De tous temps nous avons eu des « experts » prétendant pouvoir prédire avec justesse l’évolution future des cours de la bourse. Leurs prévisions boursières sont souvent relayées dans les médias comme parole d’évangile parce ces gens sont entourés d’une certaine aura et possèdent (ou prétendent posséder) une certaine expérience.
Voici par exemple une prévision postée pas plus tard qu’il y a quelques mois sur le cours des cryptodevises par le « gourou » de la cybersécurité, millionaire et créateur des antivirus du même nom : John McAfee (autoproclamé spécialiste en crypto du fait de son background en informatique) :
Et devant tant de verve et d’apparentes certitudes, il est parfois facile de douter de sa propre opinion et de ses propres méthodes. J’utilise ici l’exemple de McAfee (qui est certes un cas extrême), mais vous lirez sans doute régulièrement le même genre de prévisions boursières divinatoires ou d’opinions très tranchées que vous investissiez sur les actions, l’immobilier, les cryptos ou autre chose.
Pour vous donner de la perspective sur la valeur réelle de ce genre d’information, j’aimerais vous présenter 3 exemples de prévisions « d’experts » datant de ces 10 dernières années qui sont riches d’enseignements.
Ce que nous verrons dans cet article :
- Pourquoi vous ne devez pas tenir compte des prévisions boursières des pseudos experts
- 3 exemples d’investisseurs intelligents qui se sont complètement plantés
- Comment faire pour gagner de l’argent en bourse sans savoir où iront les marchés demain
Table of Contents
Prévision boursière : La décennie perdue de 2010 – 2020
Cette semaine, en rangeant mes étagères (une fois n’est pas coutume), j’ai retrouvé un livre datant de 2011 qui m’a motivé à écrire cet article.
Ce livre s’appelait « Investing in the second lost decade« , il a été écrit dans la période post krach de 2008 par un des plus célèbres analystes de marché américain (Martin Pring), qui est aussi l’auteur de nombreux best sellers financiers qui sont devenus des références du genre, tels que « l’analyse technique expliquée« , et bien d’autres encore.
Et ce livre faisait la prévision que les retours boursiers que nous connaitrions entre 2011 et 2020 seraient tout à fait désastreux (thèse étayée par une analyse des cycles économiques et boursiers très pointue réalisée par son auteur).
Voici quelques extraits du livre :
« Êtes vous prêts pour une nouvelle décennie perdue? Ne laissez pas le marché baissier séculaire dévorer vos profits. Préparez vous à 10 nouvelles années de rendements boursiers décevants! » (écrit en 2011 je le rappelle au passage)
« Pendant plus de quatre décennies, Martin Pring a été un innovateur et un pratiquant de l’analyse financière et de l’analyse des cycles économiques. Dans « Investir dans la seconde décennie perdue », Pring, accompagné des gérants de portefeuille Joe Turner et Tom Kopas offre des preuves concluantes que nous ne sommes qu’à la moitié d’un marché baisser séculaire et de conditions économiques extrêmement cycliques. ».
« Les marchés boursiers haussiers séculaires des années 1980/1990 ont depuis longtemps disparu ; et avec eux les stratégies traditionnelles d’achat/conservation à long terme et les stratégies de gestion « passives » qui continueront de frustrer toujours plus les investisseurs. »
Une dernière pour la route : « Dans « Investing in the second lost decade », la légende de l’analyse de marché Martin Pring, l’homme que le magazine Barrons surnomme « le technicien des techniciens » et son équipe délivrent des concepts prouvés, des outils et des stratégies pour créer un portefeuille spécialement conçu pour profiter et croitre durant le nouveau marché baisser séculaire. »
Marché baissier séculaire donc. Légende de l’analyse technique.
Ce qui s’est passé ensuite
Voici maintenant un graphique de l’indice boursier américain S&P500 dans les 7 années qui ont suivi la sortie du livre :
Maintenant chapeau à l’éditeur pour continuer de laisser le livre à la vente malgré cette sévère claque assénée à la crédibilité de la thèse de base du bouquin (et par ricochet à celle de son auteur).
