En bourse, on essaie souvent de nous vendre des méthodes miracles sensées nous faire gagner beaucoup d’argent avec un minimum de risques et en un minimum de temps (indicateurs magiques, algorithmes obscurs, figures graphiques miraculeuses, etc…)
La vérité est que la plupart de ces approches ont déjà été testées académiquement, et qu’elles ne fonctionnent pas ou qu’elles fonctionnent très mal (je parle surtout pour ce qui est des indicateurs miracles ici).
En revanche il existe une approche simple qui a rapporté des rendements supérieurs de manière prouvée et constante à travers les décennies, et qui reste encore aujourd’hui très sous-estimée.
Un des meilleurs gérants de la planète surnomme même ce principe le « Saint Graal » de l’investissement, et c’est pourtant un concept qui n’a rien de secret ou de miraculeux puisque vous en avez probablement déjà entendu parler plusieurs fois.
Cette semaine, zoom sur un principe essentiel en investissement : la diversification.
Au programme :
- Qu’est-ce que la diversification (et comment fonctionne le principe)
- Pourquoi la diversification est un des concepts les plus puissants en investissement
- Comment la diversification peut réduire vos risques et booster vos rendements
Table of Contents
Qu’est-ce que la diversification en investissement ?
La diversification, à la base, c’est tout simplement ce vieux conseil de grand-mère qui consiste à vous dire de « ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier ».
Et justement parce que c’est un conseil de grand-mère (qui semble à première vue être une bonne idée pour éviter de devenir pauvre, mais difficilement une qui permette de devenir riche rapidement), la plupart des gens l’oublient généralement aussi vite qu’ils l’ont entendu!
Pourtant, si elle est bien utilisée : la diversification n’est pas qu’un outil de gestion des risques, mais aussi un outil qui vous permettra de booster vos rendements à long terme (tout en évitant les nuits blanches).
Un exemple dans la suite, mais d’abord, un bref retour sur le concept et ses origines.
Naissance et popularisation du concept
Le prix Nobel d’économie Harry Markowitz fut le premier à démontrer que bien diversifier son portefeuille boursier pouvait améliorer significativement ses performances (tout en réduisant les risques).
Il est allé jusqu’à qualifier le principe de diversification de seul « repas gratuit » en finance (c’est-à-dire, qu’il s’agit selon lui de la seule chose qui vous met réellement de l’argent dans les poches en plus… sans rien vous coûter en retour!).
Application concrète et utilisation
Le concept de diversification peut être appliqué de plusieurs manières différentes, dans le cadre d’un portefeuille global par exemple en y incluant différentes classes d’actifs (c’est là que le concept marche le mieux).
Pour plus de détails à ce sujet je vous renvoie à mon article « comment gagner 9% par an avec le portefeuille permanent » (ou à mon ebook « Allocation d’actifs » qui revient plus en profondeur sur ce concept).
Ceci étant dit, la diversification fonctionne a plusieurs niveaux différents (et pas uniquement au niveau de votre allocation d’actifs globale).
Par exemple, le concept peut aussi (et doit) être appliqué à l’intérieur même d’un portefeuille d’actions et vous permettra de booster vos résultats tout en réduisant vos risques.
Portefeuille d’actions et diversification : 3 atouts majeurs
1/ La diversification réduit les risques (et la volatilité)
Le graphique suivant a été réalisé à partir d’une étude de Gruber et Elton pour démontrer empiriquement les bénéfices de la diversification.
Pour ce faire, ils ont sélectionné des actions au hasard parmi un échantillon de 3200 titres, et ont calculé les volatilités moyennes pour des portefeuilles de 1 à 500 titres. Voici le résultat :
Comme vous pouvez le voir, un portefeuille d’actions bien diversifié est 2.5 fois moins volatil qu’un portefeuille concentré.
2/ La diversification réduit le poids des erreurs (et des imprévus)
J’ai simulé ci dessous 3 portefeuilles, composés respectivement de 2 actions, 5 actions et 10 actions.
Chaque portefeuille contient ici un investissement « raté » dont la valeur chute de 10% par an et tombe à zéro au bout de 10 ans. Les autres titres montent de 10% par an (la moyenne historique de long terme des marchés actions). Voici le résultat pour chaque portefeuille :
Notons que cette expérience n’est pas forcement un modèle de réalisme au niveau de la progression des titres (une action monte rarement de 10%/an en ligne droite), mais elle est là simplement pour illustrer les mathématiques de la diversification : plus vous serez diversifié, plus l’impact d’une erreur de votre part sera réduit.
