Dans cet article je vous propose que nous voyions ensemble les principaux points à retenir d’un livre culte dans le monde financier : l’investisseur intelligent de Benjamin Graham.
Ce classique intemporel a inspiré un grand nombre d’investisseurs professionnels et privés, et il est considéré par Warren Buffett comme le « meilleur livre sur l’investissement jamais écrit ».
Ce que nous verrons dans cet article :
- Qui était Benjamin Graham
- Les rendements annuels qu’il obtenait en utilisant ses méthodes
- Les 10 points principaux à retenir de son livre culte « l’investisseur intelligent »
Table of Contents
Qui était Benjamin Graham?
Benjamin Graham était un investisseur, un gérant de fonds et un professeur de finance à la Columbia University.
Il est le père de « l’investissement dans la valeur« , une approche consistant à rechercher des sociétés temporairement sous évaluées afin de sécuriser ses investissements grâce à ce qu’il appelait une « marge de sécurité » (et de potentiellement réaliser de gros profits durant la phase de réévaluation du titre par le marché).
Grace à cette approche, sa société d’investissement a réalisé des rendements moyens d’environ 20% par an entre 1936 et 1956 ce qui est une performance exceptionnelle.
Benjamin Graham est largement connu aujourd’hui car il était le mentor de Warren Buffett, qui a comme chacun le sait accumulé une fortune colossale en appliquant les enseignements de son professeur.
Il explique en détails ses méthodes dans son livre culte et intemporel écrit en 1949 : l’investisseur intelligent.
Voyons donc ensemble quels sont les points clés de sa philosophie d’investissement.
Les 10 principaux enseignements de l’investisseur intelligent
Voici un résumé du livre au format vidéo (pour ceux qui préfèrent, sinon vous trouverez la version texte juste en dessous) :
1/ Éviter la spéculation
Le premier chapitre de son livre est une mise en garde.
Il recommande à tous les investisseurs de se tenir aussi loin que possible de la spéculation ou tout au moins de tenir bien distinctes ses activités d’investisseur et ses activités de spéculateur, et de ne surtout jamais rajouter d’argent suite a des pertes sur un compte dédié à des activités spéculatives.
Selon lui un individu qui désire placer de l’argent avec succès sur les marchés doit agir « comme un investisseur et avec constance, pas comme un spéculateur« .
2/ Toujours diversifier ses placements
Benjamin Graham est resté dans l’histoire pour ses méthodes de sélection des actions.
Néanmoins dès les premiers chapitres de son livre il recommande à un investisseur défensif de ne pas placer tout son capital en actions mais de le répartir équitablement entre actions et obligations en fonction de son niveau de tolérance au risque.
C’est un principe bien connu aujourd’hui mais qui était moins répandu à l’époque. Il est toujours très largement appliqué à ce jour dans l’industrie financière, vous pourrez trouver plus d’informations sur ce point dans l’article comment créer le portefeuille boursier idéal.
3/ Éviter les valeurs de croissance
Voici ce que dit Benjamin Graham sur les valeurs de croissance :
« Le terme de valeur de croissance est utilisé pour un titre ayant un taux de croissance historique bien supérieur à celui du marché. De telles perles rares semblent désirables à condition que leur prix ne soit pas excessif. C’est là que se pose le problème car nous savons d’expérience que de telles valeurs ne peuvent être acquises qu’à des prix très élevés par rapport à leurs revenus courants. Cette caractéristique induit un fort élément de spéculation rendant les possibilités de gains sur ces titres très aléatoires. » (extrait de « L’investisseur Intelligent »).
(on reconnait la même aversion que chez Buffett pour l’investissement dans les valeurs spéculatives).
4/ Utiliser le « Dollar cost averaging »
Le Dollar cost averaging consiste à placer une somme identique régulièrement sur les marchés en automatique de manière à lisser son prix d’entrée sur les titres choisis (on peut par exemple choisir de placer 100 euros (ou dollars) tous les mois en bourse).
Ceci permet d’éviter de rentrer dans le timing de marché (qui est une activité qui relève plus de la spéculation que de l’investissement selon lui) tout en évitant d’investir l’intégralité de son capital au plus mauvais moment. Cela force également l’investisseur à rester discipliné.
Vous en apprendrez plus à ce sujet dans l’article comment gagner en bourse simplement.
5 / Se former et acquérir les compétences nécessaires avant d’investir
Graham revient à plusieurs reprises sur les ambitions de gains importantes du grand public qui ne peuvent par nature être atteintes avec un niveau de connaissances boursières faible.
