Les dépenses liées au logement constituent le poste de dépense principal des ménages et sont en constante augmentation depuis la fin des années 1960. Que l’on soit propriétaire ou locataire, ce sont entre 18 et 40% des revenus mensuels en moyenne qui sont consacrés aux dépenses de logement selon l’INSEE.
Avoir une stratégie financière vous permettant d’optimiser ce poste de dépenses peut littéralement vous faire gagner des dizaines de milliers d’euros en l’espace de quelques années, et c’est de cela que nous allons discuter dans cet article.
Savoir quelle est la meilleure option entre acheter ou louer son logement est essentiel pour assurer son enrichissement à long terme, pourtant les réponses apportées à cette question sont souvent confuses, incomplètes ou contradictoires.
Certains assurent que payer un loyer est une perte d’argent régulière qui vient enrichir son propriétaire. D’autres que les frais courants d’une résidence principale sont trop élevés, et qu’il vaut mieux préserver sa capacité d’endettement pour faire de l’investissement locatif.
Qui a raison, qui a tord? Quelle est la meilleure option? C’est ce que nous allons voir dans cet article.
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Propriétaire ou locataire : quelle est la meilleure option?
Pour moi acheter sa résidence principale pour éviter de devoir payer un loyer semblait initialement être l’option évidente à choisir pour s’enrichir. Mais les choses ne sont en fait pas si simples. Ceci pour plusieurs raisons. Acheter sa résidence principale entraine en réalité beaucoup de frais qui prennent énormément de temps à être amortis (frais de notaire de 8.5% du prix d’achat, frais de l’agence immobilière généralement autour de 5% ce qui fait une somme rondelette si on achète un bien à 200 ou 300 000 euros, taxes, charges mensuelles, travaux éventuels) et qui rendent l’opération peu rentable, voire vous feront perdre de l’argent si vous ne prévoyez de vivre que quelques années dans votre appartement.
En plus de cela il y a un facteur très important à prendre en compte : l’argent que vous remboursez au début de votre crédit immobilier est essentiellement composé d’intérêts. C’est à dire qu’au cours des premières années de remboursement, la majorité de vos mensualités ne viennent pas payer votre appartement mais les intérêts de la banque. Par exemple sur un crédit à 25 ans de 300 euros par mois, seuls 160 ou 170 environ paieront votre bien et les 140 restants paieront les intérêts que vous devez à la banque. Au bout d’un an vous n’aurez donc pas remboursé 300 euros x 12 mois = 3600 euros comme on pourrait le croire au premier abord, mais 170 x 12 = 2040 euros. La différence est importante. Si vous achetez un bien vous devrez donc payer frais de notaires + frais d’agence + frais courants + intérêts bancaires, ce qui peut vous conduire, si vous le revendez par exemple au bout de 5 ans pour acheter quelque chose de plus grand, à des pertes importantes en capital.
Un exemple chiffré : vous achetez un appartement 100 000 euros + 8500 euros de frais de notaire + 5000 euros de frais d’agence pour un total de 113 500 euros.
- Vous empruntez les 100 000 euros au prix du marché (et payez les 13 500 euros de frais en cash).
- Vos mensualités sont de 517 euros aux taux actuels (nous considérons que 200 sont des intérêts, et 300 paient votre bien).
- 5 ans x 300 euros remboursés à la banque par mois x 12 mois = 18 000 euros remboursés à la banque au bout de 5 ans.
- Retranchez 50 euros de charges mensuelles x 12 mois x 5 ans = 3000 euros de charges à régler. 5000 euros de travaux (ce qui est vite arrivé pour rafraichir un appartement dans lequel on veut vivre), et 1000 euros de taxes foncières (200 x 5 ans).
- Vous en êtes à 122 000 euros dépensés et 18 000 remboursés. 122 000 – 18 000 = 104 000 euros restants.
- Si vous revendez votre appartement 5 ans plus tard au même prix que vous l’avez acheté, vous avez en réalité perdu 4000 euros dans l’affaire. Si le marché a chuté entre temps et que vous ne trouvez pas d’acheteur, vous êtes susceptible de perdre encore plus d’argent (si vous ne trouvez pas d’acheteur au dessus de 90 000 euros, vous aurez perdu 14 000 euros, il y a donc aussi un risque à ce niveau là que n’a pas à subir un locataire).
