Cet article a été écrit suite à l’aimable invitation de Ben du blog bourseensemble à son évènement « les opportunités d’investissement de l’été » qui réunit les avis de plusieurs bloggeurs francophones autour de la thématique des meilleures opportunités boursières de cet été 2018.
Table des matières
Les grandes lignes de ma méthode d’investissement
Comme vous le savez sans doute déjà si vous suivez mon blog depuis un petit moment : ma méthode consiste à investir activement dans des valeurs à faibles risques qui paient des dividendes sûrs et croissants dans le temps. Ceci dans le but de dégager des revenus passifs qui pourront ensuite (au choix) être réinvestis pour faire boule de neige, ou bien servir de complément de revenus.
Cette méthode a l’avantage (si elle est bien appliquée) de permettre d’investir dans des sociétés qui paient des dividendes plus élevés (ou dont la croissance est plus dynamique) que la moyenne du marché, tout en présentant des niveaux de risque plus faibles (du fait de la meilleure résistance historique de ces entreprises aux récessions et aux marchés baissiers).
Pour trouver de bonnes opportunités d’investissement, j’utilise plusieurs « watchlists » et plusieurs filtres différents, et comme il n’est pas toujours facile de savoir quelles actions acheter dans un univers boursier très large, je vous propose dans l’article d’aujourd’hui de nous concentrer sur les titres potentiellement intéressants de la liste des « dividend aristocrats » américains (liste que j’ai déjà présenté sur le site auparavant, et qui réunit 50 sociétés ayant versé des dividendes en augmentation régulière depuis 25 ans ou plus).
Sans plus attendre, voici donc 5 exemples d’aristocrates « discountés » susceptibles d’être intéressants pour un investisseur de rendement aujourd’hui :
3M company
J’ai rédigé il y a peu un article détaillé sur le conglomérat industriel ultra diversifié qu’est 3M company.
Les performances historiques de la société 3M ont été significativement meilleures que celles de l’indice S&P 500 (12%/an en moyenne sur les 30 dernières années), tout en présentant un profil de risque inférieur et un rythme de croissance du dividende très supérieur à celui de l’indice (+16% de croissance/an sur les 5 dernières années).
Cette aura de qualité et de sécurité avait conduit le titre à devenir significativement surévalué en fin d’année dernière, cependant le cours de l’action a connu un déclin de -23% au cours de ces derniers mois qui a ramené le titre à un niveau de valorisation désormais plus raisonnable.
L’action paie à l’heure où j’écris cet article un dividende de 2.7% (avec un prévisionnel de 3% pour 2019), ce qui (bien que moins élevé que d’autres sociétés que nous verrons ensuite dans cet article) reste 50% supérieur aux 1.8% de dividendes versés actuellement par l’indice boursier américain S&P500.
Le tout en présentant de bonnes perspectives futures, un rythme de croissance supérieur à l’indice, et un niveau de risque très faible sur le long terme du fait de la solidité du groupe.
AT&T
Penchons-nous maintenant sur une opportunité d’investissement à plus haut rendement, mais impliquant également un peu plus de risques : AT&T.
AT&T est un aristocrate du dividende qui verse des dividendes réguliers et croissants depuis plus de 30 ans. Cependant, la société a rencontré des difficultés à croitre au cours de ces dernières années qui ont conduit à un déclin de son cours significatif (le titre a chuté de -28% au cours des 2 dernières années).
La société a également fait récemment l’acquisition du groupe Time Warner pour une somme significative (ce qui l’a conduit a beaucoup augmenter son endettement) ; une opération qui n’a pas été vue d’un bon oeil par tous les investisseurs.
Ce faisceau de facteurs fait que l’action verse aujourd’hui un dividende de 6.4%, ce qui est très nettement au dessus de la moyenne des autres aristocrates, et qu’elle se paie relativement peu cher.
Et si les faibles perspectives de croissance (et la masse de dette) sont en grande partie à l’origine de la chute de son prix, et que l’analyse technique nous dit (à court terme) de rester à l’écart, il faut savoir en revanche que le dividende élevé d’AT&T a le mérite d’être pour le moment sûr et bien couvert par le cashflow de la société (chose rare pour un niveau de paiement aussi élevé par rapport à la moyenne du marché, car comme je l’ai expliqué auparavant sur le site, les niveaux de dividendes excessifs sont souvent des pièges à investisseurs trop gourmands qui débouchent sur des coupes à courte ou moyenne échéance).
Le moindre catalyseur de croissance sur At&T marquerait donc l’opportunité d’acquérir un titre significativement sous évalué avec un rendement élevé (et sûr), et une perspective de réévaluation haussière significative de son cours.
Actuellement le dossier AT&T manque quelque peu de visibilité et présente certes plus de risques qu’un investissement dans une société comme 3M (par exemple), néanmoins les excès de pessimisme présents sur le titre ainsi que la sécurité et le niveau élevé de son dividende font d’AT&T une opportunité d’investissement potentielle à garder sur son radar.
