Ce mois-ci, le site fête ses 3 ans d’existence et à cette occasion je me suis dit qu’il était peut-être temps de vous proposer un format d’article un peu différent.
Je sais que la plupart d’entre vous sont surtout intéressés par la partie bourse du site, l’analyse de marché ainsi que l’analyse d’actions, aussi j’ai pensé qu’il serait peut être intéressant de commencer à faire des « points marchés » de temps en temps, histoire de commenter ce qui se passe « en temps réel » et de présenter des idées qui (j’espère) pourront vous inspirer si vous vous demandez où investir en ce moment.
Au programme de ce premier point bourse de juin 2019 donc :
- Les rendements des différentes classes d’actifs depuis le début de l’année (qui sont les grands gagnants de 2019?)
- Un zoom sur la « trade war » américaine qui fait chuter les bourses en ce moment (et comment protéger votre portefeuille des tensions sino-américaines)
- Un retour sur l’éveil du Bitcoin (vers une fin du bear market sur le BTC?)
Table of Contents
Point Bourse Juin 2019 : Où en sommes-nous aujourd’hui ?
Nous arrivons désormais presque à la fin de la première moitié de cette année 2019, et (comme c’est souvent le cas en bourse) les choses ont été agitées. Nous avons eu droit à un rallye majeur en début d’année, suivi d’une correction assez forte ce mois-ci.
Voici les rendements des principales classes d’actifs à fin Mai 2019 :
- Or physique : +1.6%
- Obligations : +4.6%
- Matières premières : +6.6%
- Actions américaines : +10%
- Actions européennes : +10%
- Private Equity : +16.6%
- Immobilier coté : +17.6%
- Pétrole Brut : +27.6%
Malgré la correction de ces dernières semaines, l’année a donc commencé fort avec des performances solides sur les actions américaines autant que sur les actions européennes (autour des +10% en 5 mois pour le CAC et le S&P 500).
Mention spéciale également pour les secteurs alternatifs (en particulier l’immobilier côté et le private equity que j’avais déjà présenté précédemment sur le site) qui sont pour le moment les grands gagnants de cette année 2019.
Du côté des actifs plus défensifs (l’or et les obligations) il ne s’est pas passé grand chose de notable (en dehors d’une légère remontée des taux d’intérêts du coté de ces dernières), mais assez cependant pour que vous soyez content de votre début d’année si vous appliquez une stratégie de type portefeuille permanent.
Des marchés en correction depuis début Mai
La plupart des gains de cette année (que ce soit sur les actions ou sur les autres secteurs) ont cependant été réalisés entre début janvier et fin avril (en alignement avec la saisonnalité habituelle des actions, qui ont tendance à être plus fortes sur cette période).
Depuis fin avril donc, les marchés ont entamé une correction, ce qui devrait ramener de nombreux titres sur des niveaux de valorisation plus raisonnables si le mouvement devait se poursuivre (si vous suivez régulièrement les bourses, vous avez sans doute constaté qu’il devenait de plus en plus difficile de trouver des opportunités intéressantes après le rallye du premier trimestre).
Nous avons toutefois eu une correction un peu en trompe l’œil ces derniers temps avec des valeurs qui ont corrigé très fortement, et d’autres qui n’ont quasiment pas bougé (la majorité des actions dites « défensives » restant à ce jour relativement proches de leurs plus hauts historiques).
Ceci à cause de la raison principale derrière cette correction : la fameuse « Trade War » américaine.
Gagner en bourse en 2019 malgré la « Trade War » américaine
La « Trade war » en quelques mots
Si vous ne suiviez pas particulièrement l’actualité ces derniers temps, ce qu’on appelle la « Trade War », c’est la guerre commerciale (et fiscale) que se font actuellement les États-Unis et la Chine.
Guerre qui est la conséquence de la politique « America First » de Trump, et qui a des répercussions boursières et économiques importantes. En résumé : Trump taxe les importations pour favoriser le « consommer local » et booster l’économie US, cette politique a des effets négatifs sur les gros exportateurs (tels que la Chine) qui répliquent en taxant à leur tour les importations américaines.
Cette situation cause un stress économique (et boursier) important sur certains secteurs, et les valeurs les plus exposées à cette fameuse Trade War ont une fâcheuse tendance à se faire massacrer à chaque fois que le président américain tweete quelque chose en ce moment.