Il recommande dans son livre de rester sur des supports d’investissements relativement sécurisés (obligations et quelques actions défensives) jusqu’à avoir acquis les connaissances suffisantes et avoir atteint le niveau d’investissement requis pour pouvoir augmenter la part de ses investissements en actions.
Graham recommandait donc de se former en profondeur avant d’envisager de placer des sommes importantes.
6 / Être contrarien et profiter des krachs boursiers pour acheter
Graham insiste sur la tendance naturelle des foules à éviter la bourse suite à des années noires et à y rentrer massivement une fois que le marché est bien monté et parait « plus sûr » (ce qui conduit bien sûr à toujours entrer au plus mauvais moment).
Le livre a été écrit dans les années 1940 et nous avons pourtant assisté à ce phénomène encore tout récemment. Suite au krach boursier de 2008 la plupart des investisseurs ont fuit largement et durablement les actions.
Aujourd’hui (presque 10 ans plus tard), les actions sont encore vues comme une classe d’actifs « dangereuse » et risquée du fait de cet évènement. Le marché haussier qui a eu lieu entre 2009 et aujourd’hui est qualifié par beaucoup de « marché haussier le plus détesté de l’histoire » car la plupart des investisseurs et des chaines financières en prophétisent chaque année la fin.
Le jour ou cette tendance s’inversera, il sera probablement temps de devenir plus prudent selon Graham.
7/ Ne tenir aucun compte des fluctuations quotidiennes du marché
C’est un des points essentiels du livre. Petite citation :
« Un investisseur sérieux ne pensera jamais que les fluctuations quotidiennes du marché font de lui un homme plus riche ou plus pauvre. » (extrait de « l’investisseur intelligent »).
Beaucoup d’investisseurs ont moins de mal à acheter et conserver un actif qui est moins liquide (comme un appartement) plutôt que des actions pour la simple raison que le prix de l’appartement ne s’affiche pas tous les jours, et que cela les tranquillise psychologiquement (c’est une illusion car visibles ou non, les prix des actifs bougent en permanence quoiqu’il en soit).
Cette préférence pour les actifs qui ne cotent pas directement est selon lui un non sens : les cotations des actions sont faites pour pouvoir acheter et revendre en un clin d’œil en toutes circonstances (ce qui est un avantage énorme par rapport à un appartement par exemple, qui peut mettre des mois à être vendu).
Selon Benjamin Graham les investisseurs qui se laissent troubler par les fluctuations des cours boursiers transforment un avantage (la liquidité) en un désavantage :
« Un véritable investisseur n’étant jamais forcé de vendre ses actions, il ne doit prêter aucune attention aux fluctuations journalières des cotations. L’investisseur qui se laisse troubler excessivement par les baisses de marché injustifiées de ses titres transforme de manière perverse un avantage en un désavantage. Cet homme gagnerait en effet à ce que ses titres ne cotent pas du tout car cela lui éviterai bien des troubles causés par les erreurs de jugement des autres. » (extrait de « l’investisseur intelligent »)
8/ Compter uniquement sur soi même pour gérer ses investissements
Benjamin Graham partageait la même aversion que beaucoup de financiers envers le fait de confier la gestion de son argent à quelqu’un d’autre que lui même.
« Si la seule raison pour laquelle les gens investissent est de gagner de l’argent, alors en recherchant des conseils, ils demandent aux autres de leur expliquer comment faire. Cette idée est pleine de naïveté. Les hommes d’affaires recherchent des conseils sur de nombreux sujets, mais il ne leur vient pas à l’esprit de demander à quelqu’un comment faire des profits. Ceci est de leur ressort. Quand un individu se repose sur quelqu’un d’autre pour rentabiliser ses investissements, il a une exigence qui n’a pas d’équivalent dans le monde des affaires. » (extrait de « l’investisseur intelligent »)
(Note de l’auteur de l’article : c’est aussi pour cette raison que je donne (vous l’aurez remarqué) relativement peu de conseils directs du genre « achetez l’action X ou Y » sur ce site, mais que je préfère vous apprendre des méthodes pour investir vous même plutôt que de vous donner des recommandations d’achats qui ne feront pas grand chose d’autre pour vous que de vous tenir dépendants de celles-ci, et de vous mettre dans le doute permanent car vous ne maitriserez pas forcement la méthode qui guide ces décisions.)