Altria
Altria est un aristocrate du dividende aujourd’hui nettement discounté (chute de -24% au cours de ces derniers mois) suite à des changements de régulation que j’avais déjà présenté dans l’article « la meilleure action de ces 100 dernières années » et sur lequel il existe un certain niveau de pessimisme du fait de la tendance actuelle (et socialement positive) de fumer moins.
La perception du marché est donc que le modèle du groupe (la vente de cigarettes) est menacé ce qui rend un investissement dans Altria risqué à moyen et long terme. Cependant comme je l’avais expliqué précédemment, les cigarettiers ont historiquement fait preuve d’une ingéniosité et d’une résilience étonnante face à la régulation et à la tendance des gens à fumer de moins en moins à travers les dernières décennies (qui a jusqu’à présent été compensée totalement en terme de cashflow par la hausse régulière du prix des paquets).
Egalement le développement de cigarettes électroniques comme l’IQOS (beaucoup moins nocives pour la santé que les cigarettes traditionnelles) offre de nouvelles perspectives au groupe, sans même évoquer la légalisation récente du cannabis dans plusieurs Etats américains (ainsi qu’au Canada) qui offre un pan de marché totalement nouveau et un futur levier de croissance que la plupart des grands cigarettiers mondiaux songent actuellement à exploiter (une branche qui n’est certes pas exempte d’incertitudes et de questionnements d’ordre éthique pour le moment, mais qu’il faut néanmoins garder à l’esprit avant d’enterrer ces grands groupes prématurément).
Altria paie actuellement un dividende (sûr) de 4.8% et se paie relativement peu cher par rapport à sa valorisation historique moyenne.
Altria est un investissement qui (tout comme AT&T) n’est pas sans risques du fait d’un certain manque de visibilité à court terme sur le business model de la société, mais qui pourrait néanmoins connaitre une revalorisation significative en présence d’un catalyseur de croissance (et qui paie en attendant un dividende élevé, sûr et attendu en augmentation pour les années à venir).
Johnson & Johnson
Johnson & Johnson est un acteur majeur de l’industrie pharmaceutique américaine depuis des décennies, et tout comme 3M company, il s’agit d’un groupe ultra diversifiée doté d’un management exemplaire, d’un dividende croissant (et sûr) et de bonnes perspectives de développement futures.
L’action a chuté de -20% environ depuis ses plus hauts de l’an dernier, ce qui a ramené le titre à un niveau de valorisation plus raisonnable ; il verse actuellement un dividende de 2.8% (attendu à un peu plus de 3% en 2019), ce qui est nettement supérieur aux 1.8% de l’indice S&P 500 pour un niveau de risque globalement faible sur la société.
Johnson & Johnson est le type d’investissement qui ne vous rendra certes pas riche en une nuit, mais qui constitue en revanche un très bon investissement « père de famille » qui promet de bien résister aux récessions, et d’offrir des paiements de dividendes croissants et réguliers en toutes circonstances.
Abbvie
Vous connaissez probablement cette société si vous suivez le site depuis un petit moment.
Abbvie est un aristocrate qui a augmenté ses versements de dividendes de 35% par an au cours de ces dernières années (ce qui est tout à fait énorme), et l’action paie aujourd’hui un rendement de départ de 4% qui est bien supérieur à la moyenne du marché.
Malgré le déclin majeur de près de -30% au cours de ces derniers mois présenté sur le graphique ci-dessus, le titre est resté l’un des grands gagnants de mon portefeuille américain et la récente vague de pessimisme constitue à mon sens un bon point d’entrée potentiel sur le titre.
Ci-dessous un graphique de plus long terme pour donner de la perspective à la récente correction :
Conclusion
Des 5 valeurs présentées (offrant toutes des niveaux de dividendes supérieurs à l’indice S&P 500), ma préférence personnelle en terme de rapport risque/rendement va actuellement vers Abbvie, 3M et JNJ, et un peu moins vers AT&T et Altria. Néanmoins, ces deux dernières pourraient offrir des retours très intéressants en cas de news positives (les excès de pessimisme en bourse étant souvent synonymes d’opportunités pour les investisseurs avisés), je continuerai donc à les suivre de près.
Je souhaitais en tous cas illustrer à travers cet article le fait que même dans un marché haussier « mature » il est possible de trouver des titres raisonnablement valorisés, et offrant des niveaux de dividendes plus intéressants que ceux des trackers sur indices actuels (qui sont un peu anémiques en ce moment).
Bien entendu, cet article n’est pas une invitation à faire un « all in » sur ces actions, et il faut garder à l’esprit que la performance globale de votre portefeuille boursier sur le long terme dépendra aussi de la manière de laquelle vous mettrez vos titres en interaction, de votre capacité à adapter vos décisions à l’environnent de marché dans lequel vous vous trouverez, et de votre capacité à savoir identifier les secteurs en défaveur du moment tout en sachant éviter les pièges (chose qui n’est pas toujours évidente).
En espérant que ce bref tour d’horizon de ces 5 sociétés vous aura intéressé (si c’est le cas n’hésitez pas à suivre le blog par mail ou sur sa page Facebook si ce n’est pas déjà fait), et en espérant que vous aurez pu glaner ici quelques idées si vous vous demandiez où investir judicieusement vos économies!
