L’étude des rendements boursiers mensuels à travers les années a fait ressortir d’étranges récurrences. Il semble que certains mois boursiers offrent des rendements meilleurs que les autres. Mieux encore cela se produit avec suffisamment de constance pour que l’on puisse en tirer profit.
Voici une petite analyse réalisée par LPL research illustrant les rendements mensuels des actions américaines entre 1950 et 2015 :
Que peut-on constater ici? Et bien il semble que certains mois aient tendance à offrir des rendements boursiers régulièrement supérieurs à la moyenne (décembre, mars, avril par exemple) tandis que d’autres offrent en moyenne des rendements plus faibles, voire négatifs (août, septembre).
Est-il possible d’utiliser ces données pour déterminer le meilleur moment pour investir et bâtir une stratégie profitable?
Il semblerait que oui. Voici maintenant un tableau des rendements boursiers du S&P 500 par tranches de 6 mois :
La colonne de gauche représente le rendement moyen sur la période, celle de droite le pourcentage du temps ou l’indice action américain a terminé plus haut au terme de la période étudiée.
Comme vous pouvez le voir, les résultats sont cohérents avec ceux de l’étude des rendements mensuels postés ci dessus et la meilleure période pour investir se situe entre Novembre et Avril avec des gains moyens de 7.1% et des actions qui terminent plus haut 77% du temps entre ces deux mois. C’est logique car cette période inclut les rendements mensuels de novembre, décembre, avril et mars qui sont historiquement les plus élevés et exclut les mois faibles.
Inversement, la période située entre début Mai et fin Octobre est historiquement la pire de l’année avec un rendement moyen de 1.4% et des actions qui ne finissent plus haut que 62% du temps, confirmant ainsi le célèbre proverbe boursier anglophone du « Sell in may and go away ». Il reste à noter que même durant la pire période boursière de l’année, la moyenne des rendements à long terme reste malgré tout positive.
Ces effets de saisonnalité récurrents ont donnés naissance à une stratégie simple que nos amis américains surnomment « The Halloween Strategy« , car elle consiste tout simplement à acheter ses actions le jour d’Halloween et à les revendre le dernier jour du mois d’avril, profitant ainsi de la meilleure période boursière tout en évitant la pire.
Les rendements sur la période Mai/Septembre étant en moyenne très faibles, l’argent est généralement placé sur d’autres supports plus rentables.
Comment tirer profit de cette saisonnalité?
Pour un investisseur de long terme ou en actions à dividendes croissants, acheter et revendre est une très mauvaise idée puisque vous serez taxés sur vos plus values, perdrez de l’argent en frais de courtage et ne bénéficierez pas des intérêts composés, rendant probablement la stratégie plus couteuse que rentable à long terme.
Néanmoins ces informations peuvent être précieuses pour déterminer deux choses :
- La période à laquelle vous créerez votre portefeuille boursier : si vous avez en projet d’investir dans le futur mais que vous n’avez pas encore défini quand exactement vous allez passer à l’action, il peut être intéressant d’éviter de le faire en Mai.
- Quand il sera plus judicieux de renforcer vos positions : de la même manière, si vous avez du cash disponible pour acheter des actions au tout début du mois de Mai et que le marché n’a pas l’air spécialement robuste, il peut être judicieux d’attendre un peu.
Un investisseur qui utilise des trackers pour investir peut également très simplement tirer profit de cet effet de saisonnalité en achetant un tracker sur actions sur les 6 meilleurs mois et en passant sur un tracker sur obligations les 6 mois qui suivent (cette stratégie a très bien fonctionné durant les décennies passées).
Nuance importante : cette étude ne signifie pas que vous devez ignorer systématiquement toutes les bonnes opportunités boursières susceptibles de se présenter au mois de Mai, puisque les retours boursiers sont en moyenne positifs sur toutes les périodes.
Néanmoins cet effet de saisonnalité constitue l’un des nombreux facteurs que je garde dans un coin de ma tête pour investir, et peut aider à avoir une confiance accrue dans ses achats lorsque l’on voit des marchés qui commencent à monter en novembre, et à ne pas paniquer si l’on se retrouve avec des retours boursiers plus faibles que la moyenne durant la période estivale.
