Aujourd’hui, les indices boursiers atteignent des records de prix, assortis de records à la baisse en terme de dividendes versés. Début 2022, l’indice S&P 500 paie des dividendes de… 1.3%!
Sachant que cette année, une remontée des taux du Livret A à 1% a été annoncée pour février, cela fait assez peu sens d’investir dans un indice boursier pour toucher 0.3% de dividendes en plus qu’un produit « sans risque » (si vous investissez pour le rendement, et que l’on exclut l’appréciation des prix de vos valeurs bien entendu).
Pourquoi les rendements des indices en arrivent à être aussi faibles? Et quelles solutions nous pouvons mettre en place pour conserver du rendement dans ce contexte particulier? C’est ce que je vous propose de voir plus en détails dans cet article.
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Des dividendes au plus bas sur les indices en 2022
En 2022, obtenir de bons rendements sur ses placements n’est pas simple. Les indices atteignent des records de faiblesse au niveau des dividendes versés, en particulier aux États-Unis.
Voici un graphique de l’évolution du S&P 500 par rapport à son niveau de dividendes :
Les deux séries sont représentées ici à une échelle 50/1 ce qui représente un niveau de 2%, assez constant au cours de ces dernières années… jusqu’à récemment. Comme vous pouvez le voir, il y a eu un gros décrochage de ce ratio ces derniers temps. Cela est dû à plusieurs raisons.
Une concentration sur les « techs »
La première est la concentration excessive de l’indice sur des valeurs avec des dividendes faibles ou nuls (que j’avais déjà évoqué dans un précédent article).
Le top 5 des sociétés ont le même poids que les 350 plus petites, et quand ces 5 sociétés sont majoritairement des « techs » qui ne paient pas de dividendes (AMZN, FB GOOG), ou paient des dividendes très faibles, forcement il est difficile d’avoir un bon cashflow sur son portefeuille boursier.
La seconde raison, c’est le niveau général des prix qui a augmenté plus que proportionnellement par rapport à celui des dividendes.
Une forte hausse des prix en 2021
Comme je l’avais évoqué dans mon compte rendu 2021, les prix des indices ont grimpé de quasiment 30% l’an dernier, et cette envolée des prix se traduit forcement par une baisse proportionnelle du rendement (vous payez plus cher pour un même niveau de dividendes).
Sachant que les dividendes sont une partie importante de vos retours boursiers sur le long terme (vous aurez en général de meilleurs retours lorsque vous encaissez des dividendes élevés et que les valorisations sont faibles plutôt que l’inverse), comment faire pour prospérer dans ce contexte?
Heureusement, il reste des solutions : la première, c’est de prêter attention aux valorisations de vos actions, et de raisonner au cas par cas.
Dans mon compte rendu 2021, vous pourrez trouver plusieurs exemples d’un portefeuille payant plus que l’indice S&P 500 sans pour autant sacrifier le rendement dans la durée.
(Vous trouverez également plusieurs exemples concrets de valeurs présentés sur le site, mais les rendements étant toujours dépendants du prix que vous payez, le mieux reste de vous former pour bien comprendre les forces qui agissent sur les prix des actions, et être capable de saisir les bonnes opportunités lorsqu’elles se présentent).
Et la seconde, c’est de se porter sur d’autres secteurs qui proposent des rapports risque/rendement plus attractifs. Prenons un exemple concret : le secteur des REITS.
Zoom sur le secteur des REITS en 2022
Je donne souvent l’exemple du secteur des REITS (Real Estate Investment Trust) comme option alternative de placement viable qui paie des rendements supérieurs aux actions (ce n’est pas le seul, mais c’est un des plus populaires, et probablement un des plus sûrs si l’on fait bien les choses).
Voici un exemple du fond Vanguard « VNQ », un des trackers de référence sur le secteur :
Vous noterez ici que le tracker paie déjà plus de 2x les rendement de l’indice S&P 500, cependant le rendement reste très en dessous de sa moyenne historique autour de 4%. Pourquoi cela?
En grande partie parce que la crise du covid est passée par là.
Les dividendes des REITS pendant la crise du Covid
Voici un graphique présentant les paiements du secteur des REITS sur le long terme :
Malgré une tendance de fond haussière très marquée, les dividendes payés par le secteur sont passés de 17 à 12 (milliards) en 2020 avec la crise du covid. C’est une chute considérable ici, et une des plus importantes depuis 2008.
Malgré cela, le secteur des REITS a surperformé les actions de près de 10% en 2021 en terme de hausse des prix (et les dividendes ont eux aussi commencé à reprendre la direction du nord, comme vous le voyez sur le graphique ci-dessus).
