Dans cet article nous allons analyser ensemble un géant de la bourse de Paris de qui tout possesseur de voiture a déjà été client au moins une fois : le groupe Total.
Si vous aimeriez que l’argent n’aille pas toujours dans le même sens (à savoir de votre poche à celui de leurs pompe à essence), et que ce soit Total qui vous paie plutôt que l’inverse (sous forme de juteux dividendes), cet article vous intéressera surement.
Présentation de la société et secteur d’activité de Total
Total est une société française opérant dans le secteur du pétrole et du gaz. Elle fait partie des « supermajors », c’est à dire qu’elle est une des six plus grosses sociétés au monde sur son secteur (les cinq autres étant Exxonmobil, BP, Royal Dutch Shell, Chevron et ConocoPhillips). C’est également la première entreprise française en terme de chiffre d’affaire.
Le groupe Total est présent dans 130 pays, compte plus de 100 000 salariés, et possède plus de 16 000 stations services à travers le monde.
Si l’on connait surtout la société à notre échelle pour ses stations services, Total opère également dans le secteur du gaz, de la chimie (à travers les activités de raffinage du pétrole et la production de biocarburants), et des énergies renouvelables (avec notamment un positionnement sur le solaire et les nouvelles énergies liées au biotechnologies).
On a ici typiquement l’exemple d’un grand groupe adaptable et bien géré : le coeur du métier de la société est le pétrole, mais celle ci n’hésite pas à s’adapter aux besoins du marché en développant ses activités dans les énergies renouvelables au fur et à mesure que celles ci se démocratisent et se placent au coeur des enjeux. Total a en effet fait l’acquisition en 2011 de Sunpower, le principal acteur américain de l’énergie solaire.
Total et Sunpower ont d’ailleurs achevé en 2015 la construction de la plus grande centrale à énergie solaire du monde en Californie.
L’action Total à la bourse de Paris
Total est la plus grosse entreprise de la bourse de Paris en terme de capitalisation boursière, et elle représente à elle seule (en fonction des périodes) entre 8 et 15% de l’indice CAC 40 (soit le maximum autorisé pour une société). Il faut savoir en effet que les 40 entreprises qui composent l’indice français sont pondérées en fonction de leur taille et une société peut représenter entre 0.1 et 15% de l’indice.
Cela veut dire concrètement que chaque fois que le CAC 40 bouge, 8 à 15% de ses mouvements peuvent être expliqués par la direction qu’a pris l’action Total (ce qui est énorme si on compare cela à un indice comme le S&P 500 américain ou aucune des 500 sociétés qui le composent ne peut avoir un tel impact sur l’indice).
C’est donc une valeur véritablement centrale pour la bourse de Paris.
Dividendes de l’action Total
Total est un des champions du dividende français. Voici un extrait de leur communication aux actionnaires concernant leur politique de dividende :
« En versant chaque année une part de nos bénéfices à nos actionnaires, nous les associons à notre croissance. Preuve tangible de notre engagement à créer de la valeur sur la durée, nous proposons à nos actionnaires un dividende trimestriel, qui n’a jamais baissé depuis 1982 et qui génère un rendement particulièrement attractif. »
Total est une des rares sociétés françaises à payer ses dividendes tous les trois mois (sur le modèle des sociétés américaines) plutôt que de les verser une fois par an. Cette politique est avantageuse pour un investisseur car elle lui permet de dégager plus régulièrement du cash flow qui peut être réinvesti rapidement.
La société a clairement une politique axée sur la croissance de son dividende puisque celui ci est stable ou en hausse depuis 35 ans.
Le rendement moyen total du titre sur les 15 dernières années (prix + dividendes) a été de 6.5% environ et le rendement à 1 an est de 24.5% (notez au passage que j’avais recommandé le secteur pétrolier dans l’article où investir en 2017 écrit il y a bientôt un an).
