Peter Lynch est un investisseur, gérant, auteur et philanthrope américain. Il fait parti du Panthéon de Wall Street, et il est considéré comme un des meilleurs investisseurs en actions de tous les temps.
Malgré le fait que son nom soit un peu moins connu du grand public, Lynch est pourtant un des rares individus à avoir généré des performances supérieures à celles de Warren Buffett.
Dans cet article, nous reviendrons sur plusieurs de ses principes clés, ainsi que sur son style d’investissement. Mais d’abord un bref retour sur l’homme (et ses performances).
Table des matières
Qui est Peter Lynch?
Peter Lynch était au départ un simple analyste boursier lorsqu’il a été nommé à la tête du fonds Fidelity Magellan en 1977. Il est ensuite devenu une légende de la bourse en générant des rendements moyens de 29%/an durant 13 ans (puis il a pris sa retraite anticipée, en étant devenu multi-millionnaire dans l’intervalle).
Son fonds Fidelity Magellan est également entré dans l’histoire grâce à lui en signant les meilleures performances de toute l’industrie (presque 10% au-dessus des performances moyenne de 20%/an de Buffett, cependant il a opéré sur une période plus courte que ce dernier).
Lynch était également connu pour sa conviction qu’un investisseur particulier peut facilement faire mieux que les professionnels de Wall Street avec un savant mélange de bon sens, de discipline, de travail, et de connaissances boursières (une conviction qui n’était pas partagée par tous ses contemporains).
Une fois sa carrière terminée, Lynch s’est d’ailleurs consacré (entre autres) à l’enseignement de ses principes d’investissements aux particuliers à travers des conférences et une série de plusieurs livres (dont « Et si vous en saviez assez pour gagner en bourse » ou encore « Battre wall street » qui sont des classiques que vous pouvez toujours trouver traduits en français aujourd’hui).
Lynch était surnommé « le caméléon » en raison de son style d’investissement particulièrement souple et adaptatif (il n’était pas adepte d’une méthode aussi nichée et bien définie que celle de Benjamin Graham par exemple).
Comme tous les grands investisseurs, il fondait cependant son approche sur plusieurs grands principes, que nous allons détailler plus avant dans les paragraphes suivants.
Les 8 règles d’or de Peter Lynch
Les 8 règles d’or de Peter Lynch sont un ensemble de principes boursiers que celui-ci avait pour habitude de distribuer aux investisseurs débutants, et sur lesquels il revenait souvent lors de ses conférences :
- Connaissez les valeurs que vous détenez
- N’essayez pas de prévoir la direction future de l’économie et des taux d’intérêts
- Prenez votre temps (sachez identifier les sociétés vraiment exceptionnelles)
- Évitez les investissements à faible probabilité de réussite
- Achetez uniquement des business avec un bon management
- Soyez flexible, humble, et apprenez sans cesse de vos erreurs
- Sachez toujours expliquer et argumenter un achat
- Il y aura toujours des raisons de s’inquiéter
Si ces principes sont tous sages, ils sont aussi assez abstraits, c’est pourquoi je vous ai également compilé 12 citations (tirées de ses livres) qui vous aideront à y voir plus clair sur son style d’investissement.
12 citations et principes clés des livres de Peter Lynch
La version vidéo de ces 12 principes (si vous préférez), la version texte est juste en dessous :
1/ « Investissez dans ce que vous connaissez »
Cette phrase est relativement connue en investissement mais elle est véritablement au cœur de la philosophie de Lynch. Lynch était convaincu qu’un investisseur particulier a les capacités de faire mieux ou aussi bien que les professionnels de Wall street du moment qu’il opère dans son cercle de compétence (c’est à qu’il achète ce qu’il comprend en profondeur).
Cela peut vouloir dire concentrer son portefeuille sur des produits que l’on connait bien et que l’on utilise, acheter dans un secteur dans lequel nous travaillons, ou prendre le temps d’étudier et comprendre en profondeur le business model d’une action avant d’envisager un achat.
Il avait pour principe d’éviter tout ce qui lui paraissait flou ou nébuleux, car selon lui il est impossible d’avoir un avantage compétitif sur quelque chose que l’on ne maitrise pas à 100%.
2/ « Si vous n’étudiez pas une société en profondeur avant d’acheter, vous avez les mêmes chances de réussir en bourse que de gagner au poker en jouant sans regarder les cartes. »
Lynch était un gros travailleur. Il avait pour habitude de parcourir des dizaines et des dizaines d’actions avant de faire le choix d’en acheter une seule. Il répétait souvent que « dans ce business, celui qui retourne le plus de pierres gagne« .
S’il était convaincu qu’un investisseur particulier peut faire mieux qu’un professionnel, il a toujours souligné qu’il n’y avait pas de place en bourse pour les investisseurs qui recherchaient des profits faciles, et qui s’en tenaient à un niveau d’étude superficiel.