Et comme le disait le légendaire investisseur Peter Lynch : « Dans ce business, si vous êtes bon, vous aurez raison environ 6 fois sur 10. Vous n’aurez jamais raison 9 fois sur 10 ».
Dans ce contexte, il est donc vital d’avoir un plan de gestion de la partie de votre portefeuille qui marchera moins bien que prévu (la diversification n’est pas la seule option, mais c’est un des concepts de base que vous devez absolument mettre en place).
Passons maintenant à une idée reçue sur la diversification : celle qu’il vaut mieux concentrer son portefeuille dans 3 ou 4 actions extraordinaires (vos meilleures idées), car acheter trop de titres viendrait « diluer vos gains ».
3/ La diversification booste les rendements
Pour comprendre comment la diversification peut booster vos rendements en bourse, il faut comprendre les mathématiques de base des marchés boursiers.
Je le répète souvent mais en bourse, seule une minorité d’actions est responsable de la majorité des gains du marché (c’est pour cela que les investisseurs qui veulent se lancer sans méthode ont malheureusement un pourcentage de chance très élevé d’obtenir de mauvaises performances boursières).
Une fois que l’on sait comment les choses fonctionnent, on comprend que les mathématiques de base font que moins on a d’actions dans son portefeuille, plus on a de chances de rater les super gagnants (si 6 actions sur 100 seulement sont des supers gagnants : vous avez mathématiquement plus de chances de taper juste en achetant 20 titres qu’en en achetant 2).
Une étude particulière a même été faite par le groupe Vanguard (la société fondée par John Bogle) à ce sujet sur plus de 3000 actions, et a démontré que dans les faits (et de manière contre intuitive) : plus vous concentrez votre portefeuille, plus vous diminuez vos chances de réussir.
(N.B : Certains argumenteront (à raison) que l’on a aussi plus de chances de tomber sur de « super perdants » en achetant plus de titres, c’est pourquoi il est important de mixer une méthode de sélection solide avec ce processus de diversification pour mettre les probabilités de son coté au maximum).
Contrairement à l’opinion populaire : la diversification ne réduit pas les chances de surperformer un indice boursier moyen mais elle les augmente (si l’on fait bien les choses).
Conclusion
Nous arrivons à la fin de cet article sur les bénéfices de la diversification en investissement.
Comme vous avez pu le voir : bien appliquée, non seulement la diversification diminue les risques, mais elle peut aussi booster les rendements de vos investissements.
C’est pour cette raison que ce concept (souvent sous-estimé) a été qualifié de « saint graal de l’investissement » par des gérants de talent comme Ray Dalio.
Si le concept est simple sur le papier, il existe néanmoins plusieurs subtilités pour pouvoir le faire fonctionner avec une efficacité maximale (l’une d’entre elles est notamment d’investir dans des actifs aussi décorréllés que possible).
Si vous voulez creuser ce concept de diversification beaucoup plus en profondeur (entre autres choses), n’hésitez pas à jeter un œil à mon ebook ou à la formation boursière du site.
Et sur ce, je vous dis à très bientôt pour un nouvel article!
Yoann says
Bonjour Pierre,
Lorsque j’ai débuté en bourse,comme beaucoup, la diversification boursière était pour moi un concept que je connaissait mais que je n’appliquais pas de la bonne manière. Ta formation m’a permis de corriger le tir de ce côté là 🙂
Yoann
Pierre says
Merci pour le retour positif Yoann, et content d’avoir pu aider 😉
gandolfi says
Bonjour, quelque chose me gene sur votre graphique comparant un portefeuille de 2, 5 et 10 titres. Vous dites n’avoir retenu qu’une « mauvaise » action par portefeuille. Mais c’est en contradiction avec le raport de proportionnalité.
Cela veut dire que sur 2 titres ont s’est trompé une fois (50% de bons choix), sur 5 titres on se trompe à nouveau une seule fois (80% de bons choix) et sur 10 titres une seule erreur à nouveau (90% de bons choix). Ce n’est pas logique.
