Récemment avec la correction des bourses, beaucoup d’investisseurs ont découvert (ou redécouvert) que les marchés pouvaient être volatils (parfois, en payant le prix fort).
Les bourses ont chuté depuis le début de l’année, mais les bourses ont chuté très inégalement en fonction des secteurs depuis le début de cette correction.
Et il se trouve que vous pouvez plus ou moins savoir avant les corrections si vous allez vous retrouver dans le camps des « gros perdants » ou des « perdants modérés » à la prochaine faiblesse de marché. Avec ce qu’on appelle en finance, le « Beta« de vos investissements.
Zoom sur un concept clé souvent ignoré des investisseurs particuliers.
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Quelle est la « personnalité » de vos investissements?
Sans rentrer dans des statistiques complexes, vous pouvez voir ce qu’on appelle le « beta » en finance simplement comme la « personnalité » de vos investissements.
Ce « Beta » est souvent mis en équation dans les modèles académiques pour calculer le risque spécifique lié à chaque action (mais rassurez-vous, vous n’avez pas besoin d’équations compliquées pour estimer le beta d’un titre, comme nous le verrons dans la suite).
En effet, beaucoup de gens ne le réalisent pas, mais chaque action (ou type d’investissement) tend à posséder une manière de bouger dans le temps qui lui est propre.
Vous avez les investissements dits « de rendement » qui auront tendance à évoluer de manière plus latérale, et à dégager l’essentiel de leurs retours via les coupons qu’ils versent, les investissements « bons pères de familles » peu volatils avec une légère dérive haussière dans le temps, les investissements de type « croissance » qui auront une forte volatilité, etc…
Si vous êtes un investisseur avec quelques années d’expérience, ceci vous parait peut être évident, mais un nombre élevé de débutants en bourse achètent sans se rendre compte du type d’investissement qu’ils sont en train de réaliser.
Ce que nous appelons « high beta » en finance, cela va être les investissements qui ont tendance à être très volatils (et usuellement très populaires). Ce que nous appelons « low beta » est usuellement un type d’investissement plus défensif. Exemples concrets.
3 indices pour 3 profils différents
Depuis le début de l’année (sans s’aventurer sur les actions individuelles, sur lesquels le sujet s’avère plus complexe), vous pouvez constater de ce phénomène très simplement.
- Si vous prenez l’indice des valeurs technologiques Nasdaq, vous perdez 30%.
- Pour l’indice S&P 500, vous perdez 17%.
- Pour l’indice Dividend Aristocrats, vous perdez 10%.
(Et par une sélection de titres soigneusement choisie, vous pouviez perdre encore moins).
Le Nasdaq possède un haut « Beta« , l’indice « Dividend Aristocrats » un Beta faible (vous pouvez substituer « volatilité » à Bêta, même si ce n’est pas à 100% la même chose).
Beaucoup de débutants demandent pourquoi acheter un indice comme le S&P 500, quand le Nasdaq a grimpé de 150% sur les 5 dernières années, avec aucune année perdante (jusqu’à aujourd’hui…?). Vous avez ici un début d’explication.
Certains investisseurs n’apprécient pas la possibilité de voir leur portefeuille chuter de plus de 50% en quelques semaines.
Différentes actions et différentes personnalités
Dans les marchés haussiers majeurs, la plupart des investisseurs novices tendent à privilégier sans le savoir les investissement à haut Beta parce qu’ils ne savent pas que le fait de choisir ce type de support implique qu’à la prochaine correction, ce seront eux qui tomberont en premier.
Il n’y a pas forcement de mal à choisir un type d’investissement plutôt qu’un autre en fonction de votre stratégie, mais ce qui fait beaucoup de dégâts en général, c’est de ne pas savoir où vous mettez le pied au moment où vous réalisez votre achat.
J’ai utilisé ici l’exemple de 3 indices boursiers bien connus, mais comme vous pouvez l’imaginez sur les actions individuelles, le phénomène est encore plus marqué, et chaque type d’action possède sa personnalité.