Néanmoins à la décharge de Pring et pour l’avoir lu entièrement à l’époque : le livre était très convaincant. Seulement il a oublié une règle fondamentale : personne ne peut prévoir le futur.
Voyons maintenant un autre cas de prévision boursière sévèrement relayée et sévèrement erronée (d’un autre expert de la finance) : le milliardaire Georges Soros.
Prévision boursière : Georges Soros, l’or et les actions
En juin 2016, vous pouviez lire un peu partout que le milliardaire George Soros vendait massivement ses actions et avait engagé de large paris baissiers sur la bourse américaine. Et qu’en parallèle, il accumulait de l’or.
Si vous ne connaissez pas Georges Soros (je lui consacrerai peut être une article un jour), il s’agit du gérant du légendaire « Quantum Fund », connu pour avoir gagné des millions en « brisant » la banque d’Angleterre (c’est à dire en engageant des paris baissiers massifs contre une banque centrale, et en ayant raison ce qui est arrivé à ma connaissance une seule fois dans l’histoire de la bourse).
Soros a également écrit de nombreux best sellers sur ses méthodes d’investissement tel que « L’alchimie de la finance » et plusieurs autres ouvrages.
Quoiqu’il en soit pas plus tard qu’il y a 2 ans vous pouviez lire un peu partout ceci :
Comme indiqué, Soros était très pessimiste sur les actions américaines au point d’accumuler massivement de l’or et d’avoir une position nette vendeuse assez importante sur les actions. Pas rassurant si vous décidiez de créer votre portefeuille boursier en 2016.
Et voici maintenant le cours du S&P 500 (contre lequel pariait Soros à l’époque, selon la presse en tous cas) depuis la date de publication de l’article :
Et le cours de l’or durant les 6 mois qui ont suivi la publication de cet article :
En parlant de l’or, vous souvenez vous peut-être de ce que l’on disait de l’or en 2012?
Prévision boursière : l’or à 5000 (avant 2015)
Voici les gros titres de CNBC à l’époque :
Bank of America en personne voyait l’or aller à 5000, quant à Peter Schiff, il s’agissait d’un « gourou » de l’époque qui avait correctement anticipé la montée de l’or (que personne n’avait vu venir) de 300 à 1700 dollars et avait fait de larges profits sur ce mouvement. Lui aussi voyait l’or aller à 5000 sous quelques mois à quelques années.
Devinez ce qui s’est passé ensuite?
L’année 2012 et les prévisions boursières aberrantes postées ci dessus ont marqué l’exacte fin du marché haussier sur l’or qui durait déjà depuis un moment à l’époque. Dans les 2 ans qui ont suivi, la valeur de l’or a été coupée en deux et s’est tenue loin de ses plus hauts de l’époque jusqu’à aujourd’hui.
Pourquoi est-ce que je vous parle de tout cela?
Pour vous donner de la perspective par rapport aux gros titres que vous pourrez lire au quotidien et aux news transmises régulièrement par la presse financière. Si vous êtes sur les marchés financiers depuis quelques années vous ne vous laissez peut être plus impressionner par tout cela, mais lorsque l’on débute, ce genre d’intitulé peut facilement nous induire en erreur.
« Investing in the second lost decade » avait eu un fort impact sur moi à l’époque (j’utilisais surtout des stratégies de plus court terme), et si je m’étais tenu complètement loin de la bourse sur cette période en écoutant les dires de ce « gourou », je m’en serais bien mordu les doigts aujourd’hui.
Je me serai aussi mordu les doigts d’avoir écouté Georges Soros en 2016 et Peter Schiff en 2012 (et loin de moi l’idée de faire des prévisions boursières, mais je pense que ceux qui auront écouté McAfee risquent d’être déçus en 2020).
Mais alors, peut-on gagner de l’argent sans pour autant savoir où ira la bourse demain?
