2022 va bientôt toucher à sa fin, et avec cette fin d’année, nous allons fêter aussi les 1 an du marché baissier qui a commencé l’an dernier autour de cette période.
Pour beaucoup d’investisseurs il s’agissait d’un « baptême du feu« , car la plupart des nouveaux arrivants en bourse n’ont jamais connu de période de baisse prolongée (bien sûr nous avions eu la baisse « éclair » de -30% durant le covid en 2022, mais cela n’a pas le même effet).
Vous pouvez lire autant que vous voulez sur le sujet, il faut le vivre pour comprendre l’ambiance et l’état d’esprit général de ce genre de période (qui conduit généralement la majorité des gens à perdre beaucoup d’argent).
Je vous propose de revenir ici un peu plus en détails sur ce qui a changé en 2022.
1/ Un changement de sentiment
C’est probablement le premier point que vous avez pu percevoir cette année : le sentiment spéculatif est plus ou moins mort en 2022.
Vous pouvez constater de cela sur différents secteurs :
- Les cryptomonnaies ont chuté de plus de 70%.
- Fini les SPACS a gogo.
- Retour sur terre pour les valeurs technologiques non profitables.
- Grosse chute pour les sociétés richement valorisées.
- Ralentissement des transactions immobilières causé par la hausse des taux…
Pour beaucoup 2022 a marqué la fin d’une période « d’argent facile« et un retour sur terre avec un dégonflement de tous les segments « bullesques » du marché.

Des secteurs entiers qui étaient montés sans raison particulière se sont mis à rendre leurs bénéfices, les fondamentaux et les valorisations ont recommencés à compter (beaucoup). Les secteurs les plus spéculatifs ont été les premiers à chuter, et les plus durement touchés.

Vous pouvez comparer une période de hausse avec des banques centrales accommodantes et des injections de liquidités à un bateau qui avance le vent dans le dos. Peu importe ce que vous faites : si vous vous laissez porter, vous avez de bonnes chances de voir vos comptes progresser.
Maintenant tout cela est terminé, et en période de conditions économiques plus difficiles : ceux qui savent naviguer commencent à tirer leur épingle du jeu par rapport à ceux qui se laissaient simplement porter par le courant.
En investissement, le véritable argent est gagné en jouant une bonne défense durant les périodes désagréables. Et la partie difficile n’est pas de gagner avec tout le monde, mais de ne pas rendre tous ses profits à la première correction venue.
2/ Un désintérêt général pour les marchés
Comme je suis directement exposé par l’intermédiaire de ce site (en plus de mon travail à coté), je peux le constater directement : l’engouement pour tout ce qui est investissement a chuté drastiquement en 2022.
Mes niveaux de trafic n’ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient en 2020. L’engagement est en baisse. Et même moi je commence à sentir une certaine démotivation à l’idée d’écrire sur la bourse en ce moment (alors que je sais très bien que ce genre de période peut se produire).
La plupart de l’intérêt pour la bourse des particuliers est mort avec les « meme stocks » et avec le marché haussier. La plupart de ceux qui avaient rejoint les bourses pendant la frénésie spéculative de 2020 en sont déjà repartis aussi vite qu’ils étaient venus.

Le fait que les investisseurs particuliers ont tendance à ne s’intéresser à la bourse que quand elle est haute n’est pas un cliché. Et peu importe à quel point on peut répéter qu’il est mieux d’acheter après une chute que sur un sommet : il ne sert à rien d’aller contre la nature humaine.
La foule à tendance à aimer les cryptomonnaies plus que les actions, et à ne s’intéresser à des actifs que lorsqu’ils sont déjà bien montés. Mais comme le dit le proverbe : « vous ne pouvez pas espérer faire ce qui est populaire et gagner le l’argent« .
2022 nous donne donc une nouvelle fois la preuve que la nature humaine change peu, et que la foule n’apprend guère de ses erreurs passées.
3/ Une discipline qui commence à fléchir
Dans les marchés haussiers, tout le monde est « long terme« , il est largement accepté que le timing de marché ne fonctionne pas (même Peter Lynch et Warren Buffett sont les premiers à le reconnaitre, et cela ne les a pas empêché de gagner des millions en bourse).
Quand le pessimisme gagne, tout cela passe par la fenêtre. Les gens deviennent soudainement convaincus qu’une récession en 2023 est une chose certaine. Et que cette récession va s’accompagner d’une nouvelle année de baisse.
Le fait que les statistiques historiques favorisent un rebond plutôt qu’une nouvelle chute, qu’être short sur les actions soit un pari qui a plus de chance d’être perdant que gagnant, qu’être en cash a plus de chances de vous faire perdre de l’argent qu’autre chose sur une longue période ne compte plus.