L’exemple des valeurs technologiques
Le secteur des « techs » représente bien les investissements que l’on qualifie de « high beta« . Quand ils montent, ils montent fort et vite, quand ils descendent, les pertes peuvent être dévastatrices. Ce qui s’est passé récemment sur Netflix est une bonne illustration de cela :
Netflix est bien entendu un exemple extrême ici, mais globalement n’espérez pas investir sur ce type de valeur et vous en sortir décemment pendant un marché baissier majeur.
Les valeurs dites « high beta » sont généralement celles qui chutent le plus dur, et où vous devez avoir l’estomac le plus solide.
Les valeurs à faible beta sont celles qui vous récompenseront sans doute un peu moins durant les marchés haussiers forts, mais qui résisteront aussi très probablement le mieux durant les périodes difficiles.
Des nuances dans chaque catégorie
Les valeurs qui paient des dividendes tendent par nature à avoir un « beta » plus faible que la majorité des actions du marché (ce qui est généralement un atout pendant les corrections de marché, comme nous avons pu le voir avec l’indice Dividend Aristocrats présenté un peu plus haut).
Cependant même dans cette catégorie, vous pouvez avoir de vastes différences. Voici par exemple deux titres qui cotent sur le marché français : Air Liquide et Kering.
Les deux titres sont des payeurs de dividendes, mais bougent de manière très différentes.
Comme vous pouvez le voir ici, les mouvements de Kering sont beaucoup plus brutaux, et même si le titre a grimpé de 150% sur les 5 dernières années, cela ne s’est pas fait sans violents retours de bâton (C.F : 2020 et aujourd’hui), ce qui a fait d’Air Liquide un titre bien plus facile à conserver.
Il n’y a fondamentalement rien de mal à avoir Air Liquide ou Kering en portefeuille, mais les problèmes peuvent survenir si vous achetez du Kering sans savoir qu’il faut s’attendre à des mouvements trois fois plus brutaux sur le titre que sur Air Liquide (par exemple), ou que sur un indice boursier.
Conclusion
En bourse, il est important de diversifier son portefeuille sur différents types d’actions, mais n’allez pas sur des titres à haut beta en espérant bien vous en sortir pendant les corrections de marché. Par nature ce qui bouge très fort et très vite a tendance à le faire dans les deux sens.
Réaliser que vos titres ont des personnalités différentes vous aidera à mieux gérer les risques, et à ne pas mettre trop de capital sur des supports qui bougent plus que ce que vous ne pouvez tolérer.
Ce concept est la raison pour laquelle en gestion de portefeuille, on demande souvent le profil d’investissement (typiquement défensif, équilibré, ou agressif). Les investissements peuvent ainsi être mieux « taillés » à vos attentes.
(Gardez aussi en tête qu’usuellement et contrairement à ce que font la majorité des investisseurs, les investissements moins volatils ont tendance à être le meilleur pari dans la durée).
Christine Jacquet says
Merci pour cet éclairage.
Où l’information du Bêta est-elle disponible, sur Zonebourse par exemple?
Pierre says
Bonjour, ce n’est pas une information directement disponible à ma connaissance, néanmoins, comme évoqué dans l’article, nul besoin de le calculer précisément pour l’estimer. On peut déjà en avoir une idée en comparant simplement des graphiques boursiers de longue échéance, comme je l’ai fait ici (on peut prendre un indice en référence, ou bien une autre action et les comparer entre elles) ; Cdt
Michel de Trading Attitude says
Bonjour, le fait qu’un actif va baisser ou pas dépend de la crise en cours. Un actif ne répond pas pareil à une hausse des taux, l’inflation ou une guerre ou un confinement.
Pierre says
On ne peut pas savoir à l’avance quelles seront ces variables, mais on peut savoir à l’avance comment un actif aura tendance à y répondre. Les valeurs volatiles ont tendance à rester volatiles, les valeurs peu volatiles ont tendance à rester peu volatiles, c’est justement l’idée derrière le Beta ici.