Ok me direz-vous, mais il faut bien se loger! Alors que ce serait-il passé si vous aviez été locataire durant toute cette période?
Et bien cela dépend des loyers que vous auriez du rembourser. A première vue, si les loyers étaient au même niveau que le crédit à rembourser, vous auriez perdu 500 x 12 x 5 = 30 000 euros, soit plus qu’avec le scénario évoqué au dessus. Si les loyers étaient de 300 euros par mois vous n’auriez perdu « que » 18 000 euros (et les loyers sont généralement inférieurs aux mensualité d’un crédit dans les faits). Une analyse légère de la situation s’arrêterait là mais nous négligerions alors un élément essentiel en finance : la notion de cout d’opportunité. Nous allons voir dans le point suivant comment la prise en compte de cette simple notion renverse complètement la situation et peut rendre le fait de rester locataire très rentable.
Acheter ou louer son logement = Maximiser ses coûts d’opportunité
Cette notion est essentielle car toute décision d’acheter ou louer son logement revient en fait simplement à maximiser ce que l’on appelle le « coût d’opportunité« . Définir son cout d’opportunité revient simplement à répondre à la question suivante : combien m’aurait rapporté la même somme d’argent si je l’avais placé ailleurs sur la même période?
Reprenons les chiffres de l’exemple évoqué plus haut : vous démarrez avec 13 500 euros de cash et des loyers à 300 euros/mois.
- Les 13 500 euros sont placés sur les marchés actions (au lieu de régler les frais de votre appartement) au taux de 5% par an seraient devenus 17 230 euros (le taux historique de rendement annuel des marchés actions est autour de 7%, nous prendrons 5% pour rester large).
- L’écart entre le loyer (plus faible) et le crédit que vous auriez payé est replacé tous les mois (300 de loyers payés au lieu de 500 euros de crédit remboursé, vous avez dont une épargne mensuelle de 200 euros de plus que dans la situation ou vous êtes propriétaire que vous replacez à ce taux de 5%)
- Au bout de 5 ans, vous avez 31 155 euros dans votre poche.
En étant locataire, au bout de 5 ans vous avez donc 31 155 euros dans votre poche. En étant propriétaire, vous avez perdu 4000 euros (si le marché immobilier n’a pas bougé).
Cependant l’argent que vous auriez gagné en plaçant votre cash au lieu de faire un apport avec n’est pas le seul coût d’opportunité, il y en a un second, tout aussi important, qui se situe au niveau de votre capacité d’endettement. Comme vous le savez probablement, les banques ne vous laissent pas faire un emprunt dont les mensualités dépassent 33% de votre revenus mensuels.
Par exemple, si vous gagnez 1500 euros par mois et que vous devez rembourser 500 euros par mois pour votre résidence principale, vous atteignez tout de suite le seuil des 33% au delà duquel la banque ne vous laisse plus emprunter : vous êtes donc bloqué pour investir dans l’immobilier. Si vous êtes locataire, en revanche, vous préservez votre capacité d’emprunt et pouvez l’utiliser pour investir dans l’immobilier.
Reprenons l’exemple du dessus : vous empruntez 100 000 euros à la banque, mais pas pour devenir propriétaire, pour faire un investissement locatif. Nous supposons que vous trouvez un bien à 100 000 euros (tous frais compris) qui représente un bon investissement locatif car il s’autofinance, et que vous devez rembourser 500 euros par mois à votre banque qui sont couverts par le loyer que vous recevez de votre locataire.
Si vous faites du locatif (avec ces mêmes 500 euros d’endettement mensuels) : vous gagnez 15 000 euros sur la période (250 x 12 x 5) = 15 000. (500 euros – charges courantes – intérêts bancaires = 250 euros par mois environ qui viennent effectivement rembourser votre bien). Ajouté à l’argent placé de votre apport, cela donne 46 155 euros dans votre poche en restant locataire.
