La correction des bourses s’est poursuivie la semaine dernière avec une nouvelle clôture à -4% vendredi pour le CAC 40. Tant que les incertitudes liées au virus resteront présentes : les marchés risquent de vivre des moments agités durant les jours qui viennent.
Et si ce qui se passe en ce moment ne constitue rien de particulièrement nouveau pour les investisseurs qui étaient déjà là en 2008 ou en 2011, le brutal retour de la volatilité de ces dernières séances a certainement eu de quoi surprendre.
Dans cet article nous allons donc voir 5 questions essentielles qu’un investisseur doit se poser durant ce genre de moment pour prospérer sur le long terme.
Table of Contents
1/ Ai-je surestimé ma tolérance au risque ?
En bourse, les périodes de panique sont des moments essentiels pour découvrir quelle est votre véritable tolérance à la volatilité.
Psychologiquement, il y a une grosse différence entre le fait de savoir que les marchés peuvent théoriquement chuter, et le fait de vivre une correction « en direct » avec son propre argent en jeu (et une armée de médias alarmistes qui viennent chaque jour jeter de l’huile sur le feu).
Une occasion de réévaluer votre stratégie
Observer vos réactions durant ce genre de moment peut vous permettre de déterminer si votre plan d’investissement est bien adapté à votre profil, ou si il convient d’opérer certains changements.
D’autant plus que pour le moment (et contrairement à ce que disent certains), l’ampleur du déclin reste relativement modérée par rapport à ce qui a pu arriver dans le passé :
La correction de ces dernières semaines constitue donc une bonne première épreuve pour tester votre tolérance à la volatilité en situation réelle :
- Si vous scrutez impatiemment le marché en vous demandant quand est-ce que vous allez pouvoir racheter plus : vous avez probablement une bonne tolérance à la volatilité.
- En revanche, si vous commencez à devenir nerveux et irritable, et que vous sentez que la situation devient très inconfortable pour vous, vous aurez tout intérêt à mettre en place une stratégie plus défensive qui vous permette de composer avec cet inconfort.
Par exemple, des stratégies comme le portefeuille permanent ou celle présentée dans mon ebook sont en hausse respectivement de +4.6% et de +6.2% sur le début 2020 (et ceci malgré la chute récente des actions).
Opter pour une stratégie plus défensive a cependant un coût : vous aurez tendance à sous performer un portefeuille 100% actions durant les périodes de hausse des bourses (et à les surperformer durant les périodes de baisse).
Chaque investisseur doit donc suivre la méthode qui lui est le mieux adaptée en fonction de ses préférences, de ses objectifs, et de sa tolérance à la volatilité.
2/ Suis-je suffisamment diversifié ?
Si vous ressentez de l’inconfort durant une correction, le problème ne vient peut-être pas que de votre tolérance au risque. Vous êtes peut être aussi insuffisamment diversifié.
Les portefeuilles très concentrés (et à plus forte raison ceux très concentrés sur de mauvaises actions) ont tendance à tomber plus que la moyenne durant les mauvaises périodes. Également, les portefeuilles qui sont très concentrés sur une seule classe d’actifs tendent à être plus volatils que ceux qui en détiennent plusieurs.
Diversifier intelligemment réduit la volatilité
Comme expliqué dans mon article sur la diversification, un portefeuille d’actions bien diversifié peut être 2 à 3 fois moins volatil qu’un portefeuille concentré :
En plus de cette diversification sur plusieurs actions, vous devez également (idéalement) mettre en place une diversification sur plusieurs actifs.
Par exemple, personnellement, j’ai tendance à être assez concentré en actions (je ne détiens pas d’obligations actuellement), mais je détiens par ailleurs de l’immobilier physique, qui est un autre type d’actif défensif assez peu affecté par les fluctuations de la bourse.
Cela me permet d’être plus serein, et de savoir que 100% de la valeur de mon patrimoine ne dépend pas de ce que font les bourses au quotidien (et si vous ne voulez pas gérer les contraintes qui peuvent aller avec l’immobilier physique, vous pouvez toujours opter pour des SCPI, ou mettre en place des solutions de portefeuille comme le PP évoquées dans les points précédents).
En plus d’être bien diversifié (ou dans le cas où vous êtes comme moi un peu plus concentré que la moyenne sur le secteur des actions), il est également crucial de se poser la question suivante.
3/ Est-ce que je détiens les bonnes actions?
Les problèmes de panique en bourse peuvent aussi provenir d’un manque de confiance dans vos actions (et plus globalement d’un manque de confiance en votre processus d’investissement).
Il est en effet plus difficile de tenir longtemps des positions si vous doutez sans cesse de leur qualité (ou que vous n’êtes pas certain de votre jugement). En plus de cela, les marchés haussiers prolongés (comme celui que nous avons connu) ont souvent tendance à tromper les investisseurs novices en leur donnant un faux sens de sécurité.
