Il existe beaucoup d’opinions contradictoires sur les marchés boursiers aujourd’hui. Certains pensent que les actions sont le seul instrument financier qui rapporte encore un rendement décent en cette période de taux d’intérêts bas et de bulle obligataire. D’autres avancent que nous entrons dans la 8eme année du marché haussier le plus long de l’histoire et que la bourse atteint aujourd’hui des niveaux de surévaluation dangereux. Investir en bourse en 2019 est-il encore une bonne idée?
C’est ce que nous allons voir dans cet article à travers l’étude de plusieurs éléments essentiels (entre autres le niveau de valorisation des actions, l’histoire des marchés, et le sentiment général).
Table des matières
Investir en bourse en 2019 : Est-il trop tard?
Depuis les plus bas de la crise financière de 2008, le marché action américain est monté d’environ 220%. Les rendements des marchés boursiers en terme de dividendes versés sont également en dessous de leur moyenne historique (autour de 2% à ce jour pour l’indice S&P 500). Beaucoup d’experts n’hésitent pas à dire que les marchés boursiers sont aujourd’hui surévalués.
Cet argument de la surévaluation est d’ailleurs très largement utilisé par la presse financière pour vendre (comme à leur habitude) de la peur et de gros titres catastrophistes.
Alors qu’en est-il? Sommes-nous vraiment trop haut? Est-il dangereux d’investir en bourse en 2019?
Voici le ratio le plus souvent utilisé par les journalistes et les experts avançant l’argument de la surévaluation :
Ce ratio c’est ce qu’on appelle le price/earning de Shiller. Robert Schiller est un prix nobel d’économie américain (et inventeur de l’indicateur éponyme), concrètement il s’agit d’une moyenne (lissée et ajustée de l’inflation) des bénéfices réalisés par les sociétés mis en relation avec leur prix à une époque donnée.
Bien entendu un Shiller P/E bas est supposé être synonyme d’un marché peu cher et un Shiller P/E haut est sensé être synonyme d’un marché cher. Comme vous pouvez le voir ici nous sommes actuellement autour de 29 alors que la moyenne historique est de 16.7.
Partant de cette considération, beaucoup d’experts n’hésitent pas à clamer que le marché est aujourd’hui surévalué, que les rendements futurs attendus sont faibles, et que le marché va bientôt chuter. Ont-ils raison? Après tout l’indicateur a tout de même été conçu par un prix nobel d’économie.
Les choses sont plus compliquées que ça.
Doit-on s’attendre à un krach boursier en 2019?
Voici maintenant les résultats d’une étude très intéressante réalisée par Ben Carlson et intitulée « bonne chance pour prévoir un sommet sur les marchés actions » qui met en relation les niveaux de valorisation atteints par la bourse américaine juste avant un marché baissier majeur entre 1946 et aujourd’hui :
Ce que vous voyez ici concrètement ce sont différents indicateurs utilisés pour valoriser le marché boursier à gauche le price/earning classique, ensuite le CAPE ratio, qui n’est autre que le fameux price earning de Shiller évoqué plus haut (oui l’indicateur a plusieurs noms histoire de compliquer encore un peu les choses). A droite vous pouvez voir les niveaux de rendements des bons du trésor et les niveaux de dividendes payés qui sont aussi 2 indicateurs souvent utilisés pour savoir si le marché est sur ou sous évalué.
Si vous vous sentez confus sur la manière dont il faut interpréter ce tableau c’est normal.
Il illustre qu’il n’y a aucune relation stable entre les niveaux de valorisation du marché boursier et l’occurence d’un krach boursier majeur. C’est à dire qu’un marché fortement sous évalué selon tous les indicateurs historiques disponibles (comme en 1980) peut très bien corriger plus fortement qu’un marché très surévalué (comme en 1968).
La conclusion de cette étude est « qu’il n’existe pas d’indicateur miracle pour prédire les sommets de marché, car ce serait essayer de mettre en équation les comportements humains qui sont par nature irrationnels et imprévisibles« .
La presse sort des articles catastrophistes parce qu’ils font vendre des journaux et récoltent des clics en jouant sur l’anxiété des investisseurs, pas parce qu’ils ont une quelconque valeur prédictive.
Le marché a-t-il trop monté? Question de perspectives.
Maintenant que nous avons prouvé que l’argument de la valorisation est à prendre en compte avec mesure et distance, attaquons nous au second argument, celui de l’ampleur de la hausse. « Le marché est déjà monté de 220% depuis ses plus bas de 2008 » ou encore « nous entrons dans la 8ème année de marché haussier ce qui en fait un des plus longs de l’histoire« .
