La question de quand acheter des actions en bourse est un problème complexe qui a fait couler beaucoup d’encre, que ce soit chez les apprentis traders ou chez les doctorants en finance. C’est compréhensible : qui n’aimerait pas acheter ses actions au plus bas et les revendre au plus haut pour réaliser un profit maximum à chaque fois? Le problème c’est que des études sérieuses ont prouvé que c’était là un exercice extrêmement difficile, voire même franchement impossible.
Alors possible, pas possible? C’est ce que nous allons voir dans cet article en revenant sur les conclusions des travaux de recherche de non pas un, mais deux prix nobels d’économie. Mais commençons tout d’abord par un rapide tour d’horizon des méthodes habituellement utilisées pour essayer de prévoir les cours de la bourse.
Prévoir les cours de la bourse, c’est vraiment possible?
La plupart des spéculateurs qui essaient de prévoir les cours de la bourse à court et moyen terme se basent sur des indicateurs boursiers (ce sont ces courbes présentes sur ou sous les graphiques de bourse comme ceci) :
Le soucis, c’est qu’aucune étude universitaire sérieuse n’a pu démontrer le pouvoir prédictif de ces indicateurs.A vrai dire c’est même plutôt l’inverse.
La plupart des études effectuées sur ces indicateurs ont prouvé qu’ils ne servaient strictement à rien. Si vous ne me croyez pas, je vous invite à lire le papier de recherche intitulé « Technical Analysis around the world » de Marshall, Cahan et Cahan, qui est surement l’étude la plus complète réalisée à ce jour sur le sujet. Je vous fais la version résumée : ils ont testé informatiquement, non pas 10, non pas 100 mais pas moins de 5000 de ces indicateurs à travers 49 marchés différents et en ont conclu… qu’il était absolument impossible de gagner de l’argent avec de manière fiable à long terme. Soyez donc vigilant la prochaine fois que quelqu’un essaiera de vous vendre un indicateur miracle, il a été prouvé scientifiquement que cela ne vous aidera pas (et puis si cela marchait réellement, pourquoi vous le vendrait-il?).
Mais alors que faire?
Et bien il s’avère que ces mêmes universitaires, qui ont prouvé que les indicateurs miracles ne fonctionnaient pas, ont aussi trouvé des choses qui fonctionnent (enfin pas directement ceux qui ont écrit cet article, mais d’autres universitaires, et des prix nobels avec ça!). Attention, il ne s’agit pas là d’une boule de cristal qui vous donne raison 100% du temps et qui vous dira exactement quand acheter, mais il s’agit d’un outil qui permet d’avoir approximativement raison ce qui est déjà très bien (car comme le dit Warren Buffet, mieux vaut avoir approximativement raison que précisément tord). Mieux encore, c’est une méthode qui repose à la fois sur le bon sens et sur les mathématiques, ce qui est une combinaison appréciable.
Comment savoir quand acheter ses actions?
En plus de se renseigner sur l’environnement économique global, il est possible de savoir très simplement si la période est propice à l’achat d’actions ou non. Vous êtes prêt pour la grande révélation? Il vous suffit de regarder le rendement que vous paie le marché action actuellement. Si il est fort, vous avez toutes les chances que l’achat d’actions soit intéressant. Si il est faible, il est probable que ce soit une mauvaise idée.
Vous vous dites que cela semble élémentaire? Oui et Non. En finance, le rendement rémunère un risque. Ce qui veut dire que lorsque les actions vous paient un rendement élevé, les médias et les banquiers essaieront probablement de vous dissuader d’acheter, évoqueront des scénarios de fin du monde, et l’économie sera ou semblera être très mauvaise. C’est là que vous devrez laisser votre intuition et vos sentiments de coté et vous baser sur des données objectives, car paradoxalement ce sera probablement le meilleur moment pour acheter.
Pour vous convaincre, voici un graphique illustrant la relation entre le rendement du marché action dans son ensemble et les gains réalisés les 10 années suivantes entre 1926 et aujourd’hui :
Comme vous pouvez le voir, plus on achète à une période ou le rendement est élevé, plus les retours dans les 10 années suivantes sont élevés, et plus on achète un rendement faible, plus les retours sont faibles. Cela a du sens car acheter un rendement faible signifie que l’on paie ses actions trop cher. Il y a donc un intérêt double à aller au plus rentable, et à payer ses actions le moins cher possible.
Donc très simplement si vous souhaitez savoir quand acheter : si les actions (et je parle ici du rendement de l’indice boursier dans son ensemble) vous paient moins de 2% de rendement, n’achetez pas. Si nous sommes entre 4 et 6% nous avons une opportunité intéressante, et au delà de 6%, c’est une opportunité rare.
Pour corroborer les conclusions de cette étude, voici un graphique illustrant la relation entre le niveau du ratio price/earnings et le niveau des retours attendus. Ce ratio rapporte le prix de l’action aux bénéfices réels de la société, il permet d’estimer si nous payons nos actions cher ou peu cher.
Comme vous pouvez le voir, la relation va dans la même direction. Une action peu chère (en dessous de 10 de PER) a un rendement plus élevée dans les 10 années qui suivent qu’une action chère (au dessus de 20 de PER). Combiner rendement de l’indice et PER vous permet donc d’estimer si vous pouvez vous attendre à des retours plutôt élevés sur les actions dans le futur ou a des rendement plutôt faibles.
Conclusion
Les résultats de ces études ont été confirmés par des prix nobels d’économie comme Eugene Fama et Robert Shiller, ils constituent une bonne base de prise de décision et vous permettront d’identifier les moments où il est le plus judicieux d’investir dans les actions. Lorsque le reste des investisseurs trembleront à l’idée d’investir dans des actifs « aussi risqués que les actions » en lisant les scénarios catastrophes publiés dans la presse financière, gardez un oeil sur les rendements que vous proposent les champions du dividendes et préparez sereinement votre futur investissement rentable!
Si vous avez trouvé cet article utile n’hésitez pas à le partager, à suivre le blog sur Facebook ou Twitter, ou à vous inscrire à la newsletter pour recevoir de nouveaux articles utiles directement dans votre boite à lettres!
Laisser un commentaire