Sur ce je vous dit à très bientôt pour un nouvel article!
PS : Et n’oubliez pas que cet article a été écrit dans le cadre d’une table ronde de blogueurs (dont je découvrirai les posts en même temps que vous). Vous pourrez donc trouver les opportunités préférées des autres participants via les liens suivants :
- Tanguy d’Investir et devenir libre: Soldes sur les bourses européennes cet été: 6,8% de rendement
- Michel de Trading Attitude: Sur quelles actions investir cet été – ma méthode pour investir
- Laurent de Vivre en bourse: Quelles sont les 3 meilleures actions à prendre cet été
- Alexandre de La bourse à long terme: L’été 2018 sera-t-il chaud et orageux en bourse ?
- Sovanna d’Upside bourse: 3 meilleures façons d’investir dans l’or
- Ben de Bourse Ensemble: Les opportunités actions les plus prometteuses de l’été 2018
Article très direct et intéressant, merci !
Petite question : à partir de quel seuil de d’investissement dans un PEA diversifié conseillez-vous de se tourner vers de l’investissement aux USA ? Je pense comprendre les avantages de baser une partie de son investissement vers les états-unis, mais est-ce raisonnable quand on prend en compte les avantages fiscaux de notre cher PEA national ? Merci
Bonjour Qanesh,
Je pense qu’il est difficile d’apporter une réponse universelle à cette question, dans le sens où chaque investisseur sera plus ou moins confortable avec le fait de détenir des actions en devises étrangères dans son portefeuille. Idem pour les seuils à fixer, ils sont très subjectifs.
Ce qui est sûr c’est qu’avoir une diversification internationale réduit les risques d’un portefeuille d’actions par rapport à un portefeuille placé uniquement dans la devise d’origine.
Egalement je pense que certains titres que je détiens dans mon portefeuille US auront surement plus de potentiel de hausse à long terme que certains titres que je détiens dans mon portefeuille européen, l’écart sera donc susceptible de compenser (au moins partiellement) la différence de taxation.
Bonjour, ce n’est pas que pour cela qu’il faut se diversifier en dollars. Du fait de la baisse de l’euro, les titulaires d’un CTO en USD ont automatiquement gagné sans rien faire.
Bonjour Michel,
Certes, mais comme personne ne peut prévoir l’évolution future du cours des devises, le but n’est pas ici de spéculer sur la direction de l’euro/dollar mais de se diversifier internationalement et de réduire les risques sur son portefeuille.
Ceci dit effectivement, lorsque les cours vont dans notre sens : nous sommes bien content d’avoir une partie du portefeuille placée en dollars.
Cdt
Merci Pierre pour cet article particulièrement intéressant et utile en ce moment !
J’ai récemment commencé à investir sur le marché US, et ma préférence va pour 3M déjà suivie grâce à ton précédent article dédié à ce groupe. Je suis aussi sur Abbvie et Altria, et finalement ces 3 valeurs se complètent bien pour le moment pour moi.
Ya plus qu’à élargir, au bon moment, notamment avec Johnson Johnson !
Encore merci pour tes nombreux articles avec un contenu de haute qualité, et toujours très concrets ! Ils complètent parfaitement ta formation…. Ce qui me permet d’approfondir et de préciser ma stratégie au fil du temps !
Bonjour,
il y a aussi des actions qui versent encore plus et qui grimpent ! Comme ABR (Arbo Realty Trust).
Arbor a perdu la quasi totalité de sa valeur en 2008 et a totalement cessé de payer des dividendes pendant la crise (en plus de l’avoir coupé 2 fois auparavant).
Il y a plus à considérer que le seul critère du rendement lorsqu’on analyse une société pour y investir à long terme. La sécurité du dividende (entre autres) et un facteur central. Toutes les entreprises présentées ici ont une bonne résistance historique aux récessions économiques, ce n’est pas le cas d’Arbor, qui est un placement beaucoup plus risqué sur lequel (personnellement) je ne m’aventurerai pas.
Je sais tout cela. Pour l’instant elle paie les dividendes et monte. Elle sera à laisser tomber si elle ne remplit plus l’une de ces conditions.
En fait, je n’achète ces valeurs que si je sais qu’elles vont monter. D’ailleurs je préfère acheter ce qui monte. Souvent la hausse en une rallye haussier est supérieure au rendement annuel. Je ne conserve que les super bonnes valeurs. Pas forcément les aristocrats (certains baissent pendant une période, comme 3M, JnJ).
Je comprends, mais comme le trend following est une approche différente de celle que je présente usuellement sur le site, je préfère préciser les risques encourus pour un lecteur qui tomberait sur Arbor dans les commentaires en étant dans une optique plus « buy and hold » (et développer au passage plus avant pourquoi personnellement je laisse la plupart du temps ce genre de valeur à haut rendement de coté pour mes portefeuilles long terme) ; Bien Cordialement
Merci Valérie pour ce retour positif 😉 .
N’hésitez pas à diversifier avec les autres listes données en plus de celle des dividend aristocrats traditionnels (on peut souvent y trouver des croissances un peu plus dynamiques que dans les listes plus classiques) ;
Cdt