Il existe un éternel débat dans le monde de l’investissement : faut-il investir pour la croissance ou pour le rendement?
- Un investisseur qui investi dans une optique “croissance” recherche avant tout une appréciation de la valeur de ses placements (boursiers, immobiliers ou autre) dans le temps
- Un investisseur dit “de rendement” (à l’inverse) se concentre avant tout sur le cashflow versé (actions à hauts dividendes ou propriétés à hauts loyers), mais avec peu d’espoir de plus value en terme de prix.

Dans un monde idéal, un investisseur répondrait qu’il souhaite avoir les deux (la croissance, et le rendement). Mais tout investisseur expérimenté sait qu’en règle générale, les placements permettant d’avoir le beurre et l’argent du beurre sont très rares.
Pour donner un exemple concret : Un appartement à Paris a de bonnes chances de s’apprécier dans le temps en terme de prix, mais sa rentabilité en terme de loyer versé est très faible. A l’inverse vous pouvez trouver des appartements qui vous paieront 8 à 10% de loyers en rase campagne… mais avec peu de chances de les revendre plus cher que ce que vous les avez payé (et avec un risque élevé de moins value).
La même chose est vraie pour les actions. Une action qui vous paie 8 ou 10% de dividendes a probablement de gros problèmes de croissance (à quelques exceptions près, mais nous y reviendrons plus tard sur le blog), et inversement si vous cherchez des actions à croissance explosive, elles vous paieront rarement plus de 2 à 3% de dividendes.
La question est donc : quelle option est la meilleure?
- Des paiements élevés tout de suite (mais à taux fixe)?
- Des paiements plus modestes (mais croissants année après année)?
C’est la question à laquelle nous allons répondre dans cet article.
Actions à hauts rendements vs actions à dividendes croissants : quel est le plus rentable?
Pour trancher la question, nous allons étudier 3 scénarios :
- Une action qui paie 2% de dividendes annuels avec 8% de croissance en moyenne (en terme de prix et de hausse du dividende)
- Une action qui paie 5% de dividendes annuels avec 5% de croissance en moyenne (en terme de prix et de hausse du dividende)
- Une action qui paie 10% de dividendes annuels avec 0% de croissance (ni au niveau de son prix, ni au niveau de son dividende)
Comme vous pouvez le constater, nous comparons bien 3 placements qui sont sur un pied d’égalité puisque les 3 rapportent au total 10% de rendement par an (prix+dividendes), soit la moyenne historique des marchés actions.
1er cas : Forte croissance et faible rendement

Dans ce tableau nous achetons en année 1 une action qui paie 2% de dividendes et s’apprécie de 8% annuellement. Les dividendes sont réinvestis pour acheter de nouveaux titres chaque année.
A la fin de la période, les retours totaux (prix+dividendes) sont de +159%.
2ème cas : Rendement moyen et croissance moyenne

Dans ce tableau nous achetons en année 1 une action qui paie 5% de dividendes et qui s’apprécie de 5% annuellement. Les dividendes sont réinvestis pour acheter de nouveaux titres chaque année.
A la fin de la période, les retours totaux (prix+dividendes) sont de +159%.
3ème cas : Haut rendement et croissance nulle

Dans ce tableau nous achetons en année 1 une action qui paie 10% de dividendes et qui s’apprécie de 0% annuellement. Les dividendes sont réinvestis pour acheter de nouveaux titres chaque année.
A la fin de la période, les retours totaux (prix+dividendes) sont de (vous l’aurez peut être deviné) : +159%.
Conclusions de cette étude
1/ Acheter des actions à haut rendement en pensant gagner plus d’argent est une illusion
Certains investisseurs pensent qu’en achetant des titres avec de très gros dividendes (ou des appartements avec de très gros rendements), ils gagneront nécessairement plus qu’en achetant des instruments qui paient moins. Comme nous avons pu le voir ici : c’est faux.
Ce qui se passe la plupart du temps, c’est que ces instruments à très gros rendement sont aussi les plus risqués du marché et impliquent des risques de perte en capital élevés (le tout pour ne pas gagner nécessairement plus au final qu’un investissement avec un coupon plus faible… mais qui a de meilleures perspectives de croissance).
2/ Les valeurs de croissance ne rapportent pas forcement plus que celles de rendement
D’autres investisseurs sont à l’inverse convaincus que l’investissement dans des valeurs technologiques (par exemple) à forte croissance rapportera nécessairement plus sur le long terme que de placer dans des produits de rendement (qui sont à réserver aux gens qui souhaitent arrêter de travailler d’ici quelques années, ou se créer un complément de revenus).
Ce n’est pas nécessairement vrai non plus. Si un investisseur trouve un placement à haut rendement qui paie des coupons de 10% (ou plus) stables dans le temps, et qu’il les réinvestit systématiquement, il est très possible que l’investisseur de rendement batte l’investisseur de croissance, et ceci parce que…
3/ La qualité de vos placements est la seule chose qui compte vraiment pour obtenir des rendements totaux élevés
Croissance ou rendement, le style d’investissement importe peu : la seule chose qui compte pour votre succès à long terme c’est que vos valeurs de croissance continuent à croitre à un rythme élevé et que vos valeurs de rendement continuent de payer année après année quoi qu’il arrive.
Ce qui va déterminer vos rendements finaux, ce n’est donc pas le fait que vous investissiez plutôt dans des valeurs de croissance ou dans des valeurs de rendements, mais c’est votre capacité à identifier des valeurs de croissance et des valeurs de rendement de bonne qualité.
Maintenant que nous nous sommes d’accord sur ce point, analysons les choses sous un autre angle…
Hauts rendements ou dividendes croissants : qu’est-ce qui paie le plus de cash?
Dans le point précédent nous avons vu que (toutes choses étant égales par ailleurs) les rendements totaux d’une action à forte croissance et d’une action à fort rendement sont identiques (du moins, du moment que l’action de croissance peut assurer son taux de croissance dans le temps, et l’action à haut rendement ses paiements, et que nous sommes sur des sociétés de qualité à peu prêt équivalentes).
Maintenant posons la question sous un autre angle :
Pour gagner le plus de dividendes possibles (et le plus rapidement possible) :
- Vaut-il mieux privilégier de hauts rendements tout de suite (et les réinvestir)?
- Ou vaut-il mieux privilégier des rendements plus faibles, mais à forte croissance?
Un graphique efficace valant mieux qu’un long discours, voici la réponse en image :