Même en soustrayant les 18 000 euros que vous aurez payé sur la période de 5 ans en loyer, vous êtes toujours gagnant par rapport au propriétaire qui lui est perdant de 4000 euros sur la même période (N.B : je tiens à préciser que ceci est une estimation grossière qui a pour but d’illustrer le mécanisme tout en évitant de se lancer dans des calculs trop complexes prenant en compte les éventuels vacances locatives, etc…).
Quoiqu’il en soit, ici meurt l’idée que devenir propriétaire est toujours une bonne solution.
Cependant si vous avez été attentif aux exemples cités, vous observerez que j’ai fais plusieurs suppositions concernant différents facteurs (le temps que vous passerez dans votre appartement, le niveau des loyers entre autres). Faire varier ces facteurs permet de défendre au choix le point de vue des acheteurs ou le point de vue des locataires (si je triple le niveau des loyers pris en exemple, être locataire sera une mauvaise idée). C’est pour cette raison que vous trouverez probablement beaucoup d’articles contradictoires sur internet défendant le fait qu’acheter une maison est une décision géniale ou stupide.
Également, en fonction du type de bien dans lequel vous souhaitez investir et de votre situation personnelle, le meilleur investissement immobilier locatif (dans l’absolu) ne sera peut être pas le même pour vous que pour une personne avec une situation différente, qui réside dans une ville différente.
Comment prendre sa décision alors? Maintenant que vous avez compris comment les choses fonctionnaient (et l’importance de prendre en compte les coûts d’opportunité dans vos calculs), je vais vous donner les 5 facteurs que vous permettront de prendre la meilleure décision en fonction de votre situation.
Acheter ou louer son logement : 5 éléments clés pour prendre la bonne décision
1/ Le temps passé dans votre logement.
Il n’y a pas de règle absolue, mais on considère généralement que si vous devez revendre moins de 10 ans après votre achat, il sera préférable de rester locataire. Plus vous passez de temps dans votre logement, plus l’achat est avantageux en règle générale.
Le facteur temps pour que votre investissement soit rentable pourra cependant être réduit grâce à la prise en compte des autres facteurs de cette liste.
2/ Le niveau des loyers dans votre ville comparé au prix des appartements.
C’est un élément essentiel pour choisir si vous devez acheter ou louer votre logement. Prenons un exemple. Emprunter 100 000 euros sur 20 ans au taux du marché me coute aujourd’hui 500 euros par mois. Si louer dans ma ville un bien d’une valeur de 100 000 euros me coute 300 euros par mois, c’est un facteur en faveur du fait de rester locataire. Si les loyers sont de 600 ou 700 euros par mois sur ce genre de bien, c’est un facteur en faveur du fait de songer à devenir propriétaire. Ce facteur dépendra fortement de votre lieu de résidence.
A Paris par exemple les prix sont extrêmement élevés et grâce à l’encadrement des loyers, ceux-ci sont plutôt bas (du moins souvent plus bas que des mensualités sur un crédit à 20 ans).
Inversement dans de petites villes de province les prix d’achat peuvent être assez faibles et les loyers plus élevés que les mensualités du crédit (n’hésitez pas à consulter mon article « où investir aujourd’hui? » pour un tableau plus complet des rentabilités moyennes par ville). Cet élément varie également en fonction du 3ème facteur : les taux d’intérêts.
3/ Le niveau des taux d’intérêts.
Les taux d’intérêts influeront sur le coût auquel vous allez pouvoir emprunter de l’argent à la banque, et donc favoriser ou non l’achat immobilier.
Actuellement les taux sont très bas, ce qui est un facteur qui favorise l’achat car l’argent que l’on emprunte est presque gratuit. Si les taux étaient plus élevés, les 500 euros mensuels pour un emprunt de 100 000 euros pourraient se transformer en 600, 700 ou 800 euros ce qui favoriserait d’autant plus le fait de rester locataire dans une ville ou les loyers sont raisonnables.
4/ L’ampleur des couts d’opportunités
Dans le point précédent, nous avons vu un exemple détaillé de calcul de coût d’opportunité. Vous avez juste à répliquer cette méthode et à l’appliquer à votre propre situation pour déterminer quelle option mettra le plus d’argent dans votre poche sur une période donnée.
