La nouvelle année vient juste de commencer, et il est légitime de se demander d’ores et déjà où investir en 2017! Je vais donc appliquer ici les grandes lignes de la méthode d’analyse que j’explique dans mon guide pour toujours savoir où placer son argent afin de déterminer où il est judicieux d’investir en 2017!
Ce que vous apprendrez dans cet article :
- Comment prendre une décision d’investissement éclairée sans essayer de prévoir le futur
- Les vraies raisons qui poussent les prix des actifs à la hausse ou à la baisse
- Pourquoi le fait que les actions se paient cher ou non a peu d’importance
- L’avis de Warren Buffet sur la situation économique actuelle
- Quels sont les investissements à privilégier en 2017 et pourquoi
- Quels sont les investissements à éviter en 2017 et pourquoi
Table of Contents
Où investir en 2017 : Une analyse de la situation économique actuelle
Où en sommes-nous?
Pour savoir où investir en 2017, je pense qu’il est important de faire d’abord un récapitulatif de la situation actuelle.
Nous sommes dans un environnement économique où les taux d’intérêts sont à un niveau extrêmement bas. Il y a peu ou pas de croissance en Europe, peu ou pas d’inflation, et le chômage se situe à un niveau plus élevé que la moyenne historique. Les tentatives de stimulation, que ce soit au niveau politique ou par l’intermédiaire de la banque centrale européenne, se sont pour le moment révélées peu ou pas efficaces.
Aux Etats-Unis la situation est économiquement meilleure qu’en Europe : le chômage est bas, la croissance est dynamique, et l’inflation est faible pour le moment mais reprend doucement le chemin de la hausse. Ce qui explique au moins en partie que les marchés actions américains soient bien plus hauts (et se paient bien plus cher) que les marchés actions européens.
Puisque j’écris dans la langue de Molière, je suppose que la plupart de mes lecteurs sont Européens et nous nous placerons donc dans cet article du point de vue d’un investisseur Européen.
Première question que l’on peut se poser après avoir lu ce bilan : l’économie est plutôt mauvaise en Europe, est ce que cela veut dire que l’on ne ne peux pas gagner d’argent en investissant?
Et bien étonnement : pas forcement. Si dans la croyance populaire, les marchés actions ont nécessairement besoin d’une économie florissante pour monter, nous verrons que dans les faits ce n’est pas le cas. Les marchés actions peuvent très bien monter en l’absence de croissance si certaines conditions sont réunies. C’est pour cela qu’il est intéressant de procéder à une analyse globale de toutes les classes d’actifs, et de prendre ses décisions par rapport à leur niveau relatif et non leur niveau absolu.
Je vais m’expliquer dans le point suivant. Mais avant tout une petite révélation qui changera peut être votre vision de l’économie et de l’investissement dans son ensemble.
Les investisseurs ne sont pas rationnels
Et de ce fait, les mouvements sur les marchés ne suivent pas toujours une logique économique « rationnelle ».
Voici ce qui se passe concrètement : des masses d’argent énormes se déplacent en permanence dans l’économie et ces masses d’argent ne peuvent rester « inertes », c’est à dire qu’elles ne peuvent pas simplement être laissées sur un compte à ne rien faire (comme un particulier pourrait le faire avec son compte courant).
Je vous en donne la preuve avec la situation que nous vivons actuellement (qui est tout à fait aberrante et qui a longtemps été considérée comme impossible par la littérature financière académique) : les taux d’intérêts négatifs.
Les taux d’intérêts négatifs signifient simplement que vous allez placer 100 aujourd’hui avec la certitude de récupérer 99 demain. Aucun individu rationnel ne ferait cela. Et pourtant. Certaines institutions (celles qui détiennent de colossaux capitaux) DOIVENT placer cet argent. Et elles ont tellement peur de prendre des risques qu’elles sont prêtes à littéralement payer les états (d’où le taux négatif) pour qu’ils utilisent leur argent.