Afin de protéger votre portefeuille au maximum contre ce genre de déconvenues, voyons ensemble quels secteurs sont les plus à risque tant que cette « Trade war » (qui à priori est là pour durer) est en place.
Les secteurs les plus touchés par la « Trade War »
Si vous souhaitez y voir un peu plus clair sur cette Trade War (et vous tenir à l’écart des secteurs les plus sensibles), voici une petite liste des biens de consommation (et des types de business) qui y sont les plus exposés :
Avec une mention spéciale pour les secteurs de :
- L’automobile : le secteur automobile se trouve souvent en première ligne lorsque surviennent des tensions internationales. L’an dernier (en réponse aux taxes sur les importations du président Trump), la Chine a monté sa taxation des voitures américaines de 15 à 40%. Il faut savoir que les US achètent également beaucoup de pièces détachées chinoises pour la construction de véhicules américains ce qui fait que ce secteur est très exposé aux tensions entre les 2 pays.
- La technologie (et plus particulièrement les semi-conducteurs) : Des sociétés comme NVIDIA, Micron Tech, Intel ou Broadcom ont une exposition relativement élevée à la Chine. Certaines valeurs ont perdu 5 à 10% de leurs revenus avec le boycott de Huawei. Si personnellement j’ai un biais haussier sur les semi-conducteurs à long terme (la matière première de notre économie technologique), le secteur risque de continuer à être très volatil à court terme. Les techs très exposées à la Chine (Apple par exemple, qui tire 22% de ses revenus du marché chinois) ont également pris du plomb dans l’aile.
- L’agriculture : les imports agricoles chinois représentent un marché de 9.3 milliards aujourd’hui et les US sont un de leurs principaux exportateurs, en particulier de soja (mais aussi de Cotton, de bétail et de grains). En augmentant les taxes sur les graines de soja, les US se sont donc retrouvés avec des surplus importants qu’ils pouvaient difficilement écouler.
- L’industrie : plusieurs grosses valeurs industrielles avaient également misé gros sur le marché chinois pour leur développement et ce sont celles qui ont été les plus fortement punies en bourse ces derniers temps (même les champions du dividende industriels tels que 3M et A.O. Smith ont été fortement punis en bourse ces derniers temps avec une volatilité inhabituelle pour ce type d’action).
On pourrait penser que les États-Unis sont les seuls concernés par cette Trade War, mais les actions européennes sont aussi touchées par ricochet sur les secteurs sensibles.
Et en Europe?
Coté Europe, les plus fortes baisses ont été :
- Les financières (Société Générale, Crédit Agricole)
- Les fabricants de voitures et pièces de voitures (Valeo, Peugeot)
- Les semi-conducteurs (Stmicroelectronic, Soitec)
A l’inverse, les secteurs plus défensifs ont très bien tenu et peuvent constituer une protection contre l’environnement boursier difficile actuel (comme nous allons le voir dans le point suivant).
Quelles actions pour se protéger de la Trade War?
Les secteurs les moins exposés à la Trade war (comme vous pourrez le voir ci-dessous) sont logiquement ceux sur lesquels la Chine a le moins d’emprise, c’est à dire principalement :
- Les services publics
- L’immobilier
- Les télécoms
- Le secteur de la santé
- La consommation non cyclique
De mon côté, le fait d’avoir naturellement tendance à surpondérer les valeurs défensives dans mes portefeuilles (comme je l’avais déjà expliqué dans l’article « quelles actions acheter en 2019 », et comme le savent les membres de la formation du site qui ont accès à mon portefeuille EU) fait que j’ai été relativement peu impacté par la trade war (les financières, l’automobile et les matières premières agricoles ne sont pas des secteurs sur lesquels je suis très exposé).
Un peu de plomb dans l’aile sur les semi-conducteurs et les industrielles coté portefeuille US toutefois (qui a été compensé en partie par la très bonne performance des alternatifs), et un portefeuille Europe robuste qui est monté sans frayeurs particulières (on se retrouve d’ailleurs le mois prochain pour un rapport semi-annuel plus détaillé à ce sujet).
Si vous aviez un portefeuille relativement défensif et bien diversifié : vous avez donc de bonnes chances de ne pas avoir senti trop fortement l’impact de cette trade war pour le moment (et si ce n’est pas le cas, vous savez désormais sur quels secteurs vous devrez vous montrer méfiant dans les mois à venir).
