Au moment où j’écris cet article, nous allons fêter une date importante de l’histoire de la bourse : l’anniversaire des 10 ans de la fin du marché haussier de 2007 (celui même qui a précédé un des plus gros krachs boursiers de l’histoire).
Si vous aviez commencé à investir en bourse il y a 10 ans jour pour jour, vous auriez perdu dans les mois qui ont suivi plus de la moitié de votre argent. Si vous aviez des valeurs bancaires, certaines de vos actions auraient chuté de 80 ou même de 100% (une pensée particulière pour les actionnaires de Lehman brothers).
Depuis cet événement la presse financière n’a pas manqué de jouer sur nos peurs d’un nouveau krach boursier presque chaque année :
Ce qui est moins médiatisé en revanche, c’est qu’en prenant il y a 10 ans la pire décision financière possible (à savoir investir l’intégralité de votre argent juste avant un krach majeur), vous auriez aujourd’hui doublé votre capital.
Paradoxal? C’est ce que nous allons voir.
Investir au plus haut : la hantise des investisseurs.
Je sais qu’aujourd’hui beaucoup d’investisseurs n’osent pas acheter d’actions parce que le marché évolue sur des niveaux élevés, et qu’ils ont peur de rentrer au mauvais moment.
Personne ne contestera le fait que le marché est effectivement plus cher aujourd’hui qu’il ne l’était il y a quelques années. Ceci étant dit se concentrer sur des éléments en dehors de notre contrôle (comme le niveau du marché aujourd’hui et où il ira peut être, potentiellement, hypothétiquement demain) n’est jamais une activité très productive, que ce soit en investissement ou dans d’autres domaines.
Il est généralement plus intéressant de se concentrer sur des facteurs sur lesquels nous pouvons directement agir. Par exemple, notre peur de rentrer au plus haut. La question que j’aimerais poser à travers cet article est donc la suivante : Est-il vraiment si terrible d’investir sur un sommet de marché?
Pour y répondre, je vous propose de voir combien un investisseur qui aurait acheté au pire moment, c’est à dire juste avant une des pires crises financières de l’histoire de la bourse aurait d’argent 10 ans plus tard.
Doubler son capital en investissant au pire moment
Voici un graphique Bloomberg de l’indice boursier américain S&P 500 avec dividendes réinvestis depuis 2007 :
Comme vous pouvez le voir, un investisseur qui serait rentré au pire moment et qui aurait conservé ses positions (et son sang froid) durant la crise de 2008 aurait aujourd’hui doublé son capital (le graphique parle de gains de 98% mais il date d’il y a quelques jours ; nous venons tout juste de dépasser les 100%).
Pas si mal pour un scénario catastrophe.
Et curieusement ce n’est pas quelque chose que l’on lit souvent dans les médias financiers (mais après tout si les krachs boursiers n’étaient plus si effrayants, à qui vendre des articles sensés les prédire?)
L’importance d’investir à long terme
Un vieux proverbe boursier américain dit : « Time in the market beats timing the market« . Traduction : rester investi pour le long terme (et sans paniquer) rapporte généralement plus d’argent que d’essayer vainement de prévoir les zones de retournement.
Bien sûr il est facile de regarder aujourd’hui ce graphique et de se dire que doubler son capital en bourse sur cette période était chose facile, mais il n’en est rien.
Conserver ses actions en 2008 était psychologiquement très difficile. Cela nécessitait de résister à la pression constante des médias financiers qui anticipaient la fin du capitalisme tel que nous le connaissons, et de résister également à la panique qui nous saisit inévitablement lorsque nous voyons notre argent durement économisé commencer à fondre comme neige au soleil de dizaines de pourcents en quelques jours sans avoir la moindre certitude d’où la chute va s’arrêter.
Être capable de tolérer ce genre de périodes avec stoïcisme et rationalité est la force des grands investisseurs (tels que Warren Buffett qui est connu entre autres pour sa tendance à ne jamais vendre), et ce trait de caractère à lui seul peut faire la différence entre une personne qui gagnera beaucoup d’argent dans la durée, et une qui paniquera et encaissera de lourdes pertes.
Gérer sa tolérance au risque (et doubler son capital plus rapidement)
Contrairement à ce que le consensus peut parfois laisser penser : pour un investisseur à long terme bien diversifié, doubler son capital en bourse n’est pas une chose extraordinaire : la preuve en est, même ceux qui ont acheté au pire moment y parviennent.
La question à se poser à partir de ce constat c’est comment doubler son capital le plus rapidement possible (car nous serons tous d’accord pour dire que si cela prend 20 ans c’est tout de suite beaucoup moins intéressant), et comment gérer les risques de manière à rester investi sans paniquer si jamais le marché prenait soudainement la direction du sud.
C’est justement à cause de ces deux éléments que je préfère personnellement sélectionner mes actions individuellement plutôt qu’investir dans un indice boursier.
Les actions dans lesquelles j’investis résistent en moyenne bien mieux aux krachs boursiers que les indices, et rapportent des rendements supérieurs à long terme, ce qui me donne la sérénité nécessaire pour continuer à investir même quand le marché est haut.
Choisir ses actions une par une apporte également un élément crucial que l’on a pas nécessairement avec un indice ou un fonds d’investissement : la confiance dans les sociétés que l’on a en portefeuille (et leur management). Dans les périodes comme 2008 cela compte énormément : il est plus facile de rester serein lorsque l’on a Coca-Cola en portefeuille que Lehman Brothers.
Enfin, analyser ses sociétés une par une permet d’éviter de les acheter lorsqu’elles sont significativement surévaluées, ce qui est une manière supplémentaire de limiter ses risques, d’augmenter ses rendements à long terme, et de ne pas se retrouver dans la situation fâcheuse et stressante d’un investisseur qui aurait acheté massivement en octobre 2007.
Conclusion
Cet article n’est pas une incitation à prendre des risques irraisonnés mais une invitation à relativiser sur les conséquences réelles d’acheter au plus haut lorsqu’on est un investisseur qui a un horizon de placement à long terme, qui contrôle ses émotions, et qui ne place pas plus en bourse qu’il ne se sent psychologiquement confortable de placer.
Seth Godin (un de mes auteurs favoris) répète souvent qu’en règle générale le coût des erreurs à long terme est plus faible que celui de ne rien faire. Nous en avons ici une bonne illustration.
Olivier de epargnersanssepriver.com says
Bonjour Pierre,
Acheter via un tracker et utiliser la technique d’halloween est donc un bon moyen de doubler son capital mais pas autant que d’acheter des actions directement. Maintenant comment choisir ses actions?
A bientôt et bravo pour ton blog.
Pierre says
Bonjour Olivier,
Choisir des actions de qualité dans lesquelles investir est un processus complexe qui implique de couvrir pas mal de sujets différents et qui nécessiterait des pages et des pages d’explications pour être traité de manière complète ; c’est pour cela que je l’explique en détails à travers plusieurs heures de vidéo dans l’espace de formation ;
Cdt