Si vous aviez une stratégie boursière qui consiste à faire autre chose que d’acheter l’indice boursier américain au cours de ces derniers mois, il y a de bonnes chances que vous n’ayez pas eu de très bonnes performances. Ou du moins, que l’indice S&P 500 vous ait battu haut la main.
Cela a été le cas pour la plupart des gérants avec des stratégies orientées rendement, value, small caps, options… et cela a été le cas aussi pour le très populaire indice « Dividend Aristocrats« , qui a usuellement de bonnes performances, et sur lequel je vous propose de revenir ici.
Pourquoi est-ce le cas (et cela va-t-il durer)?
Ce sont les questions auxquelles je vous propose de répondre dans la suite.
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Le S&P 500 Surperforme (Presque) Tout Depuis 2023
Nous sommes actuellement dans une phase de marché où l’indice S&P 500 semble difficile à battre.
Les stratégies value, dividendes, taille, et tout ce qui couvrait les risques d’une éventuelle baisse, ou qui n’était pas 100% en actions a sous performé au cours de ces derniers mois.
Et dans cette liste de sous performers, il y avait (entre autres), le populaire indice « Dividend Aristocrats » (que j’évoque souvent sur le blog). Zoomons un peu sur cette récente déconnexion.
Si vous prenez mes résultats de l’an dernier, l’écart est un peu moins sévère car mon portefeuille personnel est un peu moins « anti techs » et possède un set de valeurs différents de l’indice aristocrats original.
Mais toujours est-il que l’an dernier, le portefeuille a conclu l’année avec un solide 10% d’écart par rapport à l’indice (+17% contre +26%).
Si vous reprenez les données historiques de l’indice Aristocrats, vous noterez que cette déconnexion a lieu essentiellement depuis l’an dernier.
… et si vous changez de référence et décidez de comparer l’indice S&P 500 equipondéré, vous observez aussi que (curieusement), une divergence de perfs se forme depuis la fin de l’an dernier.
Et en fait, c’est assez logique ici quand on regarde ce qui se passe sous le capot de l’indice S&P.
Voyons pourquoi cela a même de bonnes chances de continuer en 2024.
Un regard sous le capot de l’indice S&P 500
Les Raisons de la Surperformance
Si vous cherchez l’explication de cette apparente invincibilité récente, voici un petit « regard sous le capot » de ce qu’est l’indice S&P 500 aujourd’hui.
Vous arriverez sans doute ici à la même conclusion que moi en regardant ce qui se passe dans le détail : la part de valeurs technologiques dans l’indice est disproportionnée.
Google et Meta sont certes classées dans « communication« , et Amazon dans « consommation cyclique » pour la forme, mais le fait est qu’en regardant le poids de ces valeurs, et leurs proportions, vous pourriez facilement rebaptiser le S&P 500 le « S&P Tech Index« .
Tout est donc très concentré sur les Techs. Et c’est OK ici si vous êtes confortable avec le fait de vous concentrer excessivement sur les valeurs technologiques (au détriment de tout le reste).
Logiquement, avec la récente « tech mania« , l’indice surpondéré en Techs a donc nettement surperformé.
Une Pondération qui n’est pas sans Risque
Là où ce n’est pas forcement OK, c’est si vous pensez être effectivement bien diversifié sur 500 actions en détenant l’indice S&P 500. Regardez de nouveau le graphique ci-dessus.
Vous avez 6 titres (peut être 7), qui vont driver excessivement vos retours (tous concentrés sur le même secteur), et le reste qui compte basiquement pour pain et beurre (en dehors peut être du secteur de la santé #Biotech).
Là où ce n’est peut être pas OK non plus, c’est si vous êtes convaincu (comme c’est le cas pour moi) que les multiples de valorisation de vos valeurs comptent beaucoup pour ce qui sera de vos rendements futurs sur la prochaine décennie.
Voici le même graphique représentant le Panorama de l’indice S&P, mais avec en rouge et en vert cette fois-ci, les valorisations.
Vous vous retrouvez maintenant plutôt concentré, sur des titres plutôt chers.
Ce genre de dominance d’un seul secteur cher est déjà arrivée dans le passé bien sûr. A l’époque de la bulle internet par exemple, vous auriez été laissé dans la poussière pendant un bon moment en étant trop léger en techs… avant de connaitre un rattrapage massif post éclatement de la bulle.
Est-ce ce qui va se passer ici? Pas nécessairement. Comme je l’avais évoqué dans un autre article, à l’époque, la déconnexion entre les techs et les autres valeurs était encore bien plus forte qu’aujourd’hui. Mais n’oublions pas que le secteur des techs reste actuellement très drivé par la hype.