9/ Acheter des sociétés de qualité et ne pas payer trop cher
Graham donne ses principaux critères d’achats, les sociétés sélectionnées doivent selon lui :
- Avoir une taille suffisante (les petites entreprises risquant plus que les autres de se retrouver confrontées à des difficultés)
- Avoir une situation financière forte (c’est à dire ne pas être trop endettées)
- Dégager des bénéfices stables dans le temps (personne ne veut détenir des sociétés qui perdent de l’argent)
- Verser des dividendes stables (vous savez déjà pourquoi si vous lisez régulièrement ce site)
- Être dans une dynamique de croissance (personne ne veut acheter de titres dans des secteurs mourants ou déclinants)
- Être achetées à un prix raisonnable (la meilleure société du monde ne doit pas être achetée si elle est trop chère).
Ces règles sont évidemment très similaires à celles qu’appliquent un certain Warren Buffett vous l’aurez remarqué. Graham développe chacun de ces aspects plus en détails dans son livre. Je vous en recommande la lecture si ses méthodes vous intéressent plus avant.
10/ Investir avec une marge de sécurité
Graham est connu pour son fameux principe de « marge de sécurité ». Voici ce qu’il en dit.
« Face au défit ambitieux auquel nous sommes confrontés pour distiller en trois mots les secrets de l’investissement sain nous proposons ces trois mots : marge de sécurité ».
« La marge de sécurité est toujours fonction du prix payé. Elle sera confortable à un prix donné, faible à un prix plus élevé et inexistante à un prix supérieur. »
« Dans le cas d’une action, la marge de sécurité réside dans l’espoir de dégager une capacité bénéficiaire nettement supérieure aux taux courants des obligations. »
Concrètement acheter un actif avec une marge de sécurité signifie le payer moins que sa valeur réelle (c’est un concept qui peut être appliqué dans absolument tous les domaines de l’investissement). L’écart entre la valeur payée et la valeur réelle servira alors de « coussin » qui viendra sécuriser l’investissement.
C’est un concept simple sur le papier mais difficile à appliquer dans les faits car dans les actions qui se paient peu cher, il y a souvent énormément de mauvaises sociétés et il faut être capable de différencier la bonne affaire du piège.
Voici d’ailleurs ce que dit Graham sur l’importance de la qualité avant tout :
« Le risque de payer trop cher un titre de qualité n’est pas le principal danger auquel se retrouve confronté l’actionnaire moyen. L’observation nous a appris que le gros des pertes provient de l’achat de titres de faible qualité en périodes économiques propices. Les investissements acquis en période faste à des prix intégrant beaucoup d’optimisme sont destinés à subir de belles déprimes de cours lorsque des nuages apparaitront à l’horizon, ce qui arrive toujours bien plus tôt qu’on ne le pense. Alors l’investisseur ne pourra plus compter sur un rétablissement éventuel car il n’aura plus aucune marge de sécurité pour soutenir le titre en cas d’adversité. »
Certains pensent à tord que le prix bas est le coeur de l’approche « value » de Graham et Buffett, mais l’essence de leur stratégie est avant tout la qualité achetée à prix raisonnable.
Conclusion
Les écrits de Graham ont inspiré beaucoup d’investisseurs (« l’investisseur intelligent » fait d’ailleurs partie de mon top 10 des meilleurs livres sur la bourse), et selon Warren Buffett il serait « impossible de se tromper » en appliquant ses enseignements.
Néanmoins l’approche de Graham nécessite malgré tout d’acquérir un certain niveau de compétence pour être capable d’évaluer correctement la valeur intrinsèque d’une société.
Elle nécessite également une discipline inébranlable pour éviter de tomber dans le jeu de l’achat/revente, et implique d’être capable de conserver ses investissements des années si nécessaire tout en maintenant ses convictions intactes (chose qui implique d’avoir une grande confiance dans les méthodes employées).
J’espère que ces 10 principes clés vous auront aidé, et si vous voulez en savoir plus sur les stratégies d’investissement de Graham, je vous invite à lire l’investisseur intelligent.
Yoann says
Bonjour Pierre,
Je suis complètement en phase avec sa méthode d’investissement.
Contrairement à pas mal de personnes de mon entourage j’investis avec méthode et je me laisse pas troubler par les fluctuations temporaires du marché … Et ça marche +12% sur mon PEA l’année dernière.
Les gens gagneraient à plus se former avant d’agir …
Yoann
Pierre says
Salut Yoann,
Belle performance! Tu as 100% raison pour la formation et pour ce qui est d’avoir une méthode.
Toute la difficulté une fois les bonnes techniques acquises est d’arriver à coller à son style d’investissement dans la durée et quelles que soient les conditions de marché, c’était une des grandes forces de Buffett et de Graham.
Jordan says
Article très intéressant comme tout votre blog. Merci beaucoup, continuez comme cela 🙂
Pierre says
Salut Jordan,
Merci pour le commentaire et les encouragements 😉