La bourse américaine a clôturé sur de nouveaux plus hauts historiques cette semaine après un début d’année 2018 qui s’était avéré (jusqu’à présent), plutôt latéral.
Et si vous vous souvenez de l’ambiance il y a encore quelques mois, la faiblesse passagère des actions n’avait pas manqué d’attirer son lot usuel de pessimistes et de prophètes de l’apocalypse (boursière) en tous genres.
En fait j’avais même reçu plusieurs mails des membres de la formation (ainsi que de lecteurs réguliers du site) inquiets qui songeaient à vendre leurs actions avant l’été suite à une vague d’articles qui annonçaient un « krach certain pour cette période ».
Maintenant que nous arrivons à la fin du mois d’août, et que les marchés ressemblent à ceci :

Nous pouvons dire une nouvelle fois que les bourses auront donné tord à beaucoup de gens.
Et j’ai pensé qu’il serait bon de profiter de cette occasion pour faire un bref récapitulatif de toutes les bêtises qui avaient pu être dites sur la direction des bourses (américaines en particulier) au cours de ces dernières années.
Ceci afin d’en tirer des leçons pour la suite, et de rappeler une réalité fondamentale du monde de l’investissement : personne ne peut prévoir le futur.
Le graphique des appels au krach depuis 2012
J’ai déjà rédigé plusieurs articles sur le sujet de la totale inutilité des prévisions boursières dans un processus d’investissement efficace, mais je pense que ce graphique (désormais mis à jour à 2018) est peut être celui qui illustre le mieux ce propos :
Vous l’aurez compris : il s’agit d’un graphique du cours de la bourse américaine anoté d’une liste (non exhaustive) des prévisions boursières catastrophistes parues dans la presse financière sur la même période.
Et si certaines de ces prédictions ont été faites par des individus à la légitimé douteuse, beaucoup proviennent de grands noms extrêmement respectés à Wall Street. Entre autres :
- Carl Icahn (investisseur professionnel et multimilliardaire américain),
- Bill Gross (considéré par beaucoup comme le plus grand investisseur obligataire de tous les temps),
- Tom Demark (consultant officiel des meilleurs Hedge Funds de la planète)
- Paul Krugman (prix nobel d’économie)
Les marchés leur ont donné tord à tous, et ceci indépendamment de leurs qualifications.
Ce qu’il faut retenir
Les marchés sont fondamentalement imprévisibles sur le court et le moyen terme (même Warren Buffett, le meilleur investisseur du 20eme siècle le reconnait).
En revanche, ils sont relativement prévisibles sur le long terme, et les performances que vous obtiendrez sur 10 ou 20 ans seront le reflet de la qualité et de la prospérité économique des sociétés que vous aurez choisi.
Le graphique de « l’argent facile » depuis 2009
Il existe un mythe très répandu dans le monde de l’investissement qui consiste à dire qu’il existe des périodes « d’argent facile » et « d’argent difficile ».
Les périodes « faciles » se caractériseraient par une abondance d’opportunités boursières évidentes et faciles à saisir, et les périodes d’argent « difficile » seraient des périodes où la prise de décision est plus complexe, car l’incertitude est élevée.
Voici maintenant un graphique intéressant qui retrace toutes les périodes où la presse financière a publié que « la période d’argent facile était terminée » (aussi surnommé le « Easy money has been made chart« ) :
Si vous suiviez Barron’s, Morningstar et MarketWatch (qui est initialement une émanation du Wall Street Journal) au début de la décennie : vous auriez probablement raté la quasi intégralité du marché haussier.
Ce qu’il faut retenir
Il n’y a jamais d’argent facile en bourse.
Quand les marchés marquent de nouveaux plus hauts, tout le monde pense que les actions sont trop chères pour être achetées.
Quand les marchés marquent de nouveaux plus bas, tout le monde pense que les actions sont trop dangereuses pour être achetées.
La facilité n’existe que rétrospectivement.
Le graphique des problèmes macroéconomiques depuis 2009
Voici maintenant une série d’évènements économiques objectivement négatifs (et dont beaucoup avaient le potentiel de précipiter les bourses vers de nouveaux plus bas) qui se sont produits au cours de ces 10 dernières années :
Vous y trouverez entre autres :
- Le Flash Crash de 2010
- L’accident nucléaire Japonais de 2011
- La crise des dettes souveraines européennes de 2011/2012
- La fermeture du gouvernement américain de 2013
- Le Brexit et l’élection de Donald Trump en 2016
Malgré ces évènements, les marchés sont montés de plus de 250% sur la période. Comme vous pouvez le voir ici : bien malin celui qui sera capable de prévoir où seront les bourses 3 à 6 mois après un évènement économique fâcheux.
Ce qu’il faut retenir (et quelques nuances sur ce point)
Les marchés (et les actions en particulier) ont effectivement tendance à suivre les fondamentaux économiques sur le long terme.
Néanmoins vous gagnerez plus à suivre régulièrement les chiffres publiés par les sociétés que vous avez en portefeuille plutôt que les gros titres des quotidiens économiques.
Conclusion
L’investissement et l’entreprenariat ont une chose en commun : peu importe la période à laquelle on veut se lancer : les choses semblent toujours risquées et incertaines.
L’erreur est de de croire qu’il existe des périodes où les choses deviennent soudainement prévisibles et évidentes, et qu’il faut les attendre pour démarrer.