La plupart des gens choisissent un appartement un peu au hasard ou sur un coup de coeur, calculer son cout d’opportunité est la méthode « scientifique » pour être certain de choisir la meilleure option en toutes circonstances.
5/ Votre capacité à trouver une bonne affaire.
Trouver une bonne affaire vous permettra d’acheter votre logement en dessous du prix du marché. Le risque de revendre à perte, même si vous ne devez résider que quelques années dans l’appartement acheté, devient alors extrêmement réduit sinon négligeable. Vous pourriez même revendre avec une plus value. Attention ici ce point concerne surtout les investisseurs chevronnés, ou les personnes ayant une très bonne connaissance de leur marché immobilier local.
Il faut également savoir qu’une bonne affaire pour un achat/revente ne représente pas nécessairement un appartement d’habitation très agréable à vivre (pas de terrasse, pas de vue, mais très bon emplacement par exemple). Trouver un bien de bonne qualité et qui se paie bien moins cher que la moyenne locale est une manière de sécuriser votre achat.
Acheter une « bonne affaire » réduira le temps nécessaire à ce que votre investissement vous rapporte de l’argent, augmentera vos chances d’acheter un appartement rentable dans la durée, et vous permettra de mettre le bien en location (sans avoir a faire d’ajout de votre poche) tout en le conservant par la suite si vous souhaitez déménager.
Conclusion
J’espère que ce petit guide vous aura apporté une réponse à la question d’acheter ou louer son logement.
Commencez par définir le temps durant lequel vous pensez vivre dans cet appartement, comparez ensuite le niveau des loyers aux mensualités que vous couterait un crédit à 20 ans sur le bien, considérez l’ampleur des coûts d’opportunités que génèrera votre achat pour savoir si vous prenez ou non une bonne décision financière et sécurisez votre opération en achetant une bonne affaire.
Egalement si vous souhaitez continuer à investir en immobilier par la suite, je vous déconseille de plafonner votre capacité d’endettement sous peine d’avoir des difficultés à réemprunter par la suite et réaliser d’autres opérations (pour cela vous pouvez augmenter légèrement votre apport, acheter un bien plus petit, ou trouver un appartement avec une très forte décote).
Quoiqu’il en soit que vous souhaitiez devenir propriétaire ou locataire je vous recommande d’éviter le chemin qui est suivi par la plupart des gens : celui d’acheter une résidence principale au dessus de vos moyens que vous mettrez 30 ans à rembourser avec des mensualités qui pèseront très lourd sur vos épaules (le fameux 3 pièces plein centre acheté avec un crédit à 30 ans lorsque l’on démarre dans la vie avec 1300 euros de salaire par exemple), et n’hésitez pas à rester locataire si c’est la meilleure solution dans votre situation : devenir propriétaire n’est pas toujours l’option qui mettra le plus d’argent dans vos poches.
Vincent says
Salut Pierre,
et super article !
Au moins c’est clair, si on fait comme tout le monde (c’est-à-dire 90% des personnes) qui achète un logement pour ne pas jeter l’argent par les fenêtres, on ne peut pas devenir riche !
Acheter son logement pour y vivre, ça fonctionne si :
– on a une stratégie d’achat-revente (ton point 5)
– on est vieux et aucun patrimoine et on souhaite construire sa retraite (c’est une nécessité mais alors il faut aller dans des régions « paumées » pour trouver une maison pas chère)
@+
Pierre says
Bonjour Vincent!
Effectivement dans la plupart des grandes villes (notamment dans les zones où les loyers sont plafonnés) il est souvent plus intéressant de louer que d’acheter. Cela dit cela dépend des régions! Chez moi par exemple les loyers sont si élevés qu’il est généralement plus rentable d’acheter (une bonne affaire bien sur!) que de louer. C’est pour cela qu’il est intéressant de prendre quelques minutes pour faire rapidement les calculs évoqués dans l’article avant de s’engager sur de gros montants!
tatayoyo says
Bonjour Vincent,
Mon entourage m’incite à acheter vu les taux actuels et les aides (PTZ national renforcé et PTZ local – j’habite PARIS).
je suis très intéressée par votre article car je me posais la question justement pour éventuellement sauter le pas fin 2018.
