En bourse, de nombreuses études ont prouvé que la majorité des investisseurs obtiennent de mauvais résultats.
Une des plus connues a été réalisée par la société Blackrock. Elle présente la performance agrégée des comptes d’investisseurs particuliers sur les 20 dernières années.
Le résultat de cette étude a été que si les actions ont rapporté 8% par an en moyenne, l’investisseur individuel moyen a gagné quant à lui… 2% par an seulement :
Comment cela se fait-il ? C’est ce que nous allons voir dans cet article, en explorant les 5 éléments qui conduisent le plus fréquemment les investisseurs à perdre de l’argent en bourse.
Table des matières
1/ Ne pas avoir de de méthode efficace
Le manque de méthode est le premier élément qui fait que la majorité des gens obtiennent de mauvais résultats en bourse. Ce problème peut de traduire de 2 manières différentes :
D’un côté il y a les investisseurs qui se lancent sans méthode et sans connaissances boursières, ou avec une base vraiment superficielle (ils achètent des sociétés qui leur font envie sans analyse précise et approfondie, ou ils agissent sur les recommandations des autres, mais sans comprendre le processus en profondeur, ce qui les conduit à faire des erreurs).
D’un autre coté il y a les investisseurs qui ont lu trop de livres boursiers et qui essaient de mixer TOUT ce qu’ils ont lu en une seule stratégie qui se révèle généralement être une sorte de « Frankenstein » de stratégies boursières qui (contrairement aux attentes initiales) se révèle inefficace dans la durée (j’étais certainement coupable de cela moi même quand j’ai débuté).
Comme en cuisine, ou essayer de mixer un peu au hasard un ensemble d’éléments de qualité débouche rarement sur un bon plat, en bourse, mixer un ensemble de stratégies qui ont l’air de fonctionner débouche rarement sur une méthode efficace.
Ce phénomène est souvent aggravé par le biais de surconfiance, qui nous conduit souvent à surestimer nos propres capacités dans un domaine spécifique.
Un exemple : peu de gens estimeraient être capables d’opérer quelqu’un à cœur ouvert après avoir lu quelques livres d’anatomie, ou de tenir une plaidoirie efficace après avoir lu quelques livres de droit, mais la majorité des gens pensent pouvoir obtenir des résultats supérieurs à la moyenne sur les marchés en lisant quelques livres boursiers.
Le manque de méthode (aggravé par le biais de surconfiance), est donc l’une des raisons principales qui font que la plupart des investisseurs obtiennent des résultats sous optimaux.
2/ Chasser les performances passées (courir après les gagnants)
C’est un phénomène que nous pouvons voir se reproduire encore et encore : la majorité des investisseurs ont tendance à chasser la dernière « tendance chaude » du moment, ce qui les conduit souvent à acheter au plus mauvais moment.
Nous l’avons vu pas plus tard qu’il y a quelques mois sur le Bitcoin et les cryptodevises : la plupart des investisseurs particuliers ont ressenti le désir irrépressible d’en acheter… pile au moment où les prix ont atteint leur pic (quelque part entre 15 000 et 20 000).
Et si vous étiez déjà là à ce moment-là, vous avez sans doute pu constater à quel point il était difficile de résister à la pression de la foule. La peur de « rater le train » en investissement est souvent plus forte que la peur de perdre de l’argent, et pousse même des investisseurs chevronnés à faire des erreurs.
Depuis le moment de la « Bitcoinmania », les prix ont chuté de 80 à 90% depuis les plus hauts et ne sont (pour le moment) pas remontés. La même chose était arrivée avec l’or après la crise de 2008 (qui était alors l’actif chaud du moment), et avec la bulle internet des années 2000. Et le phénomène se produira sans doute encore et encore.
La majorité des actifs financiers sont soumis à ce qu’on appelle la « loi du retour à la moyenne » sur de plus ou moins longues périodes, ce qui veut dire qu’en règle générale, acheter ce qui a le mieux marché sur les 3 à 5 dernières années débouche sur de mauvaises performances.
