Cette année, nous faisons face à des marchés actions qui évoluent de manière plutôt latérale, ce qui (j’ai noté) a tendance à frustrer un certain nombre d’investisseurs.
En effet, si vous suivez un peu l’actualité économique, vous avez peut être constaté qu’à chaque fois que les bourses ont fait mine de s’élever vers de nouveaux sommets, une news a semblé sortir de nul part pour les renvoyer vers leurs plus bas.
Cette situation de marchés incertains et hésitants se produit très fréquemment en bourse (en fait il s’agit de la norme plutôt que de l’exception comme nous allons le voir ici), mais elle peut néanmoins être difficile à vivre pour les investisseurs qui n’y sont pas habitués.
Cette semaine je vous propose donc :
- Un zoom rapide sur la situation actuelle des marchés
- Un moyen simple de contourner le problème de l’apparente stagnation des bourses mondiales
- Un zoom sur les véritables mathématiques des actions sur le long terme
Marchés actions : Où en sommes-nous?
Vous l’aurez peut être noté si vous avez commencé à investir en bourse récemment, mais les marchés ont en ce moment un comportement très différent de celui qu’ils avaient l’an dernier.
Nous sommes passés d’une période où les cours évoluaient de manière quasi ininterrompue vers de nouveaux sommets à une période où les cours évoluent de manière beaucoup plus latérale.
Dans le jargon de l’analyse technique, nous sommes passés d’un marché dit « en tendance » à un marché « en range » :
Ce type de comportement très latéral et hasardeux a généralement tendance à user les nerfs des investisseurs, car endurer plusieurs mois de « yoyo boursier » pour ne gagner que peu ou pas d’argent peut parfois conduire à remettre en cause sa stratégie d’investissement.
Si vous faites le choix d’investir dans des actions individuelles de qualité, il est possible de contourner au moins partiellement le problème en continuant d’avoir des titres qui délivrent des performances supérieures à l’indice durant les périodes de stagnation :
Ceci étant dit si vous êtes un investisseur qui fait le choix d’utiliser des trackers sur indice boursier pour vos investissements, ce genre de période d’oscillation où l’on a l’impression de prendre des risques sans forcement gagner d’argent (ou du moins pas autant qu’on le souhaiterait) peut être particulièrement frustrante.
C’est pourquoi j’ai pensé que le moment était bien choisi pour revenir sur les réalités mathématiques de l’investissement boursier (et sur le véritable prix à payer pour faire de gros gains sur les marchés).
Les mathématiques de la bourse : beaucoup (beaucoup) de stagnation
Lorsque l’on voit que les rendements historiques des indices boursiers se situent autour des 10% par an, on peut être tenté de penser que ces gains se feront (à quelques fluctuations près), plus ou moins en ligne droite.
Mais la réalité est toute autre. Voici un tableau qui donne une vision plus réaliste de la manière dont votre portefeuille boursier est supposé bouger dans le temps :
Le tableau ci-dessus présente 20 ans de statistiques boursières (comme vous pouvez le voir les rendements sur cette période ont été légèrement inférieurs à la moyenne historique de 10% du fait des double crises financières de 2000 et de 2008 qui ont suivi). Néanmoins nous pouvons voir que :
- En moyenne les actions ont rapporté 7.20%/an durant cette période troublée.
- Si l’on exclut les 20 meilleurs jours, les rendements tombent à 1.15%.
- Si l’on exclut les 40 meilleurs jours de bourse, nous obtenons des rendements négatifs de -2.8% sur la période.
Conclusion : Moins de 1% des jours de bourse ont été responsables de la majorité des gains boursiers des 20 dernières années.
Une étude similaire a été réalisée par l’université du Michigan sur la période de 1963 à 1993, et les conclusions ont été que seulement 90 jours de bourse (sur les 7802 étudiés) étaient responsables de 95% des gains de la période de 31 ans testée.
Implications : Investir en bourse est émotionnellement difficile
Warren Buffett répète souvent que les marchés boursiers sont conçus pour transférer l’argent de la poche de l’investisseur impatient à celle de l’investisseur patient. Les statistiques présentées ici semblent lui donner raison.
Les gens se lancent parfois sur les marchés boursiers pour l’excitation du jeu autant que pour celle de gagner de l’argent.
Et en de rares occasions, cela peut effectivement être le cas (si vous avez vu le film « the big short » par exemple, ou que vous avez lu mon article sur Jesse Livermore, vous aurez quelques exemples d’enrichissements rares et massifs qui ont eu lieu au cours de situations boursières exceptionnelles).
Ceci dit ces exemples rares et extrêmes ne doivent pas nous distraire de ce qu’est la réalité des marchés au quotidien.
