Dernièrement, l’inflation a accéléré, les banques centrales ont commencé à changer leurs politiques, et la réserve fédérale américaine a décidé d’augmenter progressivement les taux d’intérêt afin d’éviter une surchauffe de l’économie.
Les hausses de taux d’intérêt sont elles mauvaises pour les actions? Vont-elle entrainer un krach boursier?
Ce sont des questions que beaucoup d’investisseurs se posent actuellement, et je vous propose donc d’y répondre un peu plus en détails dans l’article de cette semaine.
Au programme (entre autres) :
- L’impact des taux d’intérêt sur la santé de l’économie
- Les performance des actions pendant les périodes de hausse des taux
- Une autre variable (essentielle) pour la santé des bourses
Table des matières
Les taux d’intérêt, une variable clé pour l’économie
Dans la théorie, les taux d’intérêt sont une variable d’ajustement très importante.
La logique est la suivante : des taux bas permettent un accès facile à l’emprunt et au capital, pour les business comme pour les particuliers.
Du point de vue des business
Pensez à un prêt immobilier. Si les taux sont bas, un prêt vous coûte très peu cher. Vous pouvez acheter facilement.
Avec des taux très élevés, un prêt immobilier se paie cher et devient très coûteux pour vous dans durée. Vous y réfléchirez donc à deux fois avant d’emprunter beaucoup sur de longues périodes.
Pareillement pour les sociétés : l’accès au capital est plus difficile. Et la dette des entreprises qui y ont recours leur coûte plus cher, ce qui peut impacter leur rentabilité (plus de coûts de la dette = moins de bénéfices).
Du point de vue des investisseurs
Du point de vue d’un investisseur : si des bons du trésor (virtuellement « sans risque ») vous paient 3%, un dividende de 3% sur une action (techniquement un actif plus risqué) devient moins intéressant.
Inversement, si les obligations paient des taux de 1% ou moins (comme ce fut le cas ces dernières années), un dividende de 3% représente près de 3 fois le taux sans risque!
Techniquement le niveau des taux d’intérêt peut donc rendre les actions plus ou moins attractives. Du moins c’est la théorie. Voyons maintenant dans la pratique comment cela se matérialise.
Actions et taux d’intérêt : quel impact concret?
Voici un tableau présentant les rendements des actions durant les périodes de hausse des taux d’intérêt :
Comme vous le voyiez, les rendements des actions restent (en moyenne) largement positifs durant les périodes de hausse des taux. Et il est difficile d’établir une corrélation claire entre hausse des taux et chute des marchés.
Beaucoup de variables impactent les marchés actions (taux de croissance, taux de change, taux d’intérêt, niveau d’inflation, etc, etc). Comme vous pouvez le voir ici, les taux d’intérêt ne sont pas la variable qui a l’impact (positif ou négatif) le plus clair sur les prix.
Si vous voulez une variable qui a un impact beaucoup plus lisible (et dramatique) sur les marchés boursiers, ne cherchez pas plus loin que l’inflation. Voyons cela plus en détails dans le point suivant.
Actions et inflation : quel impact?
Voici un tableau reprenant les rendements moyens des actions durant les périodes d’inflation élevée, moyenne et faible :
Voici le détail ici pour chaque ligne (pour clarifier) :
- L’inflation « sévère » correspond à un taux d’inflation moyen de 15%
- L’inflation « haute » correspond à un taux d’inflation moyen de 6%
- L’inflation « modérée » correspond à un taux de 2.8%
- L’inflation « faible » à 1%
- La déflation a un taux de -3%
La relation est beaucoup plus claire ici : une période d’inflation élevée est mauvaise pour les actions (et très mauvaise pour les obligations).
Vous comprenez peut être pourquoi des gens tels que Michael Burry étaient anxieux à l’idée que l’inflation n’échappe au contrôle des banques centrales il y a quelques mois.
Et il semblerait que les banques centrales prennent le bon chemin en optant pour une hausse des taux, plutôt que de laisser l’inflation grimper sans essayer de l’endiguer (les investisseurs se plaignent parfois de ces hausses, mais elles sont de loin préférables à une inflation galopante).
Conclusion
Comme nous avons pu le voir ici, il existe parfois des écarts entre la théorie économique et la pratique (i.e : comment les choses devraient se passer sur le papier, et comment elles se passent effectivement).
Vous pourrez sans doute trouver sur internet des articles techniques expliquant pourquoi hausse des taux et actions ne font pas bon ménage. Mais dans les faits les données sont beaucoup plus floues. Et les rendements moyens restent toujours positifs durant les hausses de taux d’intérêt.
En revanche pour ce qui est des périodes d’inflation élevée : théorie et données se rejoignent pour nous dire collectivement que cela n’est bon ni pour l’économie, ni pour les actions.
Il sera donc intéressant de garder un œil sur ces chiffres en 2022 (même si comme je l’avais expliqué dans un précédent article, vous n’êtes pas obligé d’en subir les effets passivement, et vous pouvez privilégier les secteurs qui résistent le mieux aux périodes d’inflation).
stef says
Vos articles sont toujours très intéressants et documentés.
Mieux vaut 1 bon article hebdomadaire que 1 article miniable chaque jour
Bravo !
Pierre says
Merci Stef 😉
Kévin says
Excellent article très intéressant !