L’éveil du Bitcoin
En miroir de la chute des bourses dans le courant du mois d’avril, le Bitcoin s’est réveillé subitement après une (très) longue consolidation qui l’avait conduit à perdre plus de 80% de sa valeur (chute que j’avais déjà commenté en détails il y a un an maintenant dans l’article « 3 leçons à retenir de l’explosion de la bulle du Bitcoin« ).
Comme vous l’avez peut être lu dans mes précédents articles : je ne partage pas forcement l’engouement excessif de certains pour le secteur des cryptomonnaies, et je suis le premier à dire que je n’ai aucune idée d’où le Bitcoin ira sur le long terme (et qu’il ne sert à rien de nier sa nature intrinsèquement spéculative).
Ceci étant dit, le fait que les cryptos soient un secteur offrant des mouvements de hausse d’une ampleur quasi sans précédent dans l’histoire de la bourse, et le fait qu’une forte vague de pessimisme ait touché le secteur en fin d’année dernière me pousse à toujours garder un œil curieux sur le cours du BTC (comme expliqué en janvier dans mon article « où investir en 2019« ).
Si je ne suis ni pro spéculation, ni pro trading, cette dualité entre manque de confiance de long terme et perspective de profits asymétriques à court terme fait que j’ajuste régulièrement mon exposition au secteur en fonction de la psychologie de marché (avec un certains succès jusqu’à présent si vous aviez lu mes articles précédents ou suiviez la page facebook du site).
Enfin « régulièrement » c’est un grand mot, puisque j’étais sorti massivement en janvier 2018, et que dans les faits je n’ai plus fait grand chose sur le BTC depuis.
J’ai donc pensé qu’il serait important de mentionner que cette année (et pour la première fois depuis longtemps), j’ai augmenté mon exposition au secteur au début du mois d’avril suite au premier véritable breakout haussier sur le BTC depuis plus d’un an (cf graphique ci-dessous).
Des méthodes d’analyse technique relativement simples ont en effet fonctionné de manière assez redoutable jusqu’à présent sur le secteur (en général le taux d’échec de ce genre de méthode est plus élevé en bourse, probablement parce qu’il y a moins d’investisseurs avertis coutumiers de l’AT sur le marché des cryptos, et plus sur les marchés classiques où elles sont appliquées depuis décennies).
Je précise toutefois que les sommes que j’ai sur les cryptos sont très modestes comparativement à mes autres placements (il s’agit de ma portion de capital dédiée aux activités spéculatives), et l’achat/revente n’est pas forcement quelque chose que je recommanderai aux débutants (pour ceux qui souhaitent placer à long terme, je maintiens l’idée qu’une allocation comprise entre 1 et 5% est suffisante vu la volatilité du secteur et les risques encourus).
Concernant la suite, un dépassement de la zone des 10 000 dans de forts volumes serait un argument solide en faveur de la continuation du mouvement, tandis qu’un retour durable sous les 7000 remettrait sérieusement en cause la soutenabilité de ce rallye (mais pour plus de posts en temps réel à ce sujet n’hésitez pas à suivre la page facebook ou instagram du site).
Conclusion
C’est la fin de ce premier « point marchés », et je pense que nous avons fait un tour d’horizon rapide (mais assez exhaustif) de ce qui s’est passé sur les bourses au cours de ce début d’année.
Si vous voulez réduire l’impact des tweets de Donald Trump sur votre sommeil : vous savez désormais quels secteurs privilégier sur les marchés au cours des mois qui viennent.
Toutefois les cycles habituels d’optimisme et de pessimisme boursier pourraient conduire les secteurs les plus exposés à la Trade War dans des zones d’extrême survente (ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui), je pense notamment au secteur des semi-conducteurs, et à certaines industrielles. Bien entendu tout cela se reflètera sur les prix et les fondamentaux en temps voulu.
En attendant, n’hésitez pas à me dire dans les commentaires (ou par retour de mail) si ce genre d’article plus ancré dans l’actualité du moment vous intéresse (et si tel est le cas, j’essaierai d’en publier plus fréquemment lorsqu’il se passe des choses intéressantes sur les bourses!).
Shinen says
Merci,
Pour cette article très intéressant confirmant mon sentiment de tradeur débutant (70% dividendes 30%trading).
Comme tu le dis les opportunités sont rares et je me pose la question de rester cash sur mes positions speculatives).
