Cela ne vous aura peut être pas échappé (j’en ai parlé cette semaine sur Twitter et Facebook si vous suivez les pages), mais plusieurs géants de l’industrie alimentaire (dont Coca-Cola) ont chuté en bourse cette semaine.
Dont plusieurs titres qui ont le prestigieux statut boursier de Dividend Aristocrats et de Rois du Dividendes… et ont donc tendance d’habitude à être plutôt moins volatils que la moyenne!
Que s’est-il passé? Je vous propose de voir cela plus en détails ici.
(La raison était aussi étrange que difficile à déterminer, aussi je propose de revenir là dessus cette semaine, car plusieurs m’ont posé la question!)
1/ Une Chute Générale du Secteur
Comme je l’avais évoqué sur les réseaux un peu plus tôt dans la semaine : de nombreuses valeurs pourtant considérées comme « défensives » du secteur de la consommation ont chuté vite et fort dernièrement. Quelques exemples (non exhaustifs) :
Coca-Cola :
Pepsi :
Mais aussi Mc Donald’s :
Il serait trop long de vous faire ici une liste complète, mais si vous êtes plutôt « valeurs de croissance« , vous pouvez aussi regarder du coté de Monster Beverage.
Que s’est-il passé alors pour qu’autant de valeurs se retrouvent « plombées » en même temps?
L’origine de tout cela est apparemment un commentaire du CEO de Walmart… sur un médicament.
2/ Les Raisons de la Chute
Après quelques recherches, il s’avère que la raison de cette baisse soudaine de plusieurs valeurs orientées agroalimentaire serait liée… aux premiers résultats d’un médicament « miracle » qui fait maigrir (l’Ozempic)!
Comment donc?
Via un effet « coupe-faim » puissant qui « ferait acheter moins de nourriture » :
Au delà de la méthodologie et de l’éthique quelque peu questionnable de comment Walmart a récolté ces données, il semble que ce soit cette rumeur, et les craintes liées à un ralentissement de la consommation future qui aient été le point de départ du « Sell-off » boursier qui a touché Coca-Cola, Pepsi, McDonald’s, et bien d’autres…
Voyez plutôt :
Alors, craintes justifiées? Ou Surréaction?
Je vous propose un avis (personnel ici) dans le point suivant.
3/ Chute de Coca (et ses pairs) : Risque ou Opportunité?
Le mythe de « la pilule qui fait maigrir » est à mon sens aussi vieux que celui du système qui fait gagner de l’argent en dormant, ou de la ceinture qui fait gagner du muscle « sans efforts« .
Je ne suis pas pharmacien ou docteur, mais pour le moment, il semble que depuis des décennies (et malgré le fait que nous ayons résolu des problèmes plus complexes dans l’intervalle) : certains domaines « de base » nous résistent encore. La perte de poids en fait partie.
Voyez plutôt les tendances projetées par l’OCDE d’ici 2030 :
Si les données montrées par ce nouveau médicament semblent prometteuses, il en demeure que jusqu’à présent et jusqu’à preuve du contraire, tous les raccourcis « magiques » que nous avons essayé de mettre en place sur la perte de poids n’ont jamais fonctionné.
(Ou du moins pas suffisamment à l’échelle globale pour endiguer ces tendances…)
Si vous voulez mon avis personnel sur la question : c’est en partie parce que le problème semble toujours attaqué sur un ou deux front (comme ici sur le point de la réduction de l’appétit), alors qu’il est à mon sens plus complexe, et multifactoriel.
Les raisons qui poussent quelqu’un à acheter un pack de 6, que ce soit du Coca-Cola ou de la bière (alors qu’il sait qu’il ne devrait pas) après une semaine de travail éprouvante sont un peu plus complexes à mon sens, qu’une simple question d’appétit…
Vous avez mon opinion, maintenant, voyons ce que nous disent les chiffres.
Quelques projections chiffrées
Voici l’impact anticipé sur la population de ces nouveaux produits selon Morgan Stanley :
(Passons au passage les considérations d’ordre éthique pour ce qui est de la question de mettre 7% de la population d’un pays sous médicament, ainsi que sur l’aspect « futurologie » qu’implique nécessairement l’idée de faire des projections.)
Vous vous retrouvez avec 93% de la population non impacté par cette nouvelle, et 7% de la population qui aura un impacté jugé questionnable… mais d’environ -30% de la dépense calorique.
Et tout cela laisse pour le moment de coté la question des potentiels effets secondaires du médicament, dans le cas d’une adoption « de masse » du traitement.
Tout cela me semble un peu excessif pour dire qu’un secteur sera « lourdement impacté ».
Il me semble que si cette news a été l’élément « déclencheur », il y a bien d’autres raisons qui ont entrainé ce sell-off important sur le secteur. Le premier étant que le secteur était simplement devenu très richement valorisé en bourse dernièrement, ce qui le rendait exposé à une correction potentielle.
(P.S : Pour plus sur le sujet de la valorisation en bourse, je vous renvoie à la formation du site).
Gardez en tête que comme le dit Howard Marks : sur les secteurs gonflés d’optimisme, il n’en faut généralement pas beaucoup pour entrainer une grosse correction (et inversement sur ceux gonflés de pessimisme : il en faut parfois peu pour entrainer une réévaluation du titre).
Conclusion
J’espère avoir pu apporter quelques éclaircissements à travers cet article sur les raisons de la chute de Coca-Cola en bourse (et du reste de son secteur).
Je tiens à mentionner bien entendu que, n’étant pas professionnel médical, je pourrai très bien sous estimer l’impact de ce nouveau médicament (pharmaciens et docteurs, n’hésitez pas à vous exprimer dans les commentaires!).