Que deviennent vos hypothèses avec toutes ces aides aux primo accédants?
Pierre says
Bonjour,
Plus que le taux du prêt je pense que le facteur le plus important est surtout le ratio prix/loyer dans la zone où l’on veut acheter.
Si un appartement a un prix si élevé qu’il met 30 ou 40 à se rembourser en réglant tous les mois une mensualité supérieure ou égale à un loyer, peu importe le taux du prêt, l’achat n’est pas intéressant car l’appartement est trop cher.
Inversement si les loyers sont supérieurs aux mensualités que l’on rembourserait en achetant, il vaut mieux acheter ;
Cdt
Romain says
Merci Pierre pour cette article. Si j’en comprends le principe général, je suis un peu perdu lorsque j’essaye de refaire les calculs.
Par exemple, je ne comprends pas comment vous gagnez 15.000 euros en 5 ans avec l’investissement locatif (avec 500 euros de loyer perçus et 500 euros de crédit par mois).
De même, je ne retrouve pas le calcul qui aboutit à 122.000 euros dépensés en 5 ans dans le cas de l’achat de l’appartement propriétaire-occupant.
Pouvez -vous m’éclairer ?
Merci d’avance pour vos précisions.
Pierre says
Bonjour Romain,
122 000 euros dépensés = 100 000 euros de prix d’achat + 13 500 euros de frais de notaires + 5000 euros de travaux + 3000 de charges + 1000 euros de taxe foncière
(le poste reprend l’ensemble des frais « réels » dépensés pour l’appartement, pas uniquement son prix d’achat brut).
Pour les 15 000 euros, nous supposons percevoir 500 euros de loyer par mois, sur ces 500 euros la moitié viennent payer les charges courantes et rembourser les intérêts de la banque (comme expliqué en début d’article au début du crédit (surtout sur un crédit très long) on paye majoritairement les intérêts de la banque). Il s’agit bien sûr ici d’une estimation grossière pour illustrer le mécanisme sans trop perdre le lecteur.
Nous considérons donc que sur les 500 euros perçus 250 viennent effectivement payer le bien.
250 x 12 mois x 5 ans = 15 000 euros sur les 100 000 du prix du bien qui ont été payés uniquement par le locataire sur la période.
En espérant que cela vous ait aidé ;
Cdt
Raki says
Bonjour Pierre,
Un article très intéressant, qui m’aurait bien servi si je l’avais lu 5 ans auparavant. Car oui, il y a 5 ans j’ai acheté ma maison pour loger ma petite famille naissante, et j’étais tout fier d’être propriétaire à 28 ans.
Ayant fait des études permettant potentiellement d’augmenter fortement son salaire au fil des ans, la banque m’a permis de crever le plafond de ma capacité d’endettement (on était environ à 45% des revenus!) et me voilà bloqué pour encore 20 ans.
A l’époque, le concept de liberté financière ou de revenu passif m’étaient totalement inconnue. Maintenant que j’ai ouvert les yeux, j’essaie de rattraper le temps perdu.
Maintenant que le « mal » est fait, que conseillerais-tu?
Penses-tu qu’il soit aberrant de mettre sa maison en location et de louer moins cher ailleurs?
Ou vaut mieux oublier l’immobilier (vu qu’il ne me sera plus possible d’emprunter avant un bon moment) et me concentrer sur les actions?
Cordialement
Pierre says
Bonjour Raki,
C’est une question compliquée dont la réponse dépend de beaucoup de facteurs (notamment la rentabilité du logement vs la rentabilité des projets immobiliers potentiels). Néanmoins le montant des taxes prélevées sur les loyers encaissés + le prix d’un nouveau loyer mensuel pour loger une famille complète risque d’être désavantageux par rapport au fait de simplement rester propriétaire (encore une fois énormément de facteurs en jeu ici, dont le prix des loyers dans la zone où vous vivez rapporté au prix moyen au mètre carré… mais aussi votre tranche d’imposition et le type de location envisagée).