Y a t ils d’autres indices ou indicateurs techniques qui pencheraient vers un marché en baisse, plutôt qu’une correction.
Merci pour tout le très bon travail de ce site, bonne continuation.
Ps j’aurais une question personnelle sur une valeur à dividende mensuel qui n’a rien versé ce mois ci sans information particulière, silence radio Merci
Pierre says
Bonjour Shinen (et merci pour le retour positif),
Effectivement à chacun d’affiner son style en fonction de ses préférences et de sa tolérance au risque (les bons swing traders sont souvent très patients et ont des nerfs d’acier). L’avantage d’une stratégie orientée cashflow, c’est qu’une baisse de marché n’empêche pas que les dividendes soient payés et ne change pas les fondamentaux d’une société (au contraire prix plus bas = rendements plus hauts sur les bonnes sociétés). Après il faut bien sûr rester vigilant et sélectif et rien n’est jamais simple.
Pour ce qui est des indicateurs (fiables) de correction, cela n’existe pas vraiment malheureusement (sans quoi les choses seraient trop faciles). Il y a bien la courbe des taux, mais il y a un lag de 1 à 2 ans et même celui ci n’est pas 100% certain. L’AT permet cependant de réduire son exposition durant les périodes défavorables (mais c’est plus un outil utile pour réduire la vol que pour booster les rendements).
Concernant le dividende manquant : un mail au courtier directement pour lui poser la question peut aider (les erreurs administratives sont généralement rares, mais cela peut néanmoins arriver) ;
Bien Cordialement
Jimmy says
J’attendais cet article à vrai dire ^^
Malheureusement, j’ai été victime de cette guerre. Depuis que j’ai commencé, mon portefeuille d’actions américaines avait prix de la valeurs mais ça a été annulé. (désormais, j’ai perdu 122€ sur un total de 2700€ investis (sans les dividendes). L’une de mes actions qui a le plus souffert est « CUMMINS » qui fait justement parti des compagnies touchées (fabrication de moteur diesel/gaz et groupe électrogène).
Pourtant, j’hésite à revendre quelques actions afin de réinvestir l’argent ailleurs.
J’ai tout de même du mal à analyser et trouver des valeurs défensive :/
Je suis également en train de me former sur le trading forex ^^ heureusement que l’on peut faire des comptes d’essais. Mais pour le moment, ça à l’air de bien se passer.
En tout cas, merci pour l’article 🙂
Pierre says
Bonjour Jimmy,
Avoir un portefeuille dont la valeur fluctue est normal en bourse, il faut juger de ses performances sur 5 ans plutôt que sur 5 mois ^^ (et voir son portefeuille avancer et reculer fait partie du jeu). 120/2700, cela représente un drawdown de -4.5% contre les -6/7% des indices sur le mois dernier, c’est de l’ordre du normal pour un compte long terme (je prépare un post facebook sur les drawdowns moyens intrayear des indices boursiers cette semaine à ce propos, il montre bien pourquoi investir sur du long terme n’est pas toujours facile émotionnellement).
Concernant le trading sur le FX je ne le recommanderai pas personnellement (le FX est un des marchés les plus efficients et concurrentiels du monde, et on y est généralement très leveragé) mais effectivement tenter le coup sur des comptes démos et une bonne manière de tester sans prendre de risques ;
Bien Cordialement
Wei says
Merci Pierre pour cet article très intéressant!
Ayant un bon mix d’actions, je vois en effet des actions qui tombent comme des mouches (3M), pendant que d’autres passent au travers comme si de rien n’était (Danone).
Par contre, au lieu de rester extrêmement prudent sur les semi-conducteurs, j’ai profité des corrections pour rentrer dedans, sur base des grandes lignes de tendance en AT. On verra si ça s’avère payant…
Pierre says
Bonjour Wei,
Effectivement, la question des semis est compliquée dans le sens où tout peut se résoudre rapidement si Trump y met du sien, mais où les choses peuvent aussi rester compliquées pendant longtemps si jamais le conflit US/Chine devait se prolonger.
Personnellement les coupes de revenus potentielles (entre 5 et 10% sur les principaux semis) suite à l’interdiction d’échanger avec Huawei m’ont pas mal refroidi à court terme, et je préfère ne pas être trop exposé sur les secteurs à la merci des tweets de Trump pour le moment. J’ai donc maintenu mon allocation initiale, mais sans renforcer pour le moment (à voir dans les mois qui viendront).