Cette étude permet également de voir que les rendements boursiers sont en moyenne plutôt bons durant les débuts d’année, particulièrement sur la période de janvier à fin avril ; donc si vous avez manqué halloween, pas de panique, vous avez encore quelques mois pour profiter au maximum de ces effets de saisonnalité!
Salut,
Super article. Je ne connaissais pas cette stratégie, bien que je n’ai pas trouvé d’opportunité d’investissement en ce début de mois de janvier ( surement à cause des suites de l’élections de Donald trump qui fait que la plupart des actions sont surévalué) je resterais à l’affût du moindre mouvement de baisse qui se présente et garderais cette stratégie dans un coin de ma tête.
Salut Yoann, merci pour ton commentaire!
C’est vrai que l’effet trump a beaucoup boosté les marchés en fin d’année (on a d’ailleurs grâce à cela bien respecté les effets de saisonnalité habituels de novembre et décembre). On va voir si le début de l’année 2017 continue sur la même lancée!
Sell in may and go away…
L’adage traduit en chiffre!
Ce serait super de savoir pourquoi! La psychologie des acheteurs peu être. Tout le monde achète en début d’année, arbitre au printemps, ne réfléchit pas sous le soleil de l’été et redevient rationnel à approche des fêtes???
Bonjour Fabrice!
En fait il y a des études vraiment très intéressantes en économie comportementale sur ce sujet qui établissent une corrélation entre la longueur des journées, la période de l’année et la psychologie des investisseurs. Il semblerait que le temps de lumière dans la journée influence la psychologie des acheteurs (ils vont très loin dans leurs études!).
Il y a également 2 autres effets qui jouent : la période de juin à juillet fait que beaucoup de gérants et de banques sont en vacances, donc il y a moins de « gros » acheteurs pour pousser le marché et celui ci est plus faible. Et la fin de l’année est une période où les investisseurs commencent à se positionner pour la nouvelle année, ce qui leur donne généralement un regain d’optimisme et déclencherait l’habituel « rallye de fin d’année ».
Bien sur ce ne sont que des théories pour tenter d’expliquer le phénomène mais c’est intéressant!
Oui les gens dépensent moins en hiver donc les actions sont plus attractives ainsi que les dividendes et ils dépensent plus en été donc les actions gonflent et les dividendes baissent.
Bonjour Pierre,
Cela peut être intéressant à condition de retenir qu’il s’agit peut-être (sans doute ?) d’un hasard statistique qui, lorsqu’il a été publié s’est transformé en un effet d’ancrage (https://www.youtube.com/watch?v=fxTxU0Echq8) imaginant un résultat similaire dans un futur imaginé.
Car on ne peut qu’imaginer le futur (une prédiction est imaginaire).
Ce que nous vivons n’est pas le futur mais toujours le présent.
N’oublions donc pas de regarder ce qui se passe maintenant sans essayer de trop imaginer ce que serait plus tard.
Tant qu‘une foule est hypnotisée par la croyance de l’effet Halloween, ça fonctionne 🙂.
Mais un seul mouton qui part en courant sans raison peut faire courir tout un troupeau.
Je n’arrive pas à savoir s’il s’agit de moyennes ou de médianes sur le graphe (les eux seraient intéressantes). Et il n’y a pas d’écart type sur le graphe. C’est dommage. Peut-être le message serait alors moins convaincant ?
Cordialement.
Bonjour Gael,
C’est toujours possible en effet, mais il y a eu plusieurs études qui ont jugé cet effet comme « statistiquement robuste » à travers les périodes testées, et il y a aussi eu des tentatives d’attribution à des phénomènes de marché concrets (arbitrages des gérants en fin d’année comptable par exemple).
Cela dit une part de mystère demeure quand à la robustesse future du phénomène en effet, maintenant qu’il est bien documenté.
De mémoire je pense qu’il s’agissait de moyennes pour les études ; Cdt