J’aimerai profiter des évènements politiques de ces derniers temps et de l’élection de notre nouveau président pour faire un bref rappel sur l’impact (potentiellement fort et souvent négatif) que peuvent avoir les politiques sur une stratégie d’investissement, revenir sur l’importance de la diversification, et expliquer également pourquoi, contrairement à beaucoup, je ne me base pas uniquement sur les actions ou uniquement sur l’immobilier pour construire ma stratégie financière.
Changements de politiques et mort des rentiers
Vous le savez peut être, mais notre nouveau président a déclaré la guerre à la rente immobilière.
La ligne directrice du programme d’Emmanuel Macron (du moins celle qui est le plus souvent répétée) est « d’exonérer l’ensemble du capital productif qui sert la croissance économique, et de concentrer le gros de la charge d’impôt sur le capital non productif via une taxation de la rente immobilière. »
Traduction : en gros la position de fond d’Emmanuel Macron est d’être pro business, pro entrepreneuriat, pro bourse et anti immobilier, ce qui explique en grande partie la hausse massive des marchés actions dès l’annonce de son passage au second tour (+ de 4% en une journée pour l’indice CAC 40).
Si exonérer au maximum le capital dit « productif » servant à la croissance est à mon avis une très bonne idée, la seconde partie du programme est plutôt une mauvaise nouvelle pour vous si vous êtes un investisseur « tout immobilier » ou que vous détenez l’essentiel de votre patrimoine dans cette classe d’actif (et comme vous le savez sans doute les français aiment l’immobilier, et semblent naturellement enclins à s’orienter vers ce placement plutôt que vers la bourse, pas toujours à raison).
Ce serait donc l’occasion rêvée pour moi de vous réorienter ici vers ma superbe formation boursière tout en argumentant que vous allez mourir étouffé sous les taxes excessives si vous choisissez d’allouer la majorité de vos ressources à l’immobilier plutôt qu’à la bourse, mais je n’en ferai rien.
Tout d’abord parce que la fameuse taxe sur la rente immobilière d’Emmanuel Macron se concentrera à priori sur les individus à gros patrimoine. Et par gros patrimoine, je veux dire que si vous avez moins d’1 300 000 euros de placé en immobilier, à priori, vous devriez être tranquille (je pense que 99% d’entre nous se situent sous cette limite (du moins pour l’instant!).
Ensuite parce que cette mesure ne devrait concerner qu’un patrimoine immobilier intégralement remboursé et qu’un investisseur immobilier a généralement tout intérêt à acheter à crédit (vous savez pourquoi si vous avez lu mon article « où investir en 2017« ).
Néanmoins je pense que la situation actuelle est une très bonne occasion de faire une « piqûre de rappel » importante pour les investisseurs et tous ceux qui sont désireux d’atteindre l’indépendance financière : faites attention aux changements politiques et fiscaux si vous voulez vous constituer une rente solide et sécurisée.
Taper sur les rentiers est en effet loin d’être un concept nouveau, c’est même une stratégie de relance économique qui était défendue et recommandée par le célèbre économiste John Maynard Keynes dès les débuts du 20ème siècle (il suggérait, selon ses propres mots « d’euthanasier les rentiers » en utilisant un mélange de taux bas réduisant fortement la rentabilité du capital mixée à une taxation très lourde de ce type de revenus, une situation qui vous rappelle peut être quelque chose).
En temps qu’investisseur, vous vous en doutez, ce genre de politique peut conduire à quelques problèmes.
Le problème de la concentration
Je vois souvent trop de gens faire reposer le cœur de leur stratégie d’indépendance financière (ou de création de revenus complémentaires) sur une seule niche, une seule stratégie, une seule classe d’actifs.
Si vous vous placez sur une seule classe d’actifs, votre patrimoine sera par définition vulnérable (et votre rente également), car vous serez non seulement exposé aux risques liés aux fluctuations de cette classe d’actif, mais aussi à ceux liés aux changements politiques et fiscaux potentiels qui la concernent. Et sans grande surprise, l’immobilier, placement préféré des français, est généralement en première ligne pour ce qui est des réformes fiscales désavantageuses, il faut le savoir et agir en conséquence dès que l’on fait le choix d’y investir.
Bien entendu, si vous faites en plus reposer toute votre stratégie sur une niche à l’intérieur d’une unique classe d’actif, c’est encore plus risqué.
En disant cela je pense en particulier au cas de la location saisonnière. La location saisonnière est aujourd’hui une sainte manne extrêmement rentable pour ceux qui la pratiquent (soit dit en passant, elle demande aussi énormément de travail, c’est pour cela que personnellement je m’en tiens éloigné pour le moment, mon but (et le vôtre aussi sans doute) étant avant tout de générer des revenus passifs, pas de se créer un second job avec les contraintes qui vont avec, mais refermons cette parenthèse).