Les quatre grands investissements possibles
Cette masse d’argent qui se déplace n’a concrètement le choix qu’entre quatre grandes classes d’actifs si elle veut du rendement :
- Les actions
- Les obligations
- Les matières premières
- L’immobilier
Typiquement, les actions et les obligations ont tendance à être inversement corrélées (c’est à dire que l’une monte quand l’autre baisse). Cette relation s’explique par le fait que les investisseurs se positionnent massivement sur les actifs risqués qui rapportent beaucoup quand tout va bien (les actions), et se replient massivement sur des actifs moins risqués quand les choses vont moins bien (les obligations).
La masse de capitaux se déplace des actions aux obligations. Les matières premières suivent des règles plus compliqués, mais l’or et les métaux précieux servent par exemple de valeur refuge lors de scénarios de crise (c’est pour cela que les métaux précieux ont explosé en 2008, on appelle souvent l’or une « assurance contre la fin du monde »).
Les capitaux se déplacent donc des actions aux obligations aux métaux précieux à l’immobilier dans un mouvement circulaire. L’argent ne peut pas sortir de ce circuit. Si vous souhaitez en savoir plus sur les relations entre les classes d’actifs et les raisons macroéconomiques qui font bouger ces masses de capitaux, je vous renvoie à cet article.
J’ai insisté sur ce point parce que cela aura son importance pour déterminer où il faut investir en 2017. Maintenant passons à l’analyse!
Où investir en 2017 : une analyse des 4 grandes classes d’actifs
Nous allons analyser en détails chacune de ces grandes classes d’actifs pour savoir où est placé l’argent actuellement, et où il est susceptible de se déplacer compte tenu des circonstances économiques actuelles. Si vous savez où va se déplacer l’argent, vous savez où investir en 2017!
Les Obligations
Les taux des obligations européennes sont extrêmement bas. Les obligations allemandes à 10 ans ont un taux négatif. Les obligations suisses à 10 ans ont un taux négatif. Les obligations française à 10 ans ont un taux d’intérêt de 0.18%.
Ceci s’explique par l’aversion au risque généralisée et par la peur de la déflation (qui favoriserait les obligations en tant que classe d’actif). Les taux d’intérêts étant en chute libre depuis des années et des années, les prix des obligations sont extrêmement élevés et les taux ridiculement faibles à tel point que l’on parle depuis des années de l’existence d’une gigantesque bulle obligataire. Historiquement, les obligations ont constitué un bon facteur de réduction de risque dans un portefeuille équilibré. Cela dit, au jour d’aujourd’hui, je ne suis pas sur qu’ajouter un actif extrêmement cher qui vous fera perdre de l’argent à coup sur en terme d’intérêts d’ici 10 ans ne constitue une grande aide pour votre portefeuille.
Si on se tourne du coté des Etats-Unis, les bons du trésors à 10 ans rapportent environ 1.5% à ce jour, c’est un peu mieux mais à ce taux là, autant ouvrir un Plan Epargne Logement chez votre banquier le plus proche. Pour mettre tout cela en perspective, dans les années 1980, les bons du trésors américains à 10 ans rapportaient environ 15% par an. Ce qui avait fait dire à plusieurs investisseurs célèbres de l’époque (dont Warren Buffet et Peter Lynch) que cela avait plus de sens d’investir dans les obligations que dans les actions, car il y avait peu de chances de pouvoir obtenir un rendement aussi élevé en étant positionné sur les actions. En inversant ce mode de raisonnement, je vous laisse imaginer ce qu’ils penseraient des obligations aux taux d’aujourd’hui…
Les Matières premières
Les matières premières sont peu chères actuellement. Leur problème principal étant qu’elles ne paient pas de rendement. Il y a de plus une très grande disparité dans le groupe « matières premières » dans son ensemble, puisque ceci inclut le pétrole, les céréales, les métaux précieux, et bien d’autres encore. Nous savons que le pétrole à atteint en 2016 des plus bas de proportions historiques, et il y a de très bonnes chances que le prix du baril remonte bien plus haut à long terme. Cela dit, il n’y a pas qu’une seule manière de jouer ce scénario. Vous n’êtes pas forcé d’acheter directement des barils de pétrole, vous pouvez acheter des sociétés pétrolières comme Total ou Royal Dutch Shell, qui non seulement vous paieront un dividende mais profiteront également d’une remontée des cours du pétrole (n.b. : attention avec ce genre de pari, les matières premières sont par nature extrêmement volatiles et ont toujours une fâcheuse tendance à aller là où l’on ne les attend pas).