Investir sans faire de prédictions
Il existe un cliché majeur en investissement, qui est que pour gagner de l’argent, il faut être capable de prédire l’évolution de son marché.
Cliché véhiculé par des films comme « Wall Street » ou par des scénaristes qui n’ont jamais passé une transaction de leur vie. La majorité des investisseurs gagnants que j’ai pu rencontrer en personne ou étudier par le biais de livres ont une vision relativement neutre de leur marché, et ils ne s’attachent jamais à leurs opinions.
L’idée est d’avoir une approche probabiliste de la bourse plutôt que des opinions tranchées, et d’avoir mis en place des méthodes de gestion des risques efficaces. Cela peut passer par la mise en place d’une stratégie qui sera profitable indépendamment du type d’environnement économique dans lequel nous évolueront dans le futur, ou par le fait de miser exclusivement sur les facteurs boursiers qui ont un haut degré de prédictibilité (ils sont rares mais il y en a).
Gagner dans tous les types d’environnements économiques : le portefeuille permanent
J’avais déjà présenté dans un précédent article le portefeuille permanent (popularisé par Harry Browne), ce type de portefeuille est l’exemple classique d’une approche qui permet de gagner de l’argent sur les marchés sans avoir à faire la moindre anticipation sur l’évolution future des cours de la bourse.
L’équilibrage du portefeuille ainsi que sa diversification font que le portefeuille est incroyablement résistant aux crises et aux périodes économiquement difficiles. Et que les taux d’intérêts évoluent à la hausse, à la baisse ou qu’ils soient stagnants, que l’économie soit bonne ou mauvaise le portefeuille s’en tire quasiment toujours avec les honneurs.
Bien sur le portefeuille permanent n’est probablement pas le portefeuille boursier qui vous rapportera les rendements les plus explosifs ou les plus impressionnants à long terme, mais c’est celui qui sera capable de vous rapporter des rendements honorables avec un minimum de nuits blanches, de complexité, et surtout sans avoir avoir à anticiper quoi que ce soit.
Miser sur ce qui est prévisible
L’autre option pour réussir en bourse sans faire de prédictions, c’est de miser sur des facteurs qui ont un haut degré de prédictibilité.
Je m’explique : en bourse, les cours des actions fluctuent de manière assez imprévisible sur le court et le moyen terme. En revanche ce n’est pas le cas des dividendes. Les dividendes versés par des sociétés comme les dividend aristocrats par exemple suivent une trajectoire extrêmement prévisible (et haussière) dans le temps. Se concentrer sur la croissance de ses dividendes plutôt que sur celle du cours de ses actions est donc une bonne option pour composer avec l’incertitude.
Autre point : vous noterez que j’ai précisé dans le point précédent que les cours des actions étaient imprévisibles sur le court et le moyen terme. En revanche sur le long terme, tout un panel d’études académiques prouvent que les rendements d’une action sont 100% corrélés avec la qualité de la société sous jacente (sans rire, me direz-vous, les bonnes entreprises rapporteraient donc de l’argent à leurs actionnaires?).
On retrouve cela dans le fameux aphorisme de Warren Buffett sur les marchés boursiers : « In the short run, it’s a voting machine, in the long run, it’s a weighting machine« .
Ce que cela implique, c’est que vous avez plutôt intérêt à vous concentrer sur la qualité des sociétés dans lesquelles vous comptez investir. Et à ignorer les fluctuations de court et de moyen terme de la valeur de vos titres qui peuvent être liées à des facteurs qui eux sont imprévisibles, pas toujours justifiés et sur lesquels vous n’avez généralement pas le contrôle (paniques passagères, besoins de liquidités, récessions, etc…).
En revanche, ce que vous pouvez contrôler, c’est votre stratégie d’investissement et votre choix de société. Et c’est généralement bien suffisant pour gagner de l’argent en bourse (sans avoir à suivre les prévisions de gens qui n’en savent fondamentalement guère plus que nous).
Conclusion
J’espère que cet article vous aura convaincu de ne pas vous laisser influencer par les prévisions et les anticipations des « gourous de la bourse » (aussi qualifiés aient-ils l’air d’être sur le papier) et vous encouragera à développer votre propre expertise.
