Où Placer Son Argent Pendant Une Crise? (4 Valeurs Refuges)

Au cours de ces dernières semaines (je ne saurais dire pourquoi), mais tout le monde s’est soudainement mis à redouter un krach boursier mondial imminent, et se demande donc où placer son argent pendant une crise?

Pour rappel afin de tempérer un peu tout cela : usuellement, les bourses ont souvent tendance à tomber lorsque tout le monde attend qu’elles montent (#Bitcoin), et plus rarement lorsque tout le monde s’attend à un krach majeur.

Quoi qu’il en soit j’ai eu beaucoup de requêtes me demandant de creuser le sujet des placements « anti-crise » ces derniers temps, et je me suis donc dit que (crise ou pas crise), cela ferait sans doute un sujet d’article intéressant.

C’est parti donc ici pour une petite liste des placements « bunkers » qui historiquement ont le mieux résisté aux environnements économiques les plus difficiles.

1/ L’or (le placement anti-crise par excellence)

L’or est généralement un placement qui performe bien durant les périodes de stress financier important, et une valeur sûre éprouvée par le temps pour celui qui de demande où placer son argent pendant une crise.

La logique est la suivante : en cas de problème sur les monnaies papiers (ou de crise de confiance concernant le système financier mondial), l’or reste la réserve de valeur (et la monnaie) « ultime » de dernier recours.

En effet, l’or est physique, il ne dépend d’aucune banque centrale, sa quantité est par nature limitée, et l’or a de la valeur dans tous les pays du monde.

Voici les performances de l’or et de l’argent au cours des dernières crises boursières importantes :

Comme vous le voyez, nous pouvons tirer plusieurs conclusions de ce tableau :

1. L’or monte effectivement la majorité du temps lorsque les bourses baissent
2. L’or est (historiquement) un meilleur placement anti-crise que l’argent
3. L’or est un instrument de couverture dit « imparfait » (il monte la plupart du temps mais pas 100% du temps)

A noter que les -46% de la période de 80/82 sont à mettre en perspective car ils se sont produits juste après un marché haussier majeur de +2300% sur l’or (ce qui recontextualise quelque peu l’ampleur de cette correction).

2/ Le Franc Suisse (la devise « valeur refuge »)

Un placement anti crise qui constitue également une bonne réserve de valeur (souvent moins populaire et moins connu que ses cousins les métaux précieux), est le Franc Suisse. Pourquoi ?

Car le Franc Suisse répond plus ou moins à la même logique de « réserve de valeur » qu’évoqué précédemment.

La Suisse est un état indépendant qui se situe hors de la zone euro, et de la zone dollar, et qui dispose d’une économie robuste, stable et protectionniste. Durant la crise financière de 2008 et la crise de la dette de 2011, le Franc Suisse s’était d’ailleurs considérablement apprécié :

Une étude réalisée par la Bundesbank allemande sur plusieurs devises entre 1986 et 2012 est elle aussi venue confirmer le statut de « valeur refuge » de la devise nationale Suisse, et a confirmé qu’il existait bien une corrélation négative entre le cours du CHF et les rendements globaux des marchés actions durant les crises financières).

Si vous faites partie des lecteurs Suisses du site vous pouvez donc vous réjouir : historiquement, votre devise nationale à elle seule constitue un bouclier contre les crises économiques!

3/ L’immobilier physique résidentiel

Même en cas de crise financière majeure : tout le monde doit habiter quelque part.

Ce qui fait que l’immobilier physique résidentiel est usuellement un bon placement anti-crise (même si il n’est pas forcement le premier qui nous vienne en tête lorsqu’on se demande où placer son argent pendant une crise). En tous cas l’immobilier physique résidentiel situé dans les bons secteurs.

Attention cependant ici : tous les secteurs immobiliers ne peuvent être considérés comme « défensifs », et il y a de nombreux facteurs à considérer à l’échelle locale.

Par exemple, si vous avez un appartement situé en zone rurale et dont l’économie dépend de seulement une ou deux grandes entreprises (qui fermeront ou licencieront aux premiers signes de faiblesse économique) : votre taux de vacance locative et de défaut augmentera probablement de manière significative lors d’une crise, et on ne peut pas dire que votre placement soit « défensif ».