Dans la vraie vie, les feux ne sont jamais tous verts, et il y a toujours une bonne raison d’attendre « juste un peu plus », et de ne pas passer à l’action.
Le rôle d’un bon investisseur n’est pas de supprimer l’incertitude (c’est impossible), mais simplement d’apprendre à la gérer, et d’avoir le courage de se lancer malgré elle.
Bonjour Pierre,
Merci pour cet excellent article !! COMMENT ? Les gens qui ont suivi votre formation s’inquiétaient de leurs actions et d’un krach boursier ? AH AH AH AH Je ne peux m’empêcher de rire car en 2011 on annonçait la fin du monde pour 2012 et des photos affreuses circulaient sur le net ! J’ai fait une expérience à mon bureau : résultat : les gens préfèrent les mauvaises nouvelles ; ils ont une tendance pessimiste !! Vous vous souvenez de l’un de vos articles où vous montriez un graphique de l’état d’esprit d’un actionnaire et ça disait « oh les actions descendent ! Je vends » « zut, elles remontent si j’avais su !! Ca alors c’est la chute !!! Vite je vends !! Mince elles redescendent je les achetées trop chères !! » AH AH AH AH ce graphique m’a bien fait rire car c’est la même chose partout !! Les gens avancent de 2 pas et reculent de 3 !! WARREN BUFFET A TOUT A FAIT RAISON quand il dit qu’il ne s’inquiète pas des mouvements de la bourse (sinon on a pas fini !!) REGARDEZ 2008 : bien sûr il y a eu un petit passage à la descente mais après hop ça remonte et c’est reparti !! Alors pourquoi se prendre la tête ? Tout s’arrange !! Seulement je pense qu’il faut, comme vous le disiez dans plusieurs articles, avoir des investissements diversifiés et surtout ne pas investir toutes ses économies (les actions doivent être bloquées pendant 8 ans pour être intéressantes quand même) donc il faut placer de l’argent et bien se souvenir que c’est bloqué pendant 8 ans ! Et après ? La vie continue 🙂 il n’y a pas que des jours de pluie il y a aussi des jours avec du soleil !!! (OUF 🙂
Bonjour Elya,
Effectivement je constate la meme tendance que vous de beaucoup de gens à être plus naturellement attirés par les scénarios pessimistes que par les scénarios optimistes.
Pour ce qui est des effets négatifs à long terme des achats/revente fréquents, comme vous le dites c’est un sujet que j’ai déjà longuement traité sur le site (et dans la formation), mais en travaillant plus au contact des gens, je me rends compte que parfois malgré cela les émotions se mettent en travers d’un jugement objectif, et qu’il est donc bon de faire des rappels de temps a autres de ne pas se laisser influencer par un environnement qui pousse naturellement à faire des erreurs (comme par le biais de cet article par exemple!) ;
Bien Cordialement
Merci pour ce tres utiles et interressant article! mais vous semblez defendre aveuglément l’achat d’action sur le long terme car
1/ « Le MONDE » N’est pas la bourse et en effet si les marchés sont déconnéctés de l’economie reelle a cause des banques centrales ce qui est flagrants , et jamais vu… donc vous ne pouvez pas non plus prévoir l’ampleur de la prochaine crise …et l’investissement en directe est une solution (crowdfunding et lending)
2/ il y a bien des methodes et indicateurs pour voir (et non prévoir) les vrais retournement de marchés (ex thami kabbaj en parle bien dans « l’art du trading »)
Ainsi constater la superiorité de l’AT et d’y lié les echelles de temps .
3/ ce n’est pas parce qu’il est plus sage de s’alléger en actions qu’ils faillent etre absolument flat non plus! meme si etre sorti en benefice , etre cash et attendre pour se renforcer n’est pas une abérration non plus … (ex « The Big Short’)
Si je puis me permettre un avis plus dialectique et contrarien ?
Cordialement
Bonjour,
Pas de problème pour ce qui est de l’avis contrarien (d’autant que je suis d’accord sur certains des points évoqués) :
Concernant le point 1, l’argument des marchés qui montent uniquement grâce aux banques centrales a été largement réfuté dans plusieurs articles. Il y a (il est vrai) des excès de liquidité dans le système actuellement, mais la majorité des actions montent bien du fait de leur fondamentaux et pas des banques centrales (Source et chiffres à l’appui : http://fat-pitch.blogspot.com/2018/08/2q-corporate-results-all-time-high.html?m=1).
2/ Il y a effectivement des indicateurs qui permettent de voir et non prévoir des retournements (vous avez tout à fait raison de préciser cette nuance). C’est pour cela que l’AT fait partie intégrante de mon processus d’investissement. Néanmoins il faut toujours garder à l’esprit que ces indicateurs conservent (malgré tout) un taux de succès assez mitigé.
3/ Je suis d’accord sur le fait que se diversifier est important (si vous lisez mes autres articles, vous savez peut être déjà qu’à titre personnel je ne possède pas que des actions). Néanmoins, lorsqu’on compare toutes les options aujourd’hui, les actions restent à mon sens (et à celui de Buffett : https://www.youtube.com/watch?v=tKZI8GTa5NU&feature=youtu.be&t=57s) une des meilleures alternatives de placement disponible. D’où le fait que j’ai tendance à souvent les défendre sur le site.
Bien Cordialement