Le sentiment prend le pas sur les statistiques. Les investisseurs avec une forte intolérance à l’incertitude sortent en se disant qu’ils pourront toujours re-rentrer plus tard.
Les gens oublient que les marchés ont tendance à marquer leurs plus bas avant que les conditions économiques ne s’améliorent.
4/ La sensation que les choses sont pires qu’elles ne le sont
Beaucoup d’investisseurs ont ressenti 2022 comme une année « tragique« , mais l’un dans l’autre rien de si terrible que cela ne s’est produit. Du moins à l’échelle de comment se comportent usuellement les bourses.
Voici concrètement une capture des niveaux des indices à fin 2022 :

Le sentiment dépasse de beaucoup les chiffres ici, et les années de bull market ont rendu les investisseurs très averse aux pertes. Quelques mois de chute suffisent à les désarçonner, alors qu’historiquement, ce qui est anormal c’est que la bourse monte chaque année sans correction.
Gardez en tête aussi que comme je l’avais évoqué en fin d’année, la baisse des indices a l’air plus grave que ce qu’elle n’est car ceux ci sont lourdement pondérés en actions technologiques.
Si vous prenez un secteur comme les actions « value« , celles ci se sont plutôt bien comportées en 2022. Le sell-off a ciblé principalement les secteurs du marché qui étaient les plus « gonflés » au niveau valorisation, ainsi que les secteurs les plus spéculatifs.

Rien d’anormal donc dans l’absolu : plutôt un simple retour sur terre de certains secteurs dans des conditions économiques moins faciles.
Et une surperformance des valeurs les mieux positionnées pour bien résister aux périodes d’inflation élevée.
Conclusion
Les gens se plaignent souvent lorsque les marchés sont « excessifs« , mais ils se plaignent aussi quand ceux-ci corrigent leurs excès. C’est ce qui s’est passé en 2022 et ce genre de choses est loin de sortir de l’ordinaire. En bourse, vous aurez de (très) bonnes années, suivies de mauvaises.
Et vos retours seront plus dictés par comment vous réagirez durant les mauvaises années que durant les bonnes. Les périodes telles que celles que nous traversons aujourd’hui sont celles où la plupart des gens « démissionnent » de la bourse et de l’investissement.
Continuer à faire les choses bien, même quand ce n’est plus drôle ou facile, est généralement ce qui fait la différence entre les performances exceptionnelles, et les performances moyennes dans toutes les disciplines.
La bourse ne fait pas exception, et les périodes telles que celle que nous vivons sont celles qui font la différence entre les investisseurs gagnants sur le long terme, et ceux pour qui la bourse n’aura été qu’un simple hobby de confinement.
ce marché baissier risque de se prolonger encore pour combien de temps selon vous si on considere que ce marché baissier est a l echelle mondiale mais que des elections aux u s a sont a nos portes dans moins de 2 ans
Bonjour Claude,
C’est difficile à dire mais il est bon de garder en tête quelques stats. Historiquement le marché baissier « moyen » dure autour des 1 an et demi : https://plus-riche.com/bear-market
Cependant, certains ont duré 6 mois et d’autres plusieurs années, donc il y a beaucoup d’incertitudes ici, et de la variance en fonction du contexte général ;
(Il est bon de rappeler aussi qu’en comparaison, le marché haussier « moyen » a une durée de 9 ans) ;
Cdt
Super article comme toujours, du coup, dans le contexte, quel portefeuille anti crise proposez vous ?
Article magnifique comme d’habitude.
Je reste un fan absolu de ce que tu écris.
C’est un tel plaisir avec tant d’années de te lire.
Brillant.