En travaillant dans la finance, j’ai eu la chance de pouvoir côtoyer des gens fortunés (souvent à un niveau modeste, parfois à un niveau stratosphérique). Et tous ou presque étaient toujours en activité. Pourquoi les riches continuent de travailler (malgré leur fortune)?
C’est une question légitime que l’on peut se poser lorsqu’on se retrouve de l’autre coté de cette équation (c’est à dire qu’on travaille surtout parce qu’on a pas le choix, et que l’on s’en passerait bien si nous le pouvions).
Cependant, l’étude des raisons qui poussent ces gens à continuer de travailler est riche d’enseignements, et pourrait vous éviter de faire bien des erreurs dans votre voyage sur le chemin de l’indépendance financière.
Ci-dessous, les 5 profils récurrents que j’ai eu l’occasion de rencontrer au cours de mes années au contact des 1%.
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1/ L’hyperactif
Vous vous en serez probablement rendu compte si vous avez essayé, mais devenir riche est difficile. Et les gens qui y parviennent (sans héritage) sont souvent des bourreaux de travail qui enchainent les semaines de 60 à 80 heures, et ce pendant des années.
La plupart du temps ce sont aussi des gens créatifs, avec une pointe de troubles obsessionnels (c’est généralement ce qu’il faut pour rester concentré sur un objectif de manière monomaniaque, et développer la vision en tunnel nécessaire pour enchainer les heures, jour après jour).
Une fois en retraite anticipée, après des années de sprint, tout ce temps de travail, de stimulation intellectuelle, de résolution de problèmes et d’émulation se retrouve souvent remplacé par… rien!

Et ce « rien » est au mieux très désagréable, et au pire, pose le terrain idéal pour faire une dépression carabinée pour ce genre de profil.
(C’est un problème classique rencontré par beaucoup de gens. Tim Ferris y a même consacré un chapitre dans son best seller « la semaine de 4 heures » intitulé « remplir le vide », qui explique comment bien vivre la transition du passage d’une semaine de 50 heures à une de 4).
Beaucoup de gens se retrouvant dans cette situation se rendent alors compte qu’arrêter de travailler n’est pas le paradis envisagé, et qu’ils étaient plus heureux en tendant vers un objectif qu’en étant oisifs. Comme le disaient les stoïques, ils se rendent compte qu’au final « l’obstacle était la voie« .
2/ Le prisonnier
Peut être avez-vous déjà entendu l’expression de « menottes dorées« , pour désigner la situation d’une personne qui occupe une position très bien payée qu’elle déteste, mais qu’elle refuse de quitter (le plus souvent salariée).
Paradoxalement, on trouve le plus souvent ce genre de profil chez les hauts à très hauts salaires. Pensez-y ainsi : si vous quittez un job payé 1200 euros/mois, vous êtes relativement confiant dans le fait que vous ne perdez pas grand chose, et que vous pourrez en retrouver un équivalent (ou mieux) sans trop de problèmes.
Prenez maintenant le cas de quelqu’un qui gagne 5000, 10 000 ou 20 000 euros par mois. C’est généralement le genre de boulot que l’on trouve par extrême qualification, par extrême chance, ou parce qu’on a réussi à se rendre indispensable, au prix de gros efforts.

Une autre condition importante pour avoir le profil du « prisonnier« , c’est d’être très attaché à son haut train de vie, et d’avoir derrière soi des années d’augmentation de ses dépenses courantes (généralement proportionnelles au niveau de ses augmentations de salaires).
Un appartement trop grand, un gros crédit immobilier, des enfants en école privée, une compagne (/compagnon) habitué(e) à un certain standing que vous ne voulez pas décevoir, des amis proches avec des hobbys coûteux…
Comme le dit Warren Buffett « les chaines de l’habitude sont trop légères pour être senties jusqu’à ce qu’elles deviennent trop lourdes pour être brisées« , et il est très difficile de rompre le cercle vicieux de décennies de mauvaises habitudes financières cumulées.
La meilleure option pour éviter de se retrouver dans la situation du prisonnier, c’est de cultiver dès le début une appréciation détachée pour tout ce qui ne nous est pas directement indispensable. Une autre est de cultiver de saines habitudes financières.
Si vous êtes augmenté de 20%, augmentez vos dépenses de 10%. Profitez sans flamber.
3/ Le compétiteur
Le compétiteur est sans doute le profil le plus détesté de cette liste (il est aussi très répandu malheureusement). Le compétiteur ne juge sa valeur personnelle que par celle de son compte en banque (et par la position qu’il occupe dans la société).
On reconnait généralement les compétiteurs par leur tendance à monologuer longuement sur des sujets qui n’intéressent personne (niveau de revenus, carrière, nombre de conquêtes, en bref, tout ce qui touche de près ou de loin à leur personne).
Si vous travaillez (ou souhaitez travailler) dans la finance, préparez-vous : ils sont légion.

