Depuis 2 ans, les banques centrales impriment de l’argent massivement pour soutenir l’économie.
Malheureusement, loin d’aller uniquement dans les secteurs qui en ont besoin, ces excès de liquidités nourrissent également des bulles spéculatives massives.
Dans cet article, je vous propose de revenir sur 4 secteurs populaires qui ont explosé les performances des actions au cours de ces derniers mois… et vont probablement très mal finir!
Table of Contents
1/ Les NFTs
Je dois forcement commencer par cela, les NFTs étant de mon point de vue le pinacle de tout ce qui a pu se faire au cours de ces dernières années autour de la thématique de « vendre du vent« .
Qu’est-ce qu’un NFT?
NFT signifie « non fungible token » (jeton non fongible). Pour résumer un concept compliqué en quelques mots : les NFTs sont supposés être la dernière révolution du monde de l’art, en permettant de réclamer (et vérifier) la propriété de certaines « œuvres d’arts numériques » (et en fait, de plus ou moins quoi que ce soit de numérique).
Basiquement : c’est une sorte de certificat, qui dit que certains pixels (ou morceaux de code) sont à vous.
Et comme dans le cas des cryptomonnaies, on utilise une nouvelle technologie potentiellement utile à des fins totalement spéculatives, en y jetant à la pelle des tonnes de cash dans l’espoir de détenir « le prochain gros truc » (et bien entendu, on sait généralement comment cela fini).
Quelques exemples? Les « cryptokitties« , des chatons virtuels à collectionner qui ont réussi à lever 12 millions de dollars en l’espace de quelques mois, et les « cryptopunks« , des images en pixels à collectionner dont voici les dernières cotes :
La popularité des NFTs a explosé au cours de ces derniers mois, ce qui ne nous dit rien bon sur la vigueur générale sur sentiment spéculatif.
Croissance en volume des NFTs
Les NFTs, c’est un peu comme les cartes à collectionner que nous avions quand nous étions petits, sauf que cette fois-ci il n’y a même plus de support physique, puisque nous sommes 100% virtuels, et que les NFTs les plus populaires s’échangent beaucoup, beaucoup plus chers.
Mais en parlant de cartes à collectionner de notre enfance… cela me conduit au point suivant.
2/ Les cartes à collectionner
Depuis tout petit, j’ai toujours apprécié les cartes à collectionner (de « Pokémon » à la petite école, en passant par « Yu-Gi-Oh » au collège, puis « Magic, the Gathering » un peu plus tard), ce qui me permet de garder une vague connaissance du prix des cartes (qui ont toujours été plus ou moins des instruments de spéculation, et un hobby sympathique).
Cependant, comme dans le cas des autres instruments de cet article, au cours de ces dernières années : les choses ont eu tendance à devenir quelque peu « hors de contrôle ».
Saviez-vous qu’il existe des indices sur le secteur des cartes à collectionner? Et que le cours des cartes de collection a battu très largement les indices actions sur la dernière décennie :
Au cours de ces dernières semaines, vous pouviez littéralement ressentir le problème dans vos magasins locaux si jamais vous deviez faire un cadeau à votre petit cousin : il y avait une rupture de stock totale sur les cartes Pokémon, alimentée en grande partie par la spéculation, encouragée par certains Youtubeurs.
La même chose se produit (dans une moindre mesure) sur les deux autres gros jeux populaires que sont « Yu-Gi-Oh » et « Magic, the Gathering » : les cartes à jouer se vendent comme des petits pains, et leur cote explose.
3/ Les SPACs
Un « SPAC » (ou « Special Purpose Acquisition Company« ), est basiquement une société sans activité opérationnelle. Wikipedia lui même les définit comme « un coffre rempli d’argent dont on ignore encore l’utilité« .
Bien entendu, c’est un peu plus compliqué que cela dans les fait, mais les SPACs restent un excellent véhicule pour transférer l’essentiel des risques sur les porteurs de parts, tout en ne délivrant pas toujours.