Si en revanche, vous louez un appartement bien situé dans les quartiers résidentiels d’une grande ville (éventuellement avec des garants ou une garantie des loyers), votre immobilier constituera un bon actif défensif, puisqu’une récession aura peu de chance d’impacter significativement la demande pour votre bien ou vos loyers.

4/ Les obligations d’état (le placement défensif « classique »)

Historiquement, les obligations d’état sont considérées comme une « valeur refuge » durant les temps économiques difficiles (en particulier les obligations d’état de bonne qualité comme les bons du trésor américains ou les « bunds » allemands).

La logique est la suivante : en temps de fortes incertitudes économiques, les investisseurs se replient sur des valeurs sûres et sur les entités qui ont le moins de chance de faire faillite : typiquement les états plutôt que les entreprises, et de préférence les états les plus robustes.

Voici par exemple comment se sont comportées les obligations d’états américaines de moyenne et longue échéance (symboles TLT et IEF ici ) durant les pires trimestres de ces 15 dernières années sur les marchés actions :

Comme vous pouvez le voir ici, les obligations ont donc historiquement bien joué leur rôle de « valeur refuge » ici avec des performances positives (voire très positives) durant la majorité des périodes difficiles sur les indices boursiers, ce qui en fait un placement défensif de choix pour ceux qui se demandent où placer son argent pendant une crise.

Comme dans le cas de l’or attention cependant : les obligations restent un instrument de couverture dit « imparfait » car il existe toujours des années (telle que l’année 2009 par exemple) où actions et obligations ont chuté de concert (historiquement, ce genre d’évènement reste néanmoins assez rare).

Comme vous pouvez le voir également ici : les obligations d’état de longue échéance (représentées par la colonne « TLT ») tendent à avoir des rendements supérieurs du fait de leur plus grande volatilité/sensibilité par rapport aux obligations de plus courte échéance (colonne « IEF »).

5/ Bonus : Placements alternatifs pouvant également servir de valeur refuge

Je mentionne cette catégorie séparément des autres car il est beaucoup plus difficile d’obtenir des données chiffrées objectives, et beaucoup de ces placements sont plus difficilement accessibles pour les investisseurs particuliers mais on peut citer entre autres :

• L’art : les œuvres de grands artistes célèbres constituent généralement un des instruments de diversification favoris des hauts patrimoines (beaucoup de pièces étant uniques au monde ou réalisées en très peu d’exemplaires, elles peuvent être de bonnes réserves de valeur).
• Le vin : suivant la logique des œuvres d’arts, certains grands crus peuvent servir de « valeur refuge » et d’instruments de diversification supplémentaires dans la catégorie « actifs alternatifs », mais comme pour l’art, cela reste un marché de spécialistes.

Les cryptomonnaies sont également régulièrement évoquées comme valeurs refuges potentielles lorsque l’on pose la question d’où placer son argent pendant une crise, cependant celles-ci n’ayant jamais été éprouvées de manière sérieuse dans un environnement économique difficile (du fait de leur création post crise de 2008).

Nous ne pouvons pour le moment que spéculer sur leur statut potentiel de « valeur refuge » (et il vaut probablement mieux s’en tenir aux « valeurs sûres » en attendant d’y voir plus clair de ce coté).

Conclusion

Nous avons pu voir ici les 4 grands placements dont le statut de « valeur refuge » a été éprouvé à plusieurs reprises depuis plusieurs décennies.

Attention cependant, il est important de préciser une chose : sur le long terme, ces placements présentent tous des rendements moyens inférieurs aux actions (ceci parce que l’économie passe généralement de plus longues périodes de temps en croissance qu’en récession).

Ils constituent donc de bonnes options défensives de moyen et court terme, mais ne sont pas forcement les investissements les plus rentables dans la durée (en particulier pour ce qui est de l’or et des métaux précieux).

Cependant ce sont des options qui sont toutes réellement décorrélées les unes des autres, et qui peuvent donc constituer de bonnes options pour diversifier un patrimoine ou un portefeuille boursier.