Et que les études académiques pointent vers le fait que détenir des portefeuilles très concentrés sur des actions avec des valorisations élevées débouche le plus souvent sur des retours médiocres.
Dans l’intervalle? Les Aristocrats peuvent être laissés dans la poussière pendant encore un bon moment tant que des titres comme Nvidia continueront à poster des trimestres qui explosent le consensus les uns après les autres.
(Notez que cette situation particulière explique en partie l’ajout opportuniste de Nvda, évoqué en début d’année, qui ne correspond pas trop à mon setup d’achat usuel).
En temps que stock picker « agile », si vous avez une bonne compréhension du contexte dans lequel vous évoluez, vous pouvez toujours ajuster votre portefeuille pour opérer d’une manière qui minimise les regrets, et qui reste alignée avec votre propre tolérance au risque.
Cependant, si votre objectif est de dégager des performances supérieures à l’indice dans la durée, et que vous espérez accomplir cette prouesse chaque année comme une horloge… et bien ce n’est pas exactement comme cela que les choses marchent dans les faits.
Tout est cyclique en Bourse (même les stratégies)
Toutes les stratégies boursières ont leurs forces et leurs faiblesses. Et toutes les stratégies sont cycliques.
Par définition, si vous avez quelque chose qui surperforme 100% du temps en bourse, tout le monde l’adopte et cela cesse de fonctionner.
Dans les faits, vous aurez des périodes (durables) où différentes stratégies surperforment et dominent le marché. Un exemple.
Et sur le long terme, vous pouvez surperformer l’indice avec un panier de valeurs de croissance, comme avec un panier d’actions value. Mais réalisez que le chemin ne sera pas facile, et que les gains ne se feront pas en ligne droite. Vous aurez de très bonnes années, et de mauvaises années.
Quand les bourses montent fort, les stratégies de croissance ont tendance à surperformer. Vous pouvez faire du +50/+80/+100% quand les indices montent de « seulement » +30%.
En marché plus difficile, ce genre de stratégie à tendance à « kracher » durement. Cela peut vouloir dire du -50%, -70%, -80% alors que l’indice n’en perd que 20.
Plusieurs choses fonctionnent en bourse, mais pas en même temps (et jamais tout le temps).
Vous avez le même genre de graphique que celui posté au dessus pour les larges capitalisations VS les petites, les marchés Europe VS les U.S, les cycliques VS les défensives, etc…
En 2022, le portefeuille U.S avait surperformé de près de 20% par rapport à l’indice S&P 500.
Aujourd’hui, c’est au tour du S&P de briller.
La partie la plus difficile de chaque stratégie boursière, c’est d’y coller même pendant les périodes difficiles.
Et vous n’irez nul part si vous sautez constamment sur la stratégie qui a l’air de bien fonctionner en ce moment, car vous aurez toujours un temps de retard sur ce qui marche (et des performances médiocres).
A l’inverse, les périodes de sous performance sur de bonnes stratégies sont usuellement de bonnes occasions de renforcer vos positions, car elles ouvrent la voie vers un potentiel rattrapage pour la suite.
Conclusion
Il y a souvent cette idée que les indices boursiers sont « magiquement imbattables » en bourse, mais si vous regardez sous le capot, et que vous comprenez comment ils sont construits (et ce qu’ils contiennent), les choses deviennent souvent un peu moins mystérieuses.
Comme toute stratégie, parfois ils surperforment, parfois non. Mais dans tous les cas, ils ne peuvent pas, par définition, délivrer des performances très supérieures aux principales actions qui les composent. Quelles sont ces actions en ce moment? Comment sont-elles valorisées?
Ce sont toujours de bonnes questions à se poser avant d’investir.
Si vous voulez une meilleure vision de comment je navigue les marchés mois par mois, de ce que je regarde au niveau des valorisations, avec mes portefeuilles exacts et des exemples d’actions concrets, vous pourrez retrouver tout cela dans la Newsletter (celle de Mai vient d’être publiée).
Dans l’intervalle je pense consacrer quelques autres articles au sujet des indices boursiers par la suite, aux idées reçues à leur sujet, et à la gestion des risques (en présentant notamment quelques ratios utiles, et sous utilisés)!
chritins jacquet says
Bonjour. Serait il possible de faire une matière sur « quand vendre ? ». C’est un peu sur lequel personnellement je ne suis pas au clair. Merci
Pierre says
Idéalement le moins possible, mais il peut y avoir plusieurs raisons variables qui entrainent une vente.
Une dégradation des fondamentaux (exemple 3M), une coupe de Dividende anticipée, un ordre stop touché…
L’idée générale à retenir est de vendre quand la thèse d’investissement initiale est sérieusement mise à mal ou invalidée.