Il faut voir aussi que si votre banquier a une grande confiance en vous il n’est pas nécessairement impossible qu’il vous prête de nouveau si vous trouvez un projet immobilier très intéressant et très rentable (la relation avec le banquier joue beaucoup sur ce que l’on peut faire et ne pas faire… par exemple dans votre cas vous n’auriez théoriquement jamais du pouvoir emprunter à 45% initialement selon les règles bancaires classiques et pourtant votre banquier vous y a autorisé malgré tout)
Enfin si tout cela est trop compliqué : effectivement, se concentrer sur des actions et des produits de bourse qui versent un bon cashflow est aussi une alternative pour éviter les complications (l’effet boule de neige des dividendes réinvestis sur 10 ou 20 ans permet de créer des sources de revenus parallèles très intéressantes dans la durée) ;
Cdt
Fred says
Bonjour Pierre,
Suite à une séparation il y a deux ans, je dois décidsi je veux ou non racheter la maison dans laquelle je vivais avec mon ex compagne.
C’est une maison de plain pied de 130m2 avec 1000m2 de jardin achetée il y a 3 ans 183000€ frais de notaire et agence inclus.
Elle se situe à environ 25kms de Lille.
Aujourd’hui mon ex veut pour sa part en récupérer 20000 pour elle. Elle estime pouvoir la vendre 200000€ car ses travaux ont été fait dedant.
Si je voulais racheter sa part, je devrai débourser 160000 restant à payer + 2000€ de caution à la banque + 3000 € de frais pour le changement de banque pour le dossier + 7500€ de frais de notaire + 20000€ pour mon ex soit au total 192500€.
En crédit sur 25 ans cela me donne environ 850 €/mois. Mon salaire actuel et incertain 2000€ net. Incertain car je suis commercial et j’ai toujours le risque d’être licencié.
Si je louait un appart sur lille, je pourrai avoir environ un T2 de 40m2 pour 550 €/mois de loyer.
Il faudrait bien sûr supporter de passer de 130m2 avec jardin a 40m2 dans un bloc sans âme.
Aujourd’hui on nous parle d’indépendance financière partout sur le net. J’ai 38ans et j’ai déjà perdu beaucoup de temps. Ma vision d’avenir était la grande maison, madame, un jour des enfants et un chien sur le canapé.
Je me rend compte que je n’ai pas réussi ça. Désormais je suis paumé entre racheter cette maison et m’obliger à faire un job dans lequel je gagne pas trop mal ma vie mais avec toujours la peur au ventre de ne pas atteindre les objectifs et de me faire virer, tout cela pour payer une maison que j’aime mais dans laquelle je vivrai seul pendant peut être très longtemps et avec un reste à vivre très faible une fois toutes les charges déduites (total environ 2000€ au total sur un salaire de 2000€) ou alors repartir dans un tout petit appart comme avant la maison pour préserver ma capacité d’endettement et investir dans l’immobilier locatif ou autres style placements. J’avoue que l’immobilier locatif ne m’attire pas trop et me fait peur.
Mais si je ne fais pas cela, je serai contraint de courber l’échine toute ma vie au boulot. Et jamais d’indépendance financiere. Et repartir en appart ne me séduit forcément pas non plus. Peut être que je veux le confort sans les risques, le beurre et l’argent. Peut être est ce simplement un manque de courage. Ou simplement un manque de clarté.
Tout cela reste flou dans mon esprit. Quelle serait la meilleure solution selon vous car à 38 ans je voudrais pour une fois faire les choses bien.
D’avance merci de m’avoir lu et de votre éventuelle réponse.
Cordialement
Pierre says
Bonjour Fred,
Je compatis à votre situation, ce genre de chose n’est jamais facile à vivre…
Ce n’est pas une question facile dans le sens où il y a beaucoup d’éléments qui relèvent de l’émotionnel (et des préférences personnelles) autant que du financier dans cette équation.