Concernant les métaux précieux, les deux principaux catalyseurs qui les ont propulsé plus haut historiquement sont la peur et l’inflation. Actuellement l’inflation est extrêmement basse (quasiment nulle en Europe), et la peur n’est pas assez présente pour propulser les cours de l’or à la hausse (comme cela avait pu être le cas en 2008). Néanmoins le retour d’un de ces deux facteurs pourrait être synonyme d’opportunité d’investissement sur les métaux précieux (qui sont toujours loin de leur plus haut d’il y a quelques années).
Personnellement je dois dire que je ne suis pas par nature un grand fanatique de l’investissement sur les matières premières pour les raisons évoquées plus haut : elles ne paient pas de dividendes, et elles ont tendance à être extrêmement volatiles. Je vous renvoie à l’article « le meilleur investissement à long terme« , si vous souhaitez en savoir plus sur les performances historiques des grandes classes d’actifs (il y a un paragraphe détaillé sur les métaux précieux).
L’immobilier
L’immobilier n’est à la base pas une classe d’actif qui se porte très bien durant les périodes de déflation. La pierre étant un actif tangible, elle est sensible comme les matières premières à l’inflation. De plus les loyers sont également indexés sur l’inflation ce qui veut dire que si il y a de l’inflation, vos loyers seront réévalués chaque année à la hausse ET vos murs s’apprécieront chaque année. Si il y a de la déflation, le phénomène inverse se produira. Actuellement, il n’y a pas d’inflation en Europe. Néanmoins, en dépit de cela, le contexte actuel rend à mon sens l’investissement immobilier extrêmement intéressant pour une autre raison : les taux d’intérêts sont extrêmement bas. La banque vous prête quasiment gratuitement de l’argent pour acheter de la pierre.
Il faut savoir également que la marché immobilier est par nature très peu liquide et plein de disparités (si vous prenez les prix à Paris ou à Marseille, vous aurez deux marchés totalement différents), ce qui laisse toujours de la place pour les bonnes opportunités. Mon optique d’investissement habituelle est de se concentrer sur les opportunités qui sont devant nos yeux aujourd’hui, et de ne pas faire de projection sur les niveaux d’inflation ou de croissance futurs puisque par nature, personne ne peut savoir ce qui va se passer (et même les meilleurs économiste se trompent constamment). De ce point de vue, l’immobilier (acheté à crédit) constitue aujourd’hui un très bon placement.
Le raisonnement à suivre derrière cela est extrêmement simple : si je trouve un appartement qui me paie 5/7/9% par an, et que je peux acheter à crédit cet appartement avec de l’argent qui me coute 2% par an, je mets directement dans ma poche le différentiel d’intérêts. Ce qui veut dire que vous toucherez « gratuitement » 3% d’intérêts (sur de l’argent que vous n’avez pas) avec un appartement qui rapporte 5%, et 7% d’intérêts avec un appartement qui rapporte 9% (plus difficile à trouver).
Et même si les prix de l’immobilier baissent un peu, vous resterez gagnant à long terme (j’explique en détails pourquoi c’est le cas dans l’article devenir rentier immobilier en étudiant ce qui se passera pour vos investissements immobiliers à travers 3 scénarios économiques : hausse, baisse, et stagnation).
Les actions
C’est là que ça se complique! Beaucoup disent que les actions se paient aujourd’hui beaucoup trop cher, et il est vrai que les actions américaines se situent à des niveaux de prix très élevés (et relativement décourageants si on se réfère aux niveaux d’achats considérés comme intéressants que nous avions défini dans l’article « quand acheter des actions en bourse« ). Les actions Européennes quant à elles ont tendance à payer des rendements plus élevées et à se payer relativement moins cher que les actions Américaines actuellement.
Alors trop cher, peu cher, qu’en penser?