Bien sûr cela ne signifie pas pour autant qu’il faille se couper de toute information financière, mais il vaut mieux toujours considérer les choses avec distance et mesure, et ne pas oublier que la valeur ajoutée de 90% de l’information qui nous parvient au quotidien est voisine de zéro (et nous laissera généralement plus confus que clairvoyant).
Et vous qu’en pensez-vous? Quelle est la prévision boursière la plus folle que vous ayez lu ces derniers temps? Avez-vous déjà gagné ou perdu de l’argent en suivant un gourou? N’hésitez pas à me le dire dans les commentaires.
duché says
Merci pour ce nouvel article toujours aussi intéressant.
Pour faire suite à votre demande, je dirais que j’ai décidé d’investir en cryptomonnaies et dans des ICOs. Je me suis formé bien sur, et j’ai mis une somme que je peux perdre. J’ai aussi fortement diversifié et appliqué les principes de base de l’investissement, en renforçant mes positions quand le BTC est passé sous les 5000 euros.
Ceci étant dis, étant donné la vitesse d’évolution du marché et justement le caractère imprévisible j’ai laissé tombé de nombreux principes comme (ne pas entrer en haut d’une bulle quand tout le monde en parle), je savais que c’était très risqué… mais le marché des cryptos est tellement explosif… j’ai pris mes positions et j’ai essuyé de fortes baisses car je suis entré à proximité des plus hauts. notamment parce que j’avais aussi des soucis pour créer mes comptes sur les plateformes (cas du iota que je voulais acheter à 70 centimes… et qui était monté à 4 dollars quand j’ai enfin pu l’acheter… )
Ca peut paraitre stupide maintenant qu’il y a eu une correction de 70% mais qui pouvait la prévoir à l’époque? et si le BTC volait vers les 50 000 dollars, l’éthereum vers les 5000 et les litecoin vers les 1000?
Ma stratégie est de holder et de renforcer un peu encore si jamais on atteint un nouveau plus bas. Je pars du principe que le marché des cryptos à encore un potentiel de capitalisation très élevé.
Comme vous le precisez, il n’est pas possible de savoir ce qui arrivera. Les cryptomonnaies sont très risquées mais si on se positionne sur des projets ayant des bon fondamentaux… un fois 100 est possible, voir plus, Alors si perdre 1000 euros d’un coté peut faire grimacer… la possibilité de transformer ces 1000 en 100 000 d’ici 5 ans peut en revanche changer une vie.
Et encore une fois, comme prédire est impossible… suivre l’analyse d’un warren buffet qui dit que les cryptos ne servent à rien… et se réveiller dans 10 ans avec un iota à 100 euros, un btc à 100k, un éthereum à 10 000 etc etc… et se dire…. « si javais mis ne serais-ce que 5% de mon épargne pour voir »…
Pierre says
Effectivement les cryptos ont joué avec les nerfs de tout le monde ces derniers temps… Il y a plusieurs manières de gérer le risque, soit par la taille de la position (en ayant une allocation d’actifs qui fait que les pertes impacteront peu le patrimoine global), soit en appliquant des stratégies de suivi de tendance qui permettront de couper les pertes dans les mauvaises périodes et d’être exposé à une bonne partie des hausses durant les bonnes (sans faire de prédictions mais simplement en suivant le marché, comme évoqué dans l’article « la stratégie des tortues »). Néanmoins ce type d’approche reste assez complexe à bien faire fonctionner (j’en avais parlé brièvement sur la page Facebook du site, j’y avais aussi posté mes entrées/sorties sur les cryptos, cela a bien fonctionné pour moi cette année mais encore une fois on reste vraiment dans le spéculatif dès que l’on touche à ce secteur… Le fameux trade « ticket de loto »).