En 2020 et 2021, de nombreux REITS (ceux qui opéraient sur le secteur de l’immobilier commercial et les hotels en tête de liste) ont coupé leurs dividendes. Ceci parce que les REITS devant distribuer 90% de leurs revenus : ils ont par nature une marge de sécurité plus faible sur leurs paiements.
En 2020, plus de 70 REITS ont coupé leurs dividendes suite à la crise. La liste des REITS qui ont augmenté leurs dividendes depuis 10 ans ou plus (celle que je suis en priorité), est passée de 48 à 23 titres.
Cependant cela ne veut pas dire que vous devez être victime de ce genre de revers de marché. Personnellement aucun des REITS que je détiens n’a coupé son dividende durant la crise du covid (si vous voulez des exemples concrets, vous pouvez relire cet article).
C’est pour cela qu’il est important de bien comprendre le business model de vos REITS, savoir comment évaluer leur solidité financière, et d’éviter les secteurs risqués si vous souhaitez dégager un cashflow stable sur le long terme.
Les avantages de raisonner au cas par cas
Autre avantage également de raisonner REIT par REIT plutôt que d’opter pour un indice comme VNQ, c’est que vous pouvez trouver dans trop de difficultés des valeurs qui paient des dividendes deux fois plus élevés que la moyenne du secteur.
Vous pouvez aussi filtrer vos REITS par valorisation, par sécurité du dividende, ou par potentiel de croissance (et avoir parfois des « home runs« , tels qu’IRM que j’ai présenté la semaine dernière, qui feront beaucoup pour votre portefeuille dans la durée).
Si vous ne savez pas par où commencer, j’explique tout cela plus en détails dans « bourse à haut rendement« , et j’y joins un fichier (fait maison) qui récapitule tous les ratios clés des principaux REITs que je suis (données qui ne sont pas évidentes à trouver sur ce secteur particulier).
Avec une normalisation de la situation liée au covid sur les rails (croisons les doigts), une surperformance au cours de ces derniers mois, et les dividendes du secteur qui reprennent la direction du nord, les REITS peuvent être un secteur intéressant à surveiller pour 2022 (et au delà).
Conclusion
Je pense qu’au vu de la faiblesse des indices et des valorisations élevées, garder un œil sur les alternatifs en plus des actions « value » et des titres anti inflation peut être une bonne option pour 2022.
La plupart des investisseurs n’ont d’yeux que pour les « tech stocks » dont beaucoup sont extrêmement surévaluées (et dont beaucoup se sont fait détruire au cours de ces derniers mois). Mais vous n’avez pas nécessairement besoin de jouer à ce jeu là pour avoir de bons rendements.
Usuellement regarder vers les secteurs de niche, impopulaires ou mal compris peut être une bonne option. Pour 2022, je pense que certaines valeurs du secteur des REITS continueront à délivrer de solides rendements (surtout avec une normalisation de la situation, et une reprise des paiements de certains).
William says
Bonjour,
Merci pour votre article.
Ne pensez vous pas que les probables hausses de taux successives aux US ne vont pas avoir un impact sur la rentabilité des REITS ?
L’inflation pourrait contrecarrer la hausse de taux si elle se répercute sur le prix des loyers par exemple. Encore faut-il que les baux soient révisables. Je n’ai aucune idée sur la durée moyenne des baux aux US , cela dépend bien entendu du secteur d’activité… et je ne sais pas si ils sont révisables en cas d’inflation forte. Avez vous quelques éléments de réponse à ce sujet ?
Bien à vous,
Pierre says
Bonjour William,
Tout à fait les deux variables qui ont tendance à impacter le plus fortement le secteur des REITS sont sans aucun doute l’inflation et les taux d’intérêts.
L’inflation conduit à une hausse des prix de l’immobilier et des loyers (plus de monnaie disponible pour la même quantité de biens), les taux ont quand à eux une relation inverse avec les prix (baisse des taux = hausse des prix et inversement).
La variable qui l’emporte sur les deux est usuellement très difficile à déterminer à l’avance, car tout dépend des niveaux absolus et de la vitesse d’accélération de chacune.
Pour ce qui est du « passage » des coûts de l’inflation sur les loyers, il faut en effet étudier le business model de chaque REIT au cas par cas pour être sur de ne pas faire d’erreur, mais en règle générale, les coûts de l’inflation sont quasiment toujours « passés » assez rapidement aux locataires (du moins aux U.S).
Une bonne manière d’éviter de trop sur réfléchir la question (i.e : quelle variable l’emportera?), est de se concentrer sur la valorisation du REIT au moment de l’achat, son niveau de dividende, et la sécurité de son cashflow (cela permet d’acheter avec la marge de sécurité chère à Graham, tout en évitant de devoir anticiper correctement des variables macros par nature très difficile à prévoir pour espérer gagner de l’argent dans la durée sur ses REITS) ;
Bien Cordialement