En réalité cela n’a pas tant d’importance. Car c’est là qu’intervient le concept des masses de capitaux évoqué dans la première partie de l’article. Nous sommes dans un monde ou nous devons payer les Etats pour qu’ils gardent notre argent. Les obligations ne rapportent rien. Les matières premières ne rapportent pas grand chose. Les monétaires ne rapportent rien. Les Livrets ne rapportent rien.
Cela veut dire que les investisseurs qui recherchent un rendement sont littéralement forcés de placer leurs capitaux sur les actions. Les conditions générales, indépendamment de tout concept de valorisation, sont très favorables aux actions. Tant que ces conditions générales ne changeront pas, et en l’absence de choc déflationniste majeur, le scénario à privilégier est que les actions se porteront très bien.
Pour vous assurer de la pertinence de ce mode de raisonnement, Warren Buffet lui même à appuyé ce cette idée dans une récente interview de la CNBC (dont voici deux extraits):
« Si jamais le gouvernement assurait que les taux d’intérêts resteront à zéro pour les 50 prochaines années, l’indice Dow jones serait à 100 000. »
« Si vous aviez des taux d’intérêts à zéro, et l’absolue certitude qu’ils soient là pour toujours, les actions pourraient sans problème se payer 100 ou 200 fois leurs revenus réels. »
Buffet est dans l’investissement depuis des décennies et il sait très bien qu’il ne suffit pas seulement de déterminer si un investissement est intéressant dans l’absolu, il s’agit de savoir si il est intéressant comparé à toutes les autres options dont on dispose. Il sait également que l’argent circule et qu’il doit se placer, c’est inévitable.
Où investir en 2017 : Conclusion
Voilà, c’est la fin de ce petit tour d’horizon économique. J’espère que cette étude vous aura été utile et vous orientera dans la bonne direction pour savoir où investir en 2017. La méthode d’analyse utilisée dans cet article peut être appliquée à n’importe quelles conditions économiques et vous aider à prendre une décision intelligente et à réduire les risques en toutes circonstances! Pour le moment vous l’aurez compris je privilégie l’immobilier (à crédit) et les actions à long terme (tout en gardant un oeil prudent sur les chiffres de l’inflation)!
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(Edit : et si vous souhaitez savoir où investir en 2018, il vous suffit de suivre le lien!)
En vous souhaitant de fructueux investissements!
Benoit Marzanasco says
Bonjour,
Article très riche et très intéressant.
Je suis tout à fait d’accord avec toi, les investisseurs font un choix par défaut en investissant sur le marché action. Le marché action va sans doute s’apprécier grâce au rendement toujours plus faible des autres actifs (hors immobilier) et non pas grâce aux fondamentaux économiques.
Toutefois, concernant les matières premières, il y a vraiment un tri à effectuer. On ne peut pas dire qu’elles soient sous-évaluées. Le pétrole semble se maintenir à un prix de 50$ du baril et l’or est à un plus haut depuis 3 ans. Bien sûr, il faudrait faire une analyse propre à chaque matière première.
Super article en tout cas, merci d’avoir partagé ta vision pour 2017 !
Pierre says
Salut Benoit! Merci pour ton commentaire!
Comme précisé j’investis rarement directement dans les matières premières (bien que j’ai eu brièvement de l’or dans le passé lors de sa folle course vers les 2000 USD/once!), c’est une classe d’actifs assez complexe à analyser et très volatile.
Néanmoins je me base ici sur les recherches de Mebane Faber (gérant de fonds et quant américain) qui attend, si l’histoire se répète, des retours de 40 à 96% sur les matières premières dans les 2 ans qui viennent.
Il base son analyse sur le fait que les matières premières dans leur ensemble ont connu plus de 3 années de marché baissier d’affilée, ce qui est très rare historiquement et à toujours débouché sur de très forts rebonds. De ce point de vue, les matières premières constitueraient actuellement une très bonne opportunité. Après c’est de l’analyse purement quantitative, donc à prendre avec des pincettes (si l’inflation ne redémarre pas, je doute qu’il se passe grand chose), mais c’est intéressant! Le lien de l’article si besoin : http://mebfaber.com/2016/04/21/50-returns-coming-commodities-emerging-markets/
Angoua Bernard says
Bonjour Pierre !!!
Merci de partager vos vision pour l’année 2017 . Je vous suis merci