Le problème de la location saisonnière, c’est justement que tout le monde commence à voir que c’est une sainte manne et elle se retrouve donc à la fois dans le collimateur des hôteliers et de l’État français qui est toujours à la recherche de nouveaux secteurs à taxer généreusement pour renflouer ses caisses. Disons que personnellement, si j’étais loueur en saisonnier à temps plein, je ne serais pas 100% serein sur le fait que les revenus qui me permettent aujourd’hui de vivre confortablement me permettront de le faire tout aussi bien durant les 20 prochaines années.
Ceci est vrai aussi pour la location meublée (que j’utilise actuellement à titre personnel et qui est fiscalement excessivement avantageuse), c’est un très bon plan aujourd’hui mais il faut garder à l’esprit que cela ne durera pas nécessairement pour toujours.
La question se pose donc :
Comment investir sereinement dans un monde imprévisible?
Et bien on en revient toujours au fameux précepte évoqué par Benjamin Graham dans l’investisseur intelligent : la marge de sécurité.
Évitez par exemple d’investir dans un appartement si il n’est rentable que dans un régime fiscal spécifique et que vous n’arriverez plus à le rembourser au moindre changement (par exemple si il est rentable uniquement en meublé) : prévoyez une marge de sécurité qui vous servira de protection si jamais l’état décide subitement de jouer avec la fiscalité à vos dépends.
Évitez également de vous lancer massivement et en ayant recours à l’emprunt dans des secteurs qui sont évidement dans la ligne de tir de l’État en partant du postulat que la fiscalité actuelle durera éternellement (je pense au saisonnier).
Personnellement, je suis relativement confiant sur le fait que l’imposition des dividendes ne devrait pas beaucoup bouger dans un futur proche et que les PEA ne seront pas supprimés de si tôt pour plusieurs raisons : les français investissent peu en bourse (il y a donc peu d’argent à récupérer pour l’État comparativement à l’immobilier par exemple), et derrière la bourse on finance directement une société qui emploie de vrais gens et qui crée des emplois tout en assumant dans le même temps (aux yeux de l’État en tous cas) des risques financiers importants, ce qui attire souvent une certaine clémence fiscale.
Second conseil : diversifiez, diversifiez, diversifiez. J’essaie de parler de l’investissement en général sur ce blog et pas uniquement de l’investissement boursier. Déjà parce que les opportunités sont partout et que mieux vous saurez les repérer (indifféremment du secteur) plus vous serez susceptible de gagner de l’argent, et ensuite parce que ce n’est absolument pas sécurisant de concentrer toute sa stratégie sur une seule petite niche.
C’est une illusion qui peut être encouragée par le blogging de niche actuel qui a souvent tendance à promouvoir une méthode unique plutôt qu’une autre (les pros immobiliers auront tendance à vous dire que la bourse n’est pas un bon plan, et les pros bourse que l’immobilier est une source d’ennuis surtaxée) ; ne les écoutez pas. Les deux fonctionnent très bien si vous faites bien les choses. Et les deux sont tout à fait complémentaires (comme je l’explique dans mon superbe guide gratuit auquel vous pouvez accéder via le formulaire de droite) : il n’y a donc pas de raison d’être sectaire.
Les investisseurs 100% immobilier qui risquent de se faire taxer par Mr Macron ne se plaindraient pas aussi fort si ils avaient simplement pris la peine de diversifier leurs actifs (disons en actions de qualité par exemple) il y a quelques années de cela et qu’ils avaient bénéficié de la forte hausse liée à son élection. Et les investisseurs 100% bourse dormiraient probablement mieux la nuit durant les baisses de marché si ils détenaient un peu d’immobilier.
Les solutions extrêmes sont rarement les meilleures et jamais les plus sûres. Et nous vivons dans un monde où tout peut arriver. Pensez-y, et planifiez en accord avec ces réalités.
Vous n’aurez jamais le contrôle sur les réactions de l’État, mais vous aurez toujours le contrôle de votre stratégie.
Pierre says
J’aime beaucoup votre article car il est plein de conseils de bon sens.
En effet c’est vrai que trop de gens investissent uniquement dans l’immobilier car c’est confortable il suffit d’apprendre une fois, de maîtriser et voilà.
Mais la vraie démarche de l’investisseur est de se diversifier en se formant sur les grands piliers de l’enrichissement : internet, bourse et entreprise
C’est vraiment un bon conseil de se diversifier car cela prémunit effectivement des évolutions réglementaires et dieu sait que nous sommes en france dans un pays instable à ce niveau !
Pierre says
Effectivement, ce n’est pas trop grave d’avoir une diversification limitée tant que l’on est salarié, mais pour quelqu’un qui souhaite réellement devenir indépendant financièrement ou pour une personne retraitée qui n’a plus de rentrées d’argent régulières et conséquentes en dehors de celles de son patrimoine, diversifier et sécuriser ses sources de revenus est une priorité absolue.