Malgré une grande culture, et une intelligence élevée, le compétiteur n’a généralement pas son pareil pour se faire détester rapidement lors d’une soirée cocktail. Il passera souvent pour un narcissique/égocentrique (ce qu’il est). Pourtant, quand on y réfléchit, sa situation est tragique.
Sous ses airs arrogants et prétentieux, le compétiteur est en général plein d’insécurités, et cache un besoin désespéré de validation. Le regard des autres compte énormément pour lui, et comme dans l’exemple des « menottes dorées » : le compétiteur crée lui même une prison de laquelle il ne peut s’échapper.
Parce qu’il y aura toujours quelqu’un de plus riche, ou de plus talentueux que lui. Et comme il ne peut l’accepter, il continue de courir pour essayer de finir premier d’une course que personne ne peut gagner.
Pour le compétiteur, vivre sans travailler est impossible car toute sa valeur personnelle est liée à son statut social et/ou à son compte en banque. La course du compétiteur se termine généralement par un gros burn out, durant lequel il remet en question l’intégralité de son système de valeurs.
4/ L’anxieux
La philosophie de l’anxieux, c’est qu’il faut travailler dur pour devenir riche, et encore plus dur pour le rester. Pour lui, la richesse n’est pas une ligne d’arrivée mais un état transitoire, qui peut disparaitre à n’importe quel moment.
L’anxieux peut posséder un parc immobilier de 20 lots, un portefeuille boursier à 7 chiffres, et un stock de métaux précieux suffisant pour acheter un petit état : il n’envisage pas une seule seconde de s’arrêter de travailler pour autant.
Parce que dans l’absolu, une météorite pourrait s’écraser sur ses immeubles, une tempête solaire balayer les serveurs qui contiennent ses titres, une invasion de sauterelles dévaster ses terrains agricoles… et ainsi de suite.

Peu importe le niveau de richesse de l’anxieux, il n’atteint jamais le seuil qui lui permet de se sentir « en sécurité« . Le fruit de son travail « actif » n’est qu’une seule de ses 75 sources de revenus, mais il refuse obstinément d’y renoncer, parce que « sait-on jamais« .
Une partie de ses investissements sont souvent réalisés en terrains cultivables, et en matières premières, et il possède parfois dans son sous sol un stock de conserves suffisant pour survivre à deux hivers nucléaires.
L’anxieux ne se rend pas compte que son problème n’est pas financier, et a toujours l’impression qu’il est à quelques zéros de plus de pouvoir prendre sa retraite.
5/ Le passionné
Je sais, cela peut paraitre incroyable. Mais il y a des gens qui travaillent parce qu’ils aiment ce qu’ils font.
Et qu’ils continueraient de le faire si ils n’étaient pas payés (même si à mon avis, ils préfèrent l’être, parce que pour ceux qui comme moi ont été musiciens un jour, sachez que personne n’aime que l’on rémunère ses prestations avec une pinte de bière, et une assiette de pâtes froides).

On ne va pas se mentir : les passionnés sont une minorité, et on les trouve majoritairement dans des domaines artistiques, entrepreneuriaux ou créatifs. Parce qu’inventer des choses, et les partager avec les gens, et bien fondamentalement c’est une chose vers laquelle plus de gens devraient tendre, si vous voulez mon avis.
D’un point de vue personnel, le passionné est probablement le mieux positionné de cette liste.
Il n’arrête pas de travailler parce qu’il est tenu par une quelconque contrainte sociale, financière, personnelle ou imaginaire, mais simplement parce qu’il l’a choisi.
Conclusion
Les raisons qui maintiennent une personne active sont loin d’être uniquement financières. Et riches ou non, nous avons tous en nous certains des traits de caractère des 5 profils présentés ici.
J’ai évidement grossi (un peu) les choses, mais la prochaine fois que vous vous demandez pourquoi une personne riche de votre entourage travaille encore : je suis sur à 99% que vous pourrez la ranger dans une des catégories présentées. Bien sûr, cette liste n’est pas exhaustive.
On pourrait y ajouter de nombreuses autres raisons « techniques », comme le manque de connaissances, qui les pousse parfois à sous estimer ce qu’ils peuvent accomplir avec leur patrimoine (un problème généralement facile à résoudre avec un peu d’éducation financière).
Cela peut sembler difficile à croire, mais en étudiant la question, vous vous rendrez souvent compte qu’en dehors de quelques passionnés : la plupart des gens riches se retrouvent malgré leur fortune (et comme beaucoup d’entre nous), victimes de prisons qu’ils ont eux même construit.
Excellent article comme souvent.
Pour ma part, passionné et anxieux