Certes. Mettons donc en perspective le marché haussier actuel avec plusieurs autres marchés haussiers majeurs.

Comme vous pouvez le voir une nouvelle fois, l’ampleur de la hausse est encore une fois très relative.
Comparé à d’autres placements, une hausse de 200% semble énorme. Comparé à d’autres marchés haussiers cela n’a rien d’extraordinaire. Tout est question de référentiel.
Comme le disait un statisticien américain : « si vous torturez des données suffisamment longtemps, elles vous diront tout ce que vous voulez entendre. »
Le problème numéro 1 lorsqu’on veut investir en bourse
Cela fait un petit moment que j’investis maintenant et il y a eu un dénominateur commun à toutes les époques et à tous les environnements économiques : l’incertitude. Ce n’était jamais le bon moment pour investir.
En 2008 au plus fort de la crise, la fin du monde financier tel que nous le connaissons était annoncée. La sagesse voulait que l’on reste loin des actions : le marché avait déjà chuté de 50%, jusqu’où irait-il? -60%? -70%? L’économie était au plus mal, acheter des titres semblait fou. Beaucoup d’actions bancaires avaient chuté de 80%, Lehman Brothers avait fait faillite. Tout le monde était terrifié. A cette époque là on ne conseillait pas d’investir dans des actions mais dans un lopin de terre, des vivres et un fusil de chasse (cela peut sembler totalement excessif mais les investisseurs de l’époque m’en seront témoins).
Ensuite entre 2009 et 2010 : le marché a rebondit fortement. Mais l’économie ne suivait pas vraiment, elle était encore fragile. La thèse était que le rebond était donc en trompe l’oeil. La hausse n’allait pas durer. Le marché montait uniquement sur les politiques accommodantes des banques centrales et rien d’autre. Un investisseur qui achetait à ce moment là s’exposait très certainement à des pertes futures. Il fallait investir dans l’or et les métaux précieux pour protéger son épargne d’un futur financier qui s’annonçait chaotique et incertain.
Entre 2010 et aujourd’hui vous savez ce qui s’est passé : le marché est monté quasiment sans interruption (la valeur de l’or en dollars quant à elle a été coupée en deux et les investisseurs en métaux précieux ont encaissé leurs pertes pendant que les investisseurs en actions gagnaient toujours plus d’argent). Et chaque année depuis 2010 les quotidiens financiers ont prophétisé la fin imminente de la hausse. Et les suiveurs des ratios de valorisation ont clamé à qui voulait l’entendre que nous étions surévalués et que le marché était trop cher, donc, que c’était une période dangereuse pour acheter.
Le marché haussier que nous vivons est souvent désigné comme étant le « marché haussier le plus détesté de l’histoire ». Car tout le monde passe son temps à en prophétiser la fin. Et tout le monde continue d’avoir tord, année après année.
Alors pourquoi tant de haine?
En vérité ce que nous vivons n’a rien de surprenant. En fait l’histoire se répète. La crise de 2008 a causé un traumatisme important dans la tête des investisseurs. Les marchés financiers ont depuis toujours été marqués par des périodes d’euphorie et des périodes d’extrême pessimisme. Les périodes d’euphorie conduisent à des bulles (comme à la fin des années 1990). Les périodes d’extrême pessimisme conduisent à surévaluer les risques et à tenir durablement les investisseurs en dehors des marchés actions (comme entre 2008 et maintenant). Si vous ne me croyez pas jetez un oeil à cet article écrit plus de 5 ans après la crise financière.
Extraits : « Détenir une grande partie de leurs avoirs en cash est un élément essentiel pour assurer la confiance des investisseurs aujourd’hui. Les investisseurs ne sont pas prêts d’oublier les pertes importantes qu’ils ont subit en 2008. Depuis plusieurs années, les riches investisseurs détiennent environ 20% de leurs actifs en cash, même si ils savent que le cash peut perdre de la valeur à cause de l’inflation, ils ont besoin de cela pour leur tranquillité d’esprit ».
On dit que les bulles arrivent une fois que les investisseurs sont assez vieux pour avoir oublié le dernier krach boursier. Pour l’instant les investisseurs sont à des milliers de kilomètres d’avoir oublié la crise de 2008. Et nous sommes très loin d’avoir atteint une phase d’euphorie.
