Une règle d’or en investissement est qu’un niveau de rendement élevé rémunère toujours une prise de risque élevée, c’est un principe fondamental qui régit le monde financier : rendement et risque vont de pair.
Les cryptodevises offrent de gros rendements car elles sont susceptibles de perdre 90% de leur valeur en quelques séances, un appartement à la campagne rapporte des rendements élevés car il y a plus de chances de ne pas y trouver de locataire, et les obligations du Venezuela rapportent actuellement des rendements colossaux car la probabilité de défaut du pays dans les 5 ans est de 95%.
La logique voudrait donc que les actions les plus risquées (les sociétés de biotechnologies, les microcapitalisations, les penny stocks, en bref les valeurs ultra spéculatives) soient les titres qui rapportent le plus à long terme aux investisseurs. D’ailleurs c’est souvent en suivant cette idée que beaucoup de gens s’orientent plus ou moins inconsciemment vers ce genre de société.
Et si pour une fois prendre plus de risques n’était pas synonyme de rendements plus élevés?
Comme nous allons le voir, plusieurs études ont prouvé qu’acheter les actions les plus risquées est en fait une terrible erreur.
Quand les actions les plus risquées rapportent le moins d’argent
En finance vous le savez peut être mais le risque est mesuré par la volatilité. Pour faire simple, la volatilité mesure l’amplitude des fluctuations d’un titre, et elle est généralement exprimée en pourcentage.
Si la relation financière classique (gros risque = gros rendement) était respectée, les actions les plus volatiles devraient donc rapporter le plus d’argent, n’est-ce pas?
Pourtant, les recherches ont prouvé que la majorité du temps, ce n’est pas le cas.
Voici un petit tableau classant de gauche à droite les rendements des actions les moins volatiles au plus volatiles :
Comme vous pouvez le voir ici, les 10% d’actions les moins volatiles ont rapporté en moyenne 9.79% par an sur les 50 dernières années.
Et à droite, les 10% d’actions les plus volatiles ont rapporté -0.30% par an sur la période de 50 ans testée pour un niveau de risque trois fois supérieur! Ouch.
Ce qui veut dire que sur les marchés actions non seulement nous ne sommes pas toujours payés plus parce que nous prenons plus de risques, mais qu’en plus miser sur des valeurs hautement spéculatives est une très mauvaise stratégie d’investissement à long terme.
Comment cela peut-il s’expliquer?
Comme j’aime à le répéter souvent sur ce site, si le secret d’un investissement immobilier réussi est l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement, le secret d’un investissement boursier réussi est la qualité, la qualité, la qualité (à prix raisonnable bien sûr, c’est là qu’est la difficulté).
Parmi les actions à très forte volatilité vous allez trouver les actions les plus spéculatives et de la plus mauvaise qualité que le marché ait à offrir : les sociétés dans leur phase de lancement qui ne font pas encore de bénéfices (et n’en feront peut être jamais), les sociétés en demi faillite, les sociétés qui ont un business model bancal, etc.
Beaucoup de titres de cette catégorie iront même jusqu’à être décotés, et donc à entrainer des pertes de 100% du capital investi pour les investisseurs qui auront eu le malheur d’y placer leur argent (si vous avez vu le film « Le loup de wall street », c’est dans cette catégorie que se trouvent les fameuses « valeurs à 3 sous » (penny stocks) que sa société vendait aux clients naïfs par téléphone).
A l’inverse lorsque le business model d’une société se stabilise : sa liquidité augmente, son prix augmente, son risque et sa volatilité diminuent. Beaucoup d’investisseurs prennent cela comme un signal négatif signifiant que la majorité des gains a déjà été réalisée, et que maintenant que l’action s’est popularisée, les rendements futurs seront faibles.
Comme le montre le tableau, ce raisonnement est totalement faux.
En fait c’est même pire que cela : un portefeuille d’actions composé uniquement des titres les plus volatils aurait retourné des rendements inférieurs à la moyenne dans toutes les périodes testées (comme on peut le voir sur ce tortueux graphique) :
A l’inverse, vous pouvez voir que les portefeuilles composés des actions les moins volatiles (en bleu foncé, rose clair et jaune) ont retourné à un investisseur des rendements positifs sur toutes les périodes testées.
Ils ont même retourné des rendements positifs sur la décennie incluant 2008, époque pourtant surnommée la « décennie perdue » par les financiers à cause des rendements calamiteux qu’ont retourné les actions sur cette période.
Intuition VS statistiques
Les résultats de cette étude montrent que ce que nous croyons savoir intuitivement se révèle parfois totalement faux, et qu’il est important de toujours prendre ses décisions sur la base de données objectives, testées et fiables.
Trop de gens agissent sur la base d’intuitions, de rumeurs, ou pire, sur les conseils de personnes n’ayant jamais pris la peine de vérifier ce qu’elles racontent (et comme le dit Ray Dalio : puisque les opinions infondées sont faciles à produire, on en trouve malheureusement en abondance).
En investissement, il existe peu de manières d’obtenir des rendements élevés en ayant le luxe de diminuer son risque, aussi lorsqu’on trouve certaines choses qui fonctionnent, il vaut mieux les utiliser.
Comment cela se traduit-il dans le choix de ses actions?
Et bien vous pouvez calculer la volatilité de vos actions (ce n’est pas très compliqué à faire avec un fichier excel, mais cela prend un peu de temps il est vrai).
Ou plus simplement vous pouvez éviter les valeurs spéculatives et vous en tenir, comme je le répète souvent, aux « actions ennuyeuses » : celles qui sont liquides, largement capitalisées, et qui ont un business model robuste et éprouvé par le temps.
Je ne l’ai pas précisé mais les actions à dividendes croissants présentent naturellement une volatilité inférieure à la moyenne, puisque seuls les business ayant atteint un certain niveau de stabilité et de viabilité peuvent se permettre de payer un dividende en augmentation régulière.
Et la présence de dividende permet également d’enlever une partie de l’aspect spéculatif, puisqu’on ne paie pas juste une société dans le but qu’elle s’apprécie, mais qu’on paie avant tout un cashflow régulier (comme quoi les choses qui fonctionnent se recoupent à un certain point).
Si ce genre d’étude vous intéresse vous en retrouverez bien d’autres du même genre dans la formation, et si vous aimez les stratégies permettant de dégager des rendements à long terme élevés à moindre risque, vous en retrouverez une excellente présentée en détails dans le nouvel ebook ; n’hésitez pas à y jeter un oeil!
Olivier de epargnersanssepriver.com says
Salut Pierre,
Complétement contre intuitif ces résultats. Comme quoi le plus sur est parfois le plus rentable. En tout cas merci de m’avoir ouvert les yeux sur ce sujet.
A plus
Olivier