Le rendement du titre en terme de dividende pur se situe à ce jour autour des 5% ce qui est supérieur à la moyenne du marché (les rendements moyens des titres diminuant de plus en plus au fur et à mesure que le marché continue son ascension).
Durant les dernières années le secteur pétrolier dans son ensemble a pris du plomb dans l’aile du fait de la forte chute des cours du pétrole qui avait impacté les bénéfices, il est intéressant de noter que malgré le contexte actuel difficile, Total a tout de même pris la décision de relever son dividende en 2017.
Quelles perspectives pour l’action Total?
L’évolution des cours futurs de valeurs comme Total reste très corrélé à l’évolution de ceux du pétrole (qui est par nature une matière première dont les fluctuations sont extrêmement imprévisibles), il ne faut donc pas s’attendre à avoir des actions qui montent si le cours du Brent se remet à chuter, néanmoins les titres de qualité ont l’avantage de mieux tenir en terme de prix que le baril lui même (ET de payer des dividendes), voyez plutôt :
Un cours qui tient aussi bien durant une période où le coeur du business est malmené est la marque d’une entreprise de qualité dans laquelle les investisseurs ont confiance.
Un exercice intéressant également pour avoir une idée de la robustesse d’une société par rapport à ses concurrents et de voir comment réagit le cours de son titre à une crise majeure comparativement à celui des sociétés du même secteur (car comme le dit Warren Buffett « c’est quand la mer se retire que l’on voit ceux qui se baignent nus »).
Voici donc le cours de Total comparé à ceux de Royal Dutch Shell, ConocoPhillips et Exxon entre 2012 et aujourd’hui.
Comme vous pouvez le voir, Total est la société qui a le mieux résisté du lot à la forte baisse du pétrole de ces dernières années.
Conclusion
Total est une bonne valeur de rendement qui se situe actuellement sur des niveaux attractifs. En temps qu’action, Total a les défauts de ses qualités : ce n’est pas une valeur qui bouge beaucoup, autant à la hausse qu’à la baisse et ses rendements annuels totaux sont plus faibles qu’une valeur comme Air liquide par exemple (6%/an pour la première VS 12%/an pour la seconde sur les dernières années).
Néanmoins acheter ce genre de titre durant les périodes où ils prennent du plomb dans l’aile peut être un bon moyen d’augmenter ses rendements tout en profitant d’une réévaluation du titre ultérieure une fois la tempête passée (l’essence même d’une stratégie « value »). En témoignent les gains d’environ 25% sur le titre durant la dernière année.
Si vous êtes un investisseur défensif qui n’aime pas les valeurs qui bougent beaucoup et qui s’intéresse simplement à des versements de dividendes stables et réguliers, Total peut être une option à considérer pour vous.
Sandy says
Bonjour Pierre,
Merci pour cet exemple.
Une question, est-ce qu’il faut être regardant pour la valeur du titre : à partir du moment où les dividendes tombent chaque année, est-ce que le prix d’entrée est important ?
Bon dimanche à toi
Pierre says
Bonjour Sandy,
Oui tout à fait le prix d’entrée est important (le mieux étant bien sûr le plus bas possible) car il permet de faire 2 choses :
1/ Sécuriser son achat : c’est ce que Benjamin Graham appelait « investir avec une marge de sécurité », c’est à dire qu’un titre acheté bas permet à un investisseur de patienter tranquillement et de faire effet de « coussin » pour les périodes difficiles
2/ Augmenter son rendement : le rendement d’un titre en terme de dividendes augmente lorsque le prix de l’action baisse. Par exemple ici Total paie 5% mais pour un achat réalisé il y a quelques mois il était possible de toucher un peu plus de 6% de rendement sur le titre ET d’avoir plus d’actions pour le même prix car le titre se payait moins cher. On a donc tout intérêt à chasser les titres de qualité qui côtent bas (toute la difficulté étant d’identifier si un titre est bas parce qu’il est en défaveur passagère ou parce qu’il est simplement de mauvaise qualité, auquel cas il faut l’éviter)