Pour ce qui est du purement financier : avec 850 euros/mois sur un salaire de 2000, vous atteindrez 43% d’endettement (et j’imagine comme vous le précisez que les frais d’entretien et les charges sur un bien de ce type sont également relativement élevées). Pour vous donner un référentiel, généralement, les banques n’acceptent pas qu’un particulier s’endette à plus de 33% de son salaire pour considérer que l’emprunt est « sûr » (donc ici nous dépassons significativement cette limite).
Je ne peux que vous donner mon avis personnel et subjectif sur le sujet, mais de mon coté, j’ai tendance à faire passer ma sérénité psychologique avant tout le reste (bien matériels etc). Donc de ce point de vue, si le bien a la moindre de chance de vous causer des insomnies, de l’anxiété ou des fin de mois difficiles à répétition, j’opterais plutôt pour l’option d’une vente qui vous permettrait d’avoir l’esprit plus libre et de conserver des options financièrement.
En espérant avoir pu vous apporter quelques éclaircissements ;
Bien Cordialement
Fred says
Bonsoir Pierre,
Merci beaucoup d’avoir pris de votre temps pour me répondre.
J’apprécie vraiment d’autant que vous devez être très occupé et que je ne suis certainement pas le seul à solliciter vos conseils avisés.
Je viens de passer deux heures au tel avec mon ex compagne qui me laisse un ultimatum jusqu’à demain soir pour décider. J’ai déjà eu énormément de chance qu’elle soit si compréhensive et patiente jusqu’à aujourd’hui.
De son côté elle m’affirme qui ne sert à rien de se torturer et que vu ma psychologie, je ne suis pas fait pour l’investissement locatif et que je ne prend aucun risque en rachetant la maison car selon elle, ce bien peut se revendre minimum 200000 sans problème. Et effectivement je dois avouer qu’elle sait choisir les biens qui prendront de la valeur. C’est d’ailleurs parce qu’elle vient de faire une offre sur une autre maison pour elle qu’elle a besoin que je décide demain absolument pour ne pas être bloquée.
J’avoue que ça me laisse à réfléchir mais je dois faire vite.
Je vais passer une sale nuit mais je n’ai pas de raison de me plaindre. Y’a pire sur terre. D’autres auraient tout à fait raison de dire que j’ai un problème de riche. Même si je ne prétends pas être riche. Mais à chacun sa définition de la richesse.
Pendant cette dernière année j’ai fait en sorte d’affronter mes peurs comme le vide en sautant d’ un avion par exemple même si ça n’est que ponctuel et loin de demander autant d’investissement personnel que l’investissement locatif aussi bien financier que en temps.
Alors j’hésite entre me dire de continuer à affronter des peurs en me demandant quelle personne cela va me permettre de devenir et me calmer dans tout cela en me concentrant sur garder ce bien immobilier et privilégier un confort matériel au prix probablement d’un inconfort sur d’autres plans.
En gros quelle peur choisir entre la peur de me planter en gardant cette maison et de peut être au final la revendre dans un an si je ne m’en sors pas financièrement ou la peur de tenter l’aventure de l’investissement locatif et supporter le fait de redevenir locataire dans 40m2 comme il y a 5ans avec un sentiment de régression.
Tout cela n’est au final principalement qu’une histoire de psychologie même si j’ai conscience que le bon sens financier pousse à l’investissement locatif.
En gros j’en comprend que si on veut se lancer dans le locatif, il faut un mental se guerrier et être capable de gérer sa psychologie.
Savoir qui on est et où on veut aller.
J’avoue dans l’instant être tenté de la garder mais je succombe peut être au chant des sirènes.
De son côté, elle a aujourd’hui deux biens immobiliers qu’elle loue avec malheureusement pour elle, un locataire qui ne l’a paie pas. Du coup elle va devoir mettre en vente un de ses biens pour pouvoir se séparer de ce locataire et récupérer se l’argent.
Même si le bon sens financier voudrait qu’elle ne se sépare pas de son actif. Mais comme elle le dit. Elle n’écoute qu’elle et elle prends des décisions bonnes ou mauvaises et assumes ses choix.
A mon tour de devoir faire le mien et de l’assumer.
Encore un grand merci pour votre réponse.
C’est vraiment très très aimable de votre part et très apprécié en retour.
Bien cordialement
Fred