Usuellement, toutes les actions (ou presque) ont tendance à monter durant un marché haussier fort. Le problème, c’est que durant les crises, les mauvaises actions tombent plus fortement et rebondissent moins que les bonnes. C’est dans ces périodes là que l’on différencie généralement les sociétés robustes des autres, ou comme le dit plus poétiquement Buffett :
Un exemple concret : actions défensives vs financières en 2020
Il y a quelques mois, beaucoup d’investisseurs se sont laissés tenter par les valeurs bancaires, qui présentaient une décote substantielle et de hauts dividendes. Personnellement, c’est un secteur que j’évite comme la peste depuis la crise de 2008 car il rencontre des problèmes fondamentaux et structurels importants (comme posté cette semaine sur la page Facebook du site).
Il faut savoir également qu’en plus de la qualité intrinsèque d’une société, certains secteurs sont naturellement plus sensibles que d’autres aux ralentissements économiques (c’est le cas par exemple des secteurs bancaires et financiers, ou de celui des biens de consommation cycliques).
En revanche, des actions qui intègrent une composante « défensive » (telles qu’Air Liquide ou Unilever) que j’avais déjà présenté sur le site, auront tendance à moins chuter que la moyenne durant les corrections.
Ici, vous pouviez donc vous retrouver avec un écart de performance de 30% en 2 mois simplement lié à un effet de sélection sur vos titres. Investir dans les bonnes actions et privilégier les valeurs défensives durant ce genre de périodes est donc une autre manière de gagner en sérénité.
Et cela est d’autant plus important que durant une période de tension économique importante, les risques de faillite et de coupe de dividende augmentent significativement. Soyez donc sûrs que vous détenez des titres qui ont les fondamentaux nécessaires pour survivre à ce genre de période (cela passe par une bonne compréhension de leur business model et du secteur dans lequel elles opèrent).
Si vous êtes 100% convaincu que votre argent est placé sur les meilleures opportunités que le marché à à offrir : il sera plus facile de rester calme quand les bourses commenceront à s’agiter.
4/ Pourquoi est-ce que je détiens mes titres?
Durant les périodes de panique, il est également important de se rappeler des raisons initiales qui nous ont poussé à investir sur une société ou un actif.
Des ajustements de portefeuille peuvent être faits si des changements de situation économique réels sont venus invalider notre thèse initiale, mais se poser cette question permet de rappeler son cerveau « rationnel » au premier plan, et d’éviter de prendre des décisions émotionnelles.
Par exemple, dans le cas de l’épidémie actuelle, il est légitime de revendre une société si vous estimez qu’elle n’a pas la solidité financière pour faire face à la période difficile qui se profile. En revanche, cela n’a pas de sens de la vendre simplement parce que son prix est en baisse.
Buffett et Graham parlent souvent de l’erreur que font beaucoup d’investisseurs qui est d’utiliser les fluctuations de prix de court terme sur une action comme une confirmation ou une infirmation du fait qu’ils ont raison ou tord sur une société.
Les deux ne sont pas forcément liés : dans un marché baissier majeur, même les prix des bonnes sociétés peuvent être orientés à la baisse (car les paniques boursières rendent rarement les investisseurs très rationnels).
5/ Ai-je une meilleur alternative ?
Une autre question utile à se poser durant les périodes de volatilité, c’est si vous disposez d’une meilleure option (ou non) pour placer votre argent sur le long terme (par rapport à celle que vous avez mis en place actuellement).
Vendre ses actions durant une période de panique est une chose, mais vous vous retrouverez alors assis sur une pile de cash improductive qui ne fera rien d’autre que de se faire dévorer par l’inflation (ce qui implique que vous ayez un plan pour re rentrer sur les marchés par la suite… or comme chacun le sait, les investisseurs ne sont généralement pas très bons pour ce qui est de timer le marché).
Les rendements sur la plupart des placements dits « sans risque » sont à zéro aujourd’hui, ce qui veut dire que si vous renoncez a une action qui paie 3/4/5% de dividende, si vous êtes rationnel, vous devez avoir une option qui (selon vos estimations) sera susceptible de vous rapporter plus d’argent sur le long terme.
Ce n’est pas quelque chose de facile à trouver dans l’environnement actuel. De ce point de vue, vendre vous soulagera peut être sur le court terme, mais vous serez d’autant plus tenté de rentrer à nouveau par la suite, et donc à risque de vous retrouver victime du graphique ci-dessus (et du fameux « cycle de l’investisseur perdant »).
Conclusion
Dans cet article, nous avons vu différentes options permettant de réduire la volatilité de vos investissements.
Diversifier son portefeuille, se concentrer sur les bonnes actions et privilégier les secteurs défensifs sont autant de méthodes qui permettent de survivre à ce genre de période, et d’investir avec plus de sérénité.
Quand les marchés seront volatils, ou quand vous serez dans le doute : n’hésitez pas à vous poser (ou vous reposer) les 5 questions présentées dans cet article.
Valerie says
Merci Pierre pour cet article particulièrement intéressant en cette période de marché volatile, dans la lignée du précédent article 🙂
Mon portefeuille n’est surement pas encore assez diversifié, mais pour le reste, je suis assez tranquille car en phase avec ma stratégie d’investissement…. grâce à ce site 🙂
David says
Merci Pierre, très bon article.
Je vous conseille vivement l’ebook de Pierre pour diversifier et sécuriser votre portefeuille, que j’ ai moi même mis en place.