Je ne vous dis pas tout cela pour vous convaincre que le marché haussier va continuer : en toute honnêteté je n’en sais rien et quiconque vous dit savoir ce qui va se passer est un menteur. Je pose juste ces éléments pour donner un peu de perspective à l’actualité financière, et informer sur le fait que quelle que soit la période, la presse financière jouera toujours sur la peur : investir en bourse en 2019, 2020 ou 2021 semblera toujours incertain et risqué pour un investisseur hésitant.
Et il est vrai que le marché haussier se terminera nécessairement un jour. Mais quand nul ne peut le dire. Et si il se termine dans 10 ans, les gains ratés par les investisseurs restés sur le bord de la route seront colossaux.
Alors comment faire face à toute cette incertitude est prendre la bonne décision?
La solution pour investir en bourse sereinement
Tous les investisseurs qui réussissent ont une solution qui leur sert de bouclier contre l’incertitude, le marasme d’informations contradictoires (et inutiles) qui nous parvient chaque jour, et la désinformation des médias financiers. Et cette solution est simple : c’est d’avoir un plan.
Avoir une stratégie d’investissement dans laquelle on a confiance et que l’on continuera à appliquer qu’il pleuve qu’il vente ou qu’il neige, que les marchés chutent ou qu’ils montent, que l’économie soit en plein boom ou en pleine récession.
Si vous attendez d’avoir la moindre certitude sur la direction des marchés demain ou après demain, vous n’investirez jamais. Ce qu’il vous faut ce ne sont pas des certitudes mais une méthode.
Un investisseur dans la valeur a une méthode : il achète des actions sous évaluées. Un investisseur en dividendes a une méthode : il achète des sociétés à dividendes croissants à prix raisonnable. Un investisseur global a une méthode : il construit un portefeuille équilibré composé de plusieurs classes d’actifs (ensuite il ferme son ordinateur et va jouer au golf).
Un bonne méthode doit répondre aux questions suivantes : quoi acheter, quoi vendre, quand acheter et quand vendre. Elle doit être basée sur une science fiable et dûment testée. Vous ne devez pas douter de votre méthode.
Enfin elle doit être simple. Un bon plan d’investissement doit tenir sur une feuille A4 et idéalement vous devez être capable de l’expliquer en quelques mots à votre petit cousin de 8 ans.
Acheter des sociétés parce qu’on aime leur produit n’est pas un plan. Acheter sur les conseils d’un ami ou d’un site financier n’est pas un plan. Acheter « dès que le marché sera un peu plus bas » n’est pas un plan.
Un bon plan vous évitera naturellement d’acheter trop cher, de vous poser trop de questions, et de paniquer dans les périodes difficiles. Il réduira votre anxiété et votre incertitude. Nous sommes aujourd’hui dans un marché qui évolue sur des niveaux élevés. C’est un environnement qui pardonne moins qu’un marché bas pour un investisseur débutant. Soyez sûr que votre plan est solide avant de vous lancer.
Bonjour,
J’ai bien aimé votre article car il va à contre-courant des idées véhiculées par les médias, qui jouent sur nos émotions et la peur en particulier. Impossible de ne pas avoir d’émotions, par contre je pense que nous pouvons les gérer et changer notre état d’esprit ou nos habitudes en disant stop à un moment, souvent après une lassitude, un découragement ou un échec. Bravo en tout cas pour cette belle analyse.
Bonne journée !
Bonjour Didier,
Merci pour votre commentaire, une bonne stratégie aide beaucoup pour ce qui est de tenir en ligne les émotions!
Bonne continuation
J’adore ton dernier paragraphe « la solution pour investir sereinement » c’est exactement la façon dont je pense mais investissements. Je pense que je vais le faire lire à tous ceux qui me disent que « la bourse est trop risquée » 😉
Yoann
Salut Yoann,
Merci pour ton commentaire, n’hésite pas ça fera connaitre le site 😛
Dans tous les cas pour 2018, si le conflit éclate entre les pays asiatiques, l’inde, la russie contre les states, le krach boursier est inévitable… suspendu peut-être par un embargo commercial sur la corée du nord ? SI K.J him l’accepte…
Et des hauts et des bas auront lieu par rapport aux attaques des terrorismes (syrie, palestine, afrique du nord…) armes plus violentes que l’on connaît sur l’ensemble du globe… une année assez difficile sur le plan économico socio politique à venir…
Bonjour Marlène,
Personellement je me contente généralement d’analyser les fondamentaux des entreprises dans lesquelles j’investis et l’état général du marché, je ne fais pas de plans sur la comète ou de conjectures sur le contexte, personne ne pouvant vraiment prévoir le futur de ce coté là ;
Cdt