Mais même si cela était révolutionnaire, comme dans le cas des groupes pétroliers jugés comme « morts » il y a quelque temps en bourse : il me semble que les gens ont tendance à sous estimer la résilience, et la capacité d’adaptation de ces grands groupes.
Et que ce brutal décrochage était plus une correction liée à de trop riches valorisations pour des valeurs de rendement dans un environnement de taux élevés qu’à une quelconque menace concrète.
En tous cas, la thèse médicament me semble ici un peu légère.
Autant de raisons à mon sens ici pour remettre les titres opérant dans ces secteurs sur vos « watchlists » suite au décrochage actuel (tout en gardant en tête que l’environnement de taux leur est assez peu favorable pour l’instant).
Michel de Trading Attitude says
Bonjour, surprenant comme raison, effectivement. Mais les marchés sont aussi par endroit en berne. On a l’exemple du secteur du luxe en france.
Gael says
Bonjour Pierre,
Coca-Cola se paye cher quand même : le rendement (BNA/cours) est de 4,7%.
La société utilise 70% de ses bénéfices pour verser un dividende dont le rendement est de 3,5%, ce qui est bien en dessous de l’inflation actuelle.
La progression du rendement du dividende est de 4% par an environ, ce qui, de nouveau, est en dessous de l’inflation actuelle.
S’ajoute à cela la Flax Tax qui réduit encore la performance.
Il est clair que tant que les taux restent à 4 ou 5%, cela ne rend pas du tout attractif Coca-Cola, surtout s’il s’agit de la rentrer maintenant en portefeuille. À moins d’être très riche.
Rien à voir : sur Facebook vos posts concernant la chute de LVMH sont assez taquin. Cela peut donner l’impression que vous n’aimez pas cette société, ce qui n’est pas le cas. L’explication la plus simple est que je dois mal interpréter et/ou comprendre vos posts 🤗.
Cordialement.
Pierre says
Bonjour Gaël,
Pour ce qui est de LVMH, la raison des posts « taquins » est que la société est devenue excessivement populaire sur les réseaux sociaux suite à ses multiples années de surperformance (en particulier sur twitter).
Et comme c’est presque toujours le cas : elle a commencé à corriger depuis ce pic de popularité. L’irone dans les posts est que les nouveaux arrivants ont tendance à extrapoler la surperformance des années précédentes dans le futur, ce qui comme je l’avais expliqué dans cette vidéo a plus de chances de ne pas arriver que de se reproduire : https://www.youtube.com/watch?v=xcNz2zCSFas .
Je pense donc toujours que LVMH est en soi une bonne société, mais que ceux qui rentrent maintenant en espérant avoir les retours annuels >25% de ces dernières années vont être amèrement déçus (ceci et la popularité est rarement facteur de bonnes performances à moyen terme en bourse) ;
En espérant avoir pu clarifier un peu l’ambiguité sur LVMH ;
Cdt
Gael says
Bonjour Pierre,
C’est très clair;
Merci.
Cordialement.
Gael says
Je suis chercheur.
Le problème de l’obésité est très complexe. Ce n’est pas la première fois qu’est annoncé le remède miracle.
Je pense donc que ça aidera certaines personnes mais que ça ne réglera pas le problème.
De plus il ne faut pas oublié que Coca-Cola vend des boissons avec « zéro sucre ».
Michel de Trading Attitude says
Bonjour, je pense que ces actions baissent comme d’autres, dans le luxe baissent. Elles finiront par se retourner, effectivement, ce n’est pas la première fois qu’il y a de tels « remèdes ». En fait le problème de l’obésité est très simple. Moi je suis toruveur 🙂 Cela a été amplement décrit dans « Good calories, bad calories » par exemple. Si tu veux mincir, tu suis le contraire des recommandations des diététicien et des gouvernements. Tu arrêtes de manger le matin et tu arrêtes de manger des hydrates de carbones (en fait, pas plus de 8% en terme de calories ou de poids, je ne sais plus). Après avoir stoppé les produits industriels et les huiles fortes en oméga 6. J’ai tout testé, c’est ce qui marche le mieux. Par contre ce remède rendra les gens encore plus malades. Il faut donc acheter des actions du secteur « santé ».
Gael says
Bonjour,
Penser qu’il y a des bonnes et des mauvaises calories n’a pas de sens.
Au sens physique une calorie est une calorie.
Penser à d’où vient chaque calorie que notre organisme produit est plus intéressant.
Le problème de l’obésité est effectivement simple : c’est l’accès à profusion au sucre.
Nos ancêtres avaient peu accès au sucre voire pas du tout.
Nos organismes sont donc programmer pour le stocker afin de faire face à des périodes de manque de nourriture.
Maintenant que le sucre ne coute rien et qu’on peut en avoir sans limite (En plus il est clairement démontré que le sucre provoque une addiction) la capacité de stockage de l’organisme est débordée : il fabrique du gras à partir du sucre.
Le gras pose moins de problème (sauf s’il s’ajoute aux sucres).
Une personne qui ne mangerait que du gras et des protéines et qui se priverait totalement des sucres simples et composés maigrirait (mais son haleine sentirait l’acétone).
Gael says
Plus les humains sont nombreux et plus ils consomment des boissons. Au delà de ce « problème » d’obésité se pose la question de la diminution de la démographie mondiale qui pourrait se produire bien plus vite que prévu.
L’inflation a encore de longs jours devant elle : bien que faisant sans doute le yoyo à un rythme plus ou moins régulier, l’inflation aura une tendance toujours haussière sur le long terme. Jusqu’au moment où il n’y aura plus assez de personnes, plus assez d’énergie, plus assez de ressource,s et trop d’imprévus liés à tout ces changements.