Voici ce que Charlie Munger, associé de Warren Buffett à la tête de Berkshire Hathaway a dit lorsqu’on lui a demandé son avis sur les SPACS :
Pour étayer un peu plus ce point de vue, Munger explique que les SPACs sont selon lui un moyen idéal de contourner l’ensemble des vérifications que doit usuellement subir une société nouvellement introduite en bourse, et un très bon véhicule pour encaisser rapidement du cash en « abusant de la naïveté des investisseurs non professionnels« .
Il conclu par « je sais que cela finira mal, mais je ne peux pas vous dire exactement quand. »
Volume de croissance des SPACS
Comme pour les autres instruments de cet article : les avertissement de Munger n’empêchent pas le secteur d’exploser.
La popularité des SPACs a connu un pic au cours de ces dernières années, et ne semble pour le moment pas ralentir.
4/ Les « Shitcoins »
Si le secteur des cryptomonnaies dans son ensemble peut être sujet à débat question spéculation, au cours de ces derniers mois, la popularité des « shitcoins » (c’est à dire le fond du fond du panier du monde des cryptomonnaies) a littéralement explosé, avec en chef de file, le Doge, une cryptomonnaie littéralement crée comme étant « une blague ».
Et ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les créateurs du coin eux mêmes :
Cette blague autoproclamée n’a cependant pas arrêté les spéculateurs qui ont poussé la devise vers des niveaux de capitalisation astronomiques, encouragés par la frénésie collective, les influenceurs du web, et par les tweets d’un certain PDG qui semble actuellement plus soucieux d’envoyer le cours du Doge sur la lune que ses propres fusées.
Ceci au point que le Doge en arrive a être un des meilleurs performeurs de l’année, avec une modeste hausse de… 12 000% début 2021 :
Le Doge est certainement l’exemple de « Shitcoin » le plus populaire et médiatisé de ces derniers mois, mais il est loin d’être le seul.
Dans le secteur, la tendance est au « pump and dump » et aux arnaques façon chaines de ponzi (#SafeMoon). Comme dans le cas de la bulle internet des années 2000 (mais en pire), le but est de mettre en ligne un écran de fumée, le marketer sur les réseaux, et surfer la bulle pour ramasser la caisse (en espérant ne pas être le dernier à sortir).
Comme pour tous les autres secteurs évoqués ici : les questions de l’utilité, de l’éthique et de la valeur ajoutée sont hors de propos, seuls comptent les profits rapides.
Et Historiquement, cela ne finit jamais, jamais bien.
Conclusion
Alors, qu’est ce que les cryptomonnaies, les cartes à jouer, la bourse et le monde de l’art ont en commun? Ils pointent tous dans la même direction : des excès de liquidités sont présents dans le système, et servent principalement à nourrir la spéculation… sur tout et n’importe quoi.
Je m’en suis tenu aux 4 secteurs qui sont selon moi les plus étonnants, mais j’aurais aussi pu citer le cas des « meme stocks » (Gamespot, AMC, etc…), ou encore le cas des œuvres d’art « invisibles » s’échangeant à des milliers de dollars, mais je pense que vous avez saisi le propos.
J’imagine cependant qu’il y a un point sur lequel nous pouvons nous réjouir ici : toutes les liquidités qui affluent dans des secteurs absurdes sont des liquidités qui ne viennent pas alimenter de bulles sur les marchés actions, et qui se tiennent relativement loin de l’économie « réelle ».
La mauvaise nouvelle en revanche, c’est que ces bulles sont majoritairement alimentées par des particuliers joueurs et mal informés, et qu’une fois de plus : ce seront eux qui trinqueront à la fin lorsque le château de cartes s’effondrera.
Ne cédez pas au chant des sirènes et gardez la tête sur les épaules : nous vivons une époque assez folle.
Mathieu says
Pertinent et brillant . Merci encore à toi. Je sais que je le dis souvent, mais rien a faire, je suis accro. Continue