Pourtant paradoxalement, acheter ce qui a le mieux marché au cours des années précédentes donne souvent une illusion de sécurité aux investisseurs. C’est pour cette raison que la majorité des investisseurs sont de terribles « market timer » et ont tendance à acheter et vendre exactement au pire moment.
Ce qui nous conduit à la troisième raison pour laquelle les investisseurs perdent de l’argent en bourse.
3/ L’hyperactivité (achats/reventes excessifs)
Dans la majorité des domaines, travailler plus dur que la moyenne conduit à avoir plus de résultats.
Nous transposons souvent plus ou moins inconsciemment ce principe sur les marchés en pensant que suivre la bourse tous les jours, et procéder à des achats/reventes réguliers conduira nécessairement à plus de résultats qu’un investisseur qui ouvre son compte deux fois dans l’année, et qui ne lit jamais la presse financière.
Pourtant, c’est exactement l’inverse : les investisseurs qui passent le plus d’opérations ont en fait les plus mauvais résultats.
Ce graphique est extrait d’un papier de recherche intitulé « Trading is hazardous to your wealth« , il reprend les performances agrégées de milliers de comptes d’investisseurs et traders en les classant du plus faible au plus fort turnover (c’est à dire, ceux qui font le plus d’achat/revente en 5 VS ceux qui en font le moins en 1).
Le résultat de cette étude est que la sous performance est fortement corrélée au taux de turnover sur le compte : ceux qui tradent le plus sont ceux qui gagnent le moins.
Ceci est dû à plusieurs facteurs (entre autres de mauvaises décisions prises à répétition, un mauvais timing de marché comme expliqué dans le point 2, un manque de méthode comme expliqué dans le point 1, mais aussi et surtout à cause du point numéro 4…)
4/ Les frais (de courtage et de gestion)
Les frais de courtage et les frais de gestion sont le plus grand ennemi de l’investisseur boursier.
Sur quelques opérations ils passent souvent inaperçus et on s’en préoccupe peu, mais répétés sur de nombreux achats/reventes (ou étalés sur plusieurs années), ils viendront (lentement mais surement) dévorer vos performances.
Voici un exemple de graphique de la croissance de 10 000 euros placés à 8% par an durant 30 ans.
- Dans le premier cas, le fonds prélève des frais annuels de 0.2% (c’est typiquement le cas des trackers ou ETFs).
- Dans le second cas, le fonds prélève 2.25% par an de frais de gestion (c’est le cas de certains hedge funds et fonds de gestion dits « actifs »).
Au bout de 30 ans le fonds qui prélève 2% de frais vous aura rapporté deux fois moins d’argent que le fonds qui prélève seulement 0.2%.
Si vous passez des transactions régulières (dans le cas des traders hyperactifs évoqués précédemment par exemple), le phénomène de composition des coûts est magnifié (vous ne dépensez peut être que 1% ou 2% de frais par ordre, mais si vous faites 20 ou 30 opérations par mois, il devient de plus en plus difficile d’être profitable).
C’est pour cela que (quelle que soit votre stratégie), il est essentiel d’utiliser un courtier low cost qui vous prélèvera le moins de frais possible (personnellement j’ai par exemple opté pour Degiro pour mon compte titres ordinaire. Ils facturent seulement quelques centimes par ordre si vous investissez de petits montants, ce qui rend l’impact des frais dérisoires pour un investisseur long terme).
5/ Les intermédiaires financiers douteux (conflits d’intérêts)
Dans les 4 points précédents, j’ai traité principalement du cas des investisseurs qui placent eux-mêmes leur argent (et des contraintes qu’ils peuvent rencontrer). Pour éviter tout cela, beaucoup de particuliers choisissent de déléguer la gestion de leur argent à un tiers (via un fonds d’investissement par exemple).
Le problème, c’est que ces fonds d’investissements (ou banques) fonctionnent le plus souvent sur un modèle biaisé qui fait passer leurs propres intérêts financiers avant les vôtres.
Si vous vous rappelez du point numéro 4 : les frais sont l’ennemi mortel des bonnes performances boursières. Pourtant la grande majorité des établissements financiers essaieront de vous vendre le fonds qui leur rapporte le plus de commissions avant celui qui est réellement le plus avantageux pour vous.