Le fait est que si vous n’utilisez pas d’effet de levier excessif sur votre compte de bourse (chose que je ne recommande à personne de faire), et que vous investissez de manière « passive » et classique : 99% du temps, il ne se passera pas grand chose sur votre portefeuille, et la quasi intégralité de vos gains boursiers seront réalisés sur une petite minorité de séances.
Le travail d’un investisseur est simplement d’avoir une stratégie qui lui permette de s’exposer à ces quelques très bonnes journées de bourse tout en limitant l’impact que seront susceptibles d’avoir les très mauvaises sur ses finances et sur sa psychologie.
Dividendes et marchés latéraux : une situation favorable
Ce que j’apprécie particulièrement avec les stratégies boursières qui reposent sur les dividendes, c’est que nous sommes basiquement payés pour patienter durant les (nombreuses) périodes boursières où il ne se passe rien.
Et être payé pour attendre tranquillement est par nature plus simple que de surveiller chaque jour le cours de ses actions en se demandant lesquelles seront susceptibles de rendre l’essentiel de leurs profits, ou de faire des conjectures sur la date du prochain marché baissier (l’activité préférée de la presse financière).
Et être capable de rester investi longtemps sans paniquer permet à la fois de faire jouer les intérêts composés en réinvestissant tranquillement ses dividendes pour avoir toujours plus de titres (qui eux même rapporteront toujours plus de dividendes).
Tout en restant exposé aux marchés boursiers dans la durée pour avoir le maximum de chances de capturer ces fameux 1% de séances boursières (et de titres extraordinaires) qui feront 95% de nos rendements à long terme.
Conclusion
J’espère que cet article vous aura donné de la perspective sur la manière de laquelle les marchés boursiers bougent vraiment, et vous aidera à rester patient et à ne pas paniquer durant les périodes de marchés latéraux, qui constituent par essence la majeure partie du quotidien d’un investisseur.
Hollywood et la presse financière aiment présenter la bourse comme une sorte de « grand 8 » émotionnel constant, mais dans les faits (si vous faites bien les choses) : c’est loin d’être le cas.
Qanesh says
Merci pour l’article. Investisseur débutant depuis maintenant 1 an, je tente d’appliquer quelques uns des conseils donnés ici. Ce qui a un résultat relativement positif. Dans le cadre d’un PEA, Total et LVMH m’ont bien aidé, d’autres comme Altice (acheté au rabais mais avant la fin de la « chute ») ou Carrefour (acheté plein pot mais en petite quantité) me donnent de bonnes leçons.
J’ai décidé de me mettre à la bourse après acquisition de mon logement principal, et j’essaye avant tout de prendre le sujet avec philosophie : mon assise est stable et je paye pour apprendre. Vos articles (gratuits) m’ont bien aidé cependant, et je tenais à vous remercier 🙂
Je vais continuer de pratiquer la patience, maitresse de mon futur portes-monnaies, il semblerait.
Pierre says
Bonjour Qanesh,
Merci pour ce retour positif, et content d’avoir pu aider 😉 ;
Cdt
Francois says
Le market timing est effectivement très difficile selon moi, et j’ai obtenu des résultats mitigés en le pratiquant. Par exemple, j’ai vendu Royal Dutch Shell avec un gain correct sur sa descente, en me disant que j’allais le racheter une fois qu’il serait au plancher. Toutefois, j’ai pas peser sur la gachette assez rapidement, et il est maintenant remonté plus haut que mon prix de vente, bref, avoir simplement patienté, j’aurais fais plus de gain. Bref, je fais rarement ça, habituellement, quand je vends un titre, c’est parce que je crois que les perspectives n’y sont plus ou que mon objectif a été atteint, et j’alloue mon capital ailleur où j’ai de meilleures perspectives ou bien pour ré-équilibrer mon portefeuille.
Ceci dit, il serait intéressant de voir quell serait le gain en enlevant les « pires » journées pour voir.
Francois says
J’aimerais ajouter qu’il faut acheter une compagnie après une evaluation de ses possiblités selon moi, pas en fonction du fait qu’elle a baissé de prix ou qqc comme ça. Mon frère dit toujours que c’est dangereux d’essayer d’attraper un couteau qui tombe…
Pierre says
Bonjour François,
Personnellement j’essaie d’adopter le vieil adage de Buffett : acheter bas et conserver.
Au niveau du timing, l’analyse technique (additionnée à d’autres facteurs et si elle est bien utilisée) peut définitivement aider à éviter d’acheter des couteaux qui tombent (elle fait d’ailleurs personnellement parti de mes outils d’analyse). Ce n’est certes pas une science exacte mais elle permet de mettre les probabilités de son coté au niveau des points d’achats ;
Bien Cordialement