Ce que nous voyons ici plus concrètement c’est le montant de dividendes versés annuellement par :
- Un placement qui paie 12% dès l’année 1 et qui grossit de 0% (réinvestis chaque année)
- Un placement qui paie 8% l’année 1 et grossit de 4% par an (réinvestis chaque année)
- Un placement qui paie 4% l’année 1 et qui grossit de 8% par an (réinvestis chaque année)
- Un placement qui ne paie pas de dividendes (mais dont le prix progresse de 12%/an)
Conclusions de ce tableau
1/ En terme de cashflow, les hauts rendements l’emportent sur les faibles rendements
On peut clairement voir ici que le placement avec 12% de rendement et 0% de croissance permet de dégager plus de cash plus rapidement que les placements suivants… (et ceci malgré leur croissance plus rapide).
Ici nous voyons clairement que le placement à 4% de rendement et 8% de croissance annuelle ne rattrapera jamais les paiements versés par le placement à 12% (réinvestis chaque année) par exemple.
Ce que nous montre ce graphique, c’est qu’en terme de cashflow dégagé il nous faut donc une croissance très rapide (et plusieurs années) pour espérer rattraper un placement qui a un haut rendement dès le départ.
2/ Les placements à haut rendement ont donc leur place dans un portefeuille orienté “indépendance financière”
Pour un jeune investisseur (qui a généralement relativement peu de cash à placer et plusieurs décennies devant lui), la stratégie généralement conseillée est d’investir dans des valeurs de croissance (Facebook, Amazon, Google…) pour essayer de jouer un “home run” et de réinvestir l’argent plus tard sur des valeurs de rendement.
Le graphique ci-dessus montre que si le but final est de dégager un maximum de cash avec son portefeuille boursier (et ce même si c’est d’ici plusieurs décennies), commencer à investir le plus tôt possible dans une stratégie de rendement est une alternative tout aussi viable (sinon meilleure) que d’investir dans une stratégie de croissance.
3/ Deux nuances importantes à apporter ici cependant
Ce tableau ne prend pas en compte 2 facteurs importants à considérer en situation “réelle” :
- le niveau de risque des placements à haut rendement : la plupart du temps, les placements à haut rendement sont les plus risqués et les plus “piégeux” du marché (sociétés à problèmes, produits de bourse complexes, etc…), et trouver des paiement à la fois élevés et sûrs dans le temps nécessite un haut niveau d’expertise boursière.
- les taxes sur les dividendes perçus : être taxé chaque année sur des niveaux de dividendes élevés peut réduire la rentabilité totale des stratégies à haut rendement (en fonction de votre tranche d’imposition, du compte que vous utilisez et de vos objectifs, une stratégie plus orientée croissance peut être mieux adaptée. Ceci dit il existe des options pour réduire votre fiscalité).
Conclusion
Nous avons vu ici que pour espérer dégager des rendements (et des dividendes) supérieurs dans le temps, un investisseur a besoin de 2 choses :
- Soit d’un rendement de base très élevé (placement à haut rendement)
- Soit d’une croissance très élevée (supérieure à celle donnée dans la plupart des exemples ci-dessus)
C’est pour cela que mon portefeuille boursier est essentiellement divisé en 2 catégories actuellement :
- Les placements à haut rendement (qui paient de gros coupons qui peuvent être réinvestis tout de suite)
- Les placements qui ont une croissance de leurs paiements nettement supérieure à la moyenne (par exemple Abbvie que j’avais déjà présentée sur le site et qui a augmenté ses paiements de 35% par an au cours de ces dernières années)
J’ai déjà largement traité le coté dividendes croissants au cours de ces dernières années (qui est et demeurera toujours le coeur de ma stratégie boursière). Cependant je sais que beaucoup de gens (moi y compris) sont également intéressés par l’univers des actions à haut rendement (sur lequel il y aurait beaucoup à dire également).
Si c’est un sujet qui vous intéresse, je vous conseille de suivre le site durant les semaines qui viennent car je vous prépare du contenu intéressant à ce sujet! (#teaser). Et sur ce, je vous dis à la semaine prochaine!
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