En plus de cela la plupart des fonds ne sont pas forcément construits pour être les plus performants ou avoir les meilleurs stratégies, mais ils sont construits pour être le plus facilement « marketables ».
J’ai traité par exemple il y a quelques semaines du sujet de la « finance verte » et du problème des fonds « écoresponsables », qui se disent verts et éthiques tout en détenant des valeurs pétrochimiques et polluantes (le label « vert » étant principalement utilisé ici comme outil marketing).
Le résultat de ces 2 facteurs (frais élevés et absence de stratégie supérieure pour la plupart), est que la majorité des fonds sous performent un simple indice boursier sur le long terme (et coûtent donc de l’argent à leurs investisseurs) :
C’est pour cette raison (entre autres) que personnellement je préfère gérer moi même mes finances.
Conclusion
Avoir une méthode d’investissement solide, ne pas courir après les tendances chaudes du moment, passer moins d’ordres de bourse, réduire les frais, et acquérir les connaissances financières qui vous permettront d’éviter les intermédiaires financiers douteux sont autant de points cruciaux qui vous permettront d’améliorer mécaniquement vos performances en investissement.
Si vous appliquez tous les conseils de cet article, vous devriez voir rapidement vos performances s’améliorer, et vous éviterez 5 pièges majeurs dans lesquels tombent la plupart des investisseurs débutants à confirmés.
(P.S : Attention toutefois avant de vous lancer (#disclaimer), l’investissement est une activité qui implique des risques bien réels de pertes en capital, aussi soyez sûr d’être dûment formé et préparé avant d’envisager de passer à l’action).
Michel de Trading Attitude says
Bonjour, une des principales raisons c’est que les outils utilisés sont très anciens (chartisme) ou inadaptés (analyse de la valeur basée sur les comptes parfois pipeautés). De plus les gens croient qu’il faut acheter un titre qui a baissé, alors que c’est le contraire. Cela s’apprend.
Pierre says
Bonjour Michel,
Effectivement, ce n’est pas parce qu’un titre a baissé en bourse qu’il est forcément bon marché (et inversement) ;
Cdt
Shinen says
Bonjour,
le titre en baisse est bon marché , si l’entreprise maintient son dividende , voire pour les rolls du dividende qui l’augmentent chaque année et depuis longtemps (tres nombreuses aux EU peu nombreuses en Europe) Il faut être hyper sélectif.
Cdlt
smaynill says
Le pire c’est si on se met à calculer le rendement net après impôts. Dans un compte non exonéré, multiplier les transactions pour réaliser 2% de gains au final, ça veut dire qu’il en reste encore moins à la fin de l’année.
Pierre says
Bonjour,
Effectivement, il faut compter environ 30% de taxes sur les PV sur un compte non exonéré (fonction de la résidence fiscale bien entendu), ce qui rend les choses encore plus compliqués ;
Cdt
Marie de Market Signals says
Il est vrai qu’acheter ce qui a le mieux marché dans le passé donne l’impression de faire le meilleur choix et pourtant c’est une idée reçue ! Merci pour cet article !
Iroud says
Il est effectivement effarant et attristant de constater que les causes produisent souvent les mêmes effets dans le comportement moutonnier de la foule qui achète malheureusement au plus mauvais moment des actifs financiers comme des actions ou des crypto – monnaies.
Les trackers à bas coûts sur les indices boursiers restent le moyen le plus sécurisé et le plus rentable d’investir en bourse avec la possibilité de payer à minima les impôts grâce au PEA et à l’assurance vie.
Pierre says
Bonjour Iroud,
Le plus rentable, la question peut être à débattre mais la manière la plus simple et la moins chronophage c’est certain.
J’en parle d’ailleurs un peu plus avant ici : https://plus-riche.com/investir-bourse-simplement
Bien Cordialement
Kevin says
Je me retrouve un peu dans le profil que tu as mentionné dans ton article : celui qui essaie de mixer toutes les stratégies qu’il a lues. Et plus je lis, plus je me dis que je dois simplifier au maximum mon process afin qu’il me soit adapté. C’est encore et toujours ce biais qui me fait croire que plus c’est complexe, plus ce sera efficace… Merci pour cet article !