Cela va à l’encontre de votre citation de Peter Lynch : « Dans ce business, si vous êtes bon, vous aurez raison environ 6 fois sur 10. Vous n’aurez jamais raison 9 fois sur 10 ».
Pierre says
Bonjour Gandolfi,
Exact mais la plupart des mauvais choix n’iront pas à zéro non plus en situation réelle (il est rare qu’une société arrive jusqu’à la faillite totale, ou alors il faut vraiment s’être sévèrement trompé), ici le but était plutôt de mesurer l’impact d’un évènement boursier catastrophique (une faillite) sur un portefeuille en fonction du nombre de titres plutôt que de respecter la proportionnalité de la distribution gagnant/perdant ;
Cdt
Michel de Trading Attitude says
Bonjour, je ne suis pas d’accord. D’une, il y a plein d’études académiques qui disent que manger des céréales et peu de gras est bon pour la santé alors que ce n’est pas vrai. Ensuite, on est sur le biais du survivant. Il se trouve que cela rapporte 9% par an… Avec des périodes où l’inflation était de 10%…
Enfin, il faut grouper les investissements là où il y a du momentum. Si le cours de Microsoft a été multiplié par 6 en quelques années, je ne vois pas pourquoi il faudrait acheter des actions d’une valeur qui se traîne…
Pierre says
C’est vrai, mais les études sur les céréales n’ont pas gagné de prix Nobel 🙂
Ce n’est pas du biais du survivant ici, dans le sens où on a des rendements ajustés du risque supérieurs sur pratiquement toutes les périodes, et que cette approche fonctionne dans tous les pays (encore une fois il s’agit de rendements ajustés du risque dans la partie sur le PP, pas de rendements absolus).
Concernant le fait d’écrémer les perdants, effectivement c’est pour cela qu’il vaut mieux ajouter des filtres additionnels. L’idée n’est pas de diversifier simplement en ajoutant des titres pour les ajouter, mais de diversifier parmi un pool de titres dont on attend des performances supérieures.
Personnellement je détiens une 30aine d’actions. J’attends de toutes ces actions des performances supérieures à l’indice, mais il est très possible que je me trompe sur certaines. Les conséquences seront moins graves si je me trompe sur 3 d’entre elles en ayant 30 titres qu’en en détenant 5 (et j’augmente ainsi mes chances de tomber sur les 6% de titres exceptionnels).
C’est simplement le propos de cet article ; Cdt
Xavier says
Le gros problème des études ci-dessus, c’est que tous les actifs soit disant décorrelés partent tous à la casse en même temps en cas de crise…
Ce que Markowitz oublie de dire, c’est que cela réduit la volatilité 95% du temps … mais pas quand on en a réellement besoin. C’est pour ça qu’il a un prix Nobel et pas un hedge fund.
http://www.youtube.com/watch?v=vjwvMcHRO9k
Pierre says
Bonjour Xavier,
C’est tout à fait vrai mais uniquement dans certains cas. Dans le cas du portefeuille permanent par exemple, les actifs utilisés présentent des décorrelations qui restent robustes même durant les périodes de crise (la preuve avec une chute de seulement 3% du portefeuille, même en 2008).
Et plusieurs Hedge Funds ont basé (avec succès) leur stratégie sur certains des principes posés initialement par Markowitz.
Mais effectivement, c’est pour cela que j’explique en fin d’article que la notion de diversification est un principe qui parait simple au premier abord mais qui comprend en fait de nombreuses subtilités qu’il faut connaitre et comprendre pour pouvoir être appliqué efficacement ;
Bien Cordialement
Kevin says
Je suis d’accord avec le fait que la diversification réduit la volatilité. Mais j’ai encore du mal à comprendre comment elle peut améliorer nos performances. Je diversifie également (je ne peux pas être sûr à 100 % qu’un investissement est le bon) mais cela ne dépasse pas la dizaine d’actions.
Merci pour cet article !
Pierre says
Bonjour Kevin,
En fait pour l’augmentation des performances cela augmente juste le pourcentage de chances de tomber sur les 6% d’actions « super gagnantes », donc d’avoir une action qui va monter de 1000% ou plus sur du long terme en portefeuille.
Avec moins d’actions on a moins de chances de taper juste donc moins de chances d’obtenir une partie des performances extraordinaires générées par cette minorité de titres ; cdt