DE LORKO says
Excellent article, et au-delà des experts internationaux, n’oublions pas non plus les éditeurs de lettres ou de portefeuilles « confidentiels’ qui monétisent bien plus leurs conseils que leurs propres investissements
Pierre says
C’est un grand classique du monde de l’investissement en effet. C’est pour cela qu’à titre personnel j’essaie de mettre un point d’honneur à partager mes résultats d’investissement globaux à intervalle régulier sur le site. Histoire de ne pas faire partie de ces conseilleurs qui « commentent depuis les gradins sans jamais vraiment descendre jouer eux-mêmes sur le terrain » pour paraphraser une citation de Ray Dalio.
Francois says
Le problème avec nous, les êtres humains, c’est que pour anticiper ce qui va se passer dans le futur, on s’inspire de ce qui s’est passé dans le passé. Parfois, ça marche, mais souvent il y a des facteurs additionnels ou des choses nouvelles qui font que nos hypothèses dérapent. Pas juste dans la bourse, dans pas mal tout. Par exemple, après la 2e guerre mondiale, il y a eu un Baby-Boom au Canada. Dans les années 1960, les sur nos besoins en pensions pour les personnes agés ont été établies jusqu’à l’an 2000 sur la base que les familles continueraient d’avoir de nombreux enfants. Mais oups… les femmes sont allées sur le maché du travail, les familles ont eu moins d’enfants et les ont eu plus tard, etc.. on se retrouve avec un Régime des rentes de retraite sous capitalisé car il y moins de travailleurs que de gens âgés… Oups!
Pour la bourse, je pense qu’on peut effectivement se pencher sur un petit segment, une entreprise, et tenter d’anticiper son futur, c’est ce que Buffet fait. Metton Kraft-Heinz. Mais tout un marché, comme celui de l’alimentation? Celui du pétrôle?
Quant aux crypto, il faut comprendre qu’il s’agit de pure speculation, il n’y a rien qui endosse la crypto-monnaie. Pour une action, il y a au moins une entreprise avec des employés, des actifs, des brevets, une marque… La crypto vaut qqc uniquement parce plein de gens se sont mis d’accord irrationnelement pour lui donner une valeur. Très risqué, je préférerais tenter de trouver quelques petites start-up dans la génomique, le medical, l’internet ou autre que de mettre du cash dans les Crypto. Le commentaire de Duché précédement qui dit: « se réveiller dans 10 ans avec un iota à 100 euros, un btc à 100k, un éthereum à 10 000 etc etc… et se dire…. « si javais mis ne serais-ce que 5% de mon épargne pour voir »… » me fait plus penser à quelqu’un qui investit By fear of missing out que rationnellement. COmme la personne au bureau qui participe au groupe qui achète des billets de loto car il a peur que les autres gagnent, mais pas lui. Rappelez vous une chose en bourse: « Bulls make money. Bears make money. Pigs get slaughtered ».
Duché Maxime says
Alors en fait les crypto ne sont pas qu une simple spéculation bien au contraire. … ce sont justement des startups dont la vocation est d’utiliser une technologie qui peut changer la société et l’économie des années à venir.
Alors oui c’est risqué mais pas plus que d’investir dans une petite startups. Il faut voir plus loin que les analyses des cryptos qu’on voit sur boursorama ou BFM.
j’ai longtemps tenu votre discours sur les cryptos. Puis j’ai décidé d’étudier la chose et jme suis rendu compte que c’était plus que ça. J’ai donc mis une pièce dessus. Si je la perd ça ne change pas ma vie. Mais si je gagne la ça peut changer des choses.
Pierre says
Si je peux mettre mon grain de sel dans la conversation : par définition les cryptos sont un pur instrument de spéculation. Selon Benjamin Graham, spéculer c’est miser sur un instrument qui n’a aucune valeur intrinsèque, que ce soit en terme d’actif adossé à l’instrument ou de cashflow dégagé.
C’est donc valable pour les cryptos comme pour les petites sociétés de biotechnologies qui sont encore au stade de la recherche et n’ont aucun revenus. Elles ne paient rien et n’ont aucun actif pour garantir leur valeur, ce qui fait qu’elles peuvent tomber sans problème à zéro (à l’inverse de disons Coca-Cola par exemple qui est adossé à de gros cashflows réguliers, un branding fort, des murs physiques, etc)
Après je vous rejoins sur le fait que cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne faut pas tenter le pari sur une partie (très minoritaire) de son portefeuille (et en gérant ses risques). Mais effectivement il ne faut pas se leurrer sur l’aspect ticket de loto de ce genre de placement (on en revient un peu à l’article que j’avais publié sur la biotech Carmat : https://plus-riche.com/carmat-en-bourse) ; Cdt
Duché Maxime says
Justement c’est le fait que selon moi ce n’est pas qu une pure speculation. C’est plus proche de la bulle Internet que celle des tulipes.
Et pour prendre l’exemple d Amazon.. Amazon produisait elle quelquechose de prometteur quand le cours était très bas?
Pierre says
Ce n’est pas tant le potentiel de gain le problème sur ce genre de pari, c’est le potentiel de gains x la probabilité de trouver le « cheval gagnant » à l’instant T. Quelles étaient les chances d’avoir pile Amazon dans son portefeuille parmi les centaines de sociétés du secteur internet qui ne dégageaient aucuns profits à l’époque? Très faible. C’est comme le loto. Si on gagne, le montant est énorme, mais les chances de gagner c’est autre chose. Buffet l’exprimait assez bien en interview :
« A une époque il y avait tant de fabricants de voitures qu’il y avait de quoi remplir un annuaire.(…). Si vous aviez vu arriver les débuts d’une telle industrie, vous vous seriez surement dit « Voilà la voie vers la richesse ». Maintenant avançons dans les années 1990. Après un véritable carnage dans le secteur, il reste aujourd’hui trois grandes sociétés qui produisent des voitures aux Etats-Unis. Voilà donc une industrie qui a eu un énorme impact dans la vie des américains, mais pas sur celle des investisseurs. »
Maintenant on peut remplacer « fabricants de voiture » par cryptos, et vu les centaines (milliers?) de cryptos qui existent aujourd’hui, on peut raisonnablement estimer que 99% ne seront plus là d’ici quelques années et réduiront l’argent placé sur elles à zéro. C’est un peu cela le problème. Et certains pensent que le Bitcoin restera car c’était le premier (pourquoi pas), mais il faut voir que le Bitcoin est déjà largement dépassé par d’autres cryptos technologiquement à l’heure actuelle et que le gagnant sur un secteur n’est pas toujours celui qui remporte la mise à la fin (ex : Myspace et Facebook)
duché says
Bonjour Pierre,
En effet je suis 100% d’accord avec ce dernier commentaire c’est pourquoi je consacre moins de 10% de mon épargne sur ce support et que j’ai diversifié fortement mon portefeuille sur près de 20 projets différents, allant des valeurs les plus « solides » comme Bitcoin, Ethereum, Litecoin, aux projets les plus prometteurs mais très risqués, tout en passant par d’autres projets totalement révolutionnaires mais au stade de développement peu avancé à l’heure actuelle, ou encore des projets « sous cotés ».
A titre personnel, même si j’étudie les choses de mon coté, j’ai aussi fait le choix, sur ce sujet de suivre une personne ayant à la fois des compétences en tant qu’investisseur, entrepreneur et ayant toutes les qualités pour analyser les projets des différentes crypto puisqu’il est ingénieur et mathématicien de formation.
Cela ne change rien à la stratégie globale que j’applique, celle du portefeuille all weather que vous présentez dans votre super livre, j’ai juste changé la répartition de ce portefeuille en faisant une petite place pour les cryptos.
Pierre says
Oui l’essentiel reste de gérer ses risques et d’avoir une bonne allocation d’actifs, après on peut toujours tenter quelques paris plus risqués pour essayer de jouer les home runs. Il n’y a pas de bonne réponse universelle, c’est vraiment en fonction des objectifs, de la tolérance au risque et de la stratégie de chacun.