Une autre de ses citations à ce sujet : « La pire chose que vous puissiez faire est d’acheter une société dont vous ne savez rien. Malheureusement les achats basés sur l’ignorance sont un passe-temps très populaire en Amérique. »
3/ « Dans ce business, si vous êtes bon, vous aurez raison 6 fois sur 10. Vous n’aurez jamais raison 9 fois sur 10. »
Lynch a toujours été un investisseur modeste qui reconnaissait ses erreurs et qui mettait en avant l’importance de la gestion des risques et de la diversification pour espérer réussir.
Sur ce point, il a également déclaré : « Vous devez reconnaitre quand vous avez tord et vendre. La plupart de mes achats sont des erreurs. »
Il explique dans ses livres que trop de gens pensent qu’il faut avoir raison souvent pour gagner beaucoup d’argent en bourse, mais que dans les faits ce n’est pas le cas : il vous suffit d’avoir quelques gros gagnants.
4/ « Tout ce dont vous avez besoin pour votre succès financier est d’une minorité de grands gagnants. Les gains réalisés sur ceux-ci couvriront largement les pertes causées par les sociétés qui n’ont pas marché comme prévu. »
Une fois que vous avez une stratégie solide de sélection d’actions, et que vous avez mis en place un système de gestion des risques efficace, vous devez laisser courir vos gagnants le plus longtemps possible, et couper vos perdants. Si vous faites bien les choses, les gains générés sur les bonnes idées couvriront largement vos pertes sur les mauvaises.
Ceci est dû aux mathématiques de base de la bourse. Beaucoup de gens pensent que tous leurs titres doivent être extraordinaires pour réussir, mais il s’agit là d’une idée reçue.
En général beaucoup de vos titres seront assez latéraux, et une minorité génèreront la majorité de vos performances. Il vous faut juste un système vous permettant d’augmenter les chances d’être exposé à cette petite minorité. Ce qui nous conduit au principe suivant.
5/ « Quand vous investissez en bourse, vous devez toujours diversifier »
Peter Lynch était connu pour avoir un nombre de positions assez colossal dans son fonds (entre 700 et 1000 à son plus haut). Et cela ne l’a pas empêché de générer des retours de annualisés de quasiment 30%.
Ceci parce que Lynch avait une vision particulière de la diversification : il n’achetait jamais une action simplement pour augmenter ou réduire son exposition à un secteur (chose que font souvent les fonds de gestion classiques qui opèrent dans son industrie).
Son but était d’avoir un portefeuille diversifié parmi ce qu’il estimait être les toutes meilleures actions du marché. Ensuite son principe des 6 gagnants sur 10 suffisait à générer la majorité des performances du portefeuille, et compensait les positions sur lesquelles il s’était trompé.
6/ « Si vous passez 13 minutes à analyser des prévisions boursières et économiques, vous en avez perdu 10. »
Comme beaucoup de grands investisseurs (Buffett et Bogle inclus), Peter Lynch ne croyait pas beaucoup au timing de marché et aux prévisions boursières.
En temps qu’investisseur long terme son but était d’acheter des sociétés solides, et de les conserver le plus longtemps possible.
Son argument principal était qu’il n’y a jamais eu un seul market timer dans la liste des personnes les plus riches du monde, et que si il était vraiment possible de prédire les corrections avec consistance, quelqu’un serait déjà devenu milliardaire en le faisant.
Selon lui, il vaut mieux se concentrer sur la qualité d’une société et ses fondamentaux plutôt que sur toute forme d’anticipation économique ou boursière, qui relève de la cartomancie.
7/ « Plus d’argent a été perdu en bourse en essayant d’éviter les corrections que durant les corrections elle-mêmes »
C’est une phrase clé de Lynch que j’ai souvent cité sur le site. Nous sommes actuellement dans un des marchés haussiers les plus longs de l’histoire, et (en tant que professionnel du secteur) j’entends depuis 2011 que cela ne va pas durer.
8 ans plus tard, les investisseurs qui ont simplement ignoré les oiseaux de mauvaise augure et qui ont suivi le marché sont assis sur des profits massifs. Les autres sont assis sur une pile de cash improductive depuis des années.
Si les corrections peuvent coûter de l’argent, essayer de les éviter a aussi un prix. Et il est généralement plus élevé.
8/ « La clé pour gagner de l’argent en bourse, c’est de ne pas se laisser effrayer facilement »
Lynch était aussi célèbre pour avoir déclaré que si tout le monde a le cerveau nécessaire pour réussir en bourse, pas tout le monde n’a l’estomac.
Rester calme dans les périodes difficiles est un élément clé de votre succès sur les marchés.
Autre extrait d’un de ses écrits : « Les chutes de marché sont aussi courantes que le blizzard dans le Colorado en janvier. Si vous y êtes préparé, vous en sortirez sans dommage. Les déclins sont de bonnes opportunités pour acheter en soldes alors que tout le monde cède à la panique ».
9/ « Concentrez-vous sur les sociétés, pas sur leurs actions »
Lynch ayant toujours une très bonne connaissance des sociétés dans lesquelles il investissait et de leur business model, il était rapidement capable de déceler si quelque chose avait changé par rapport à sa thèse d’investissement initiale, ou si une chute de prix n’était qu’un caprice du marché.
C’est une compétence clé à développer en tant qu’investisseur long terme, et qui aide grandement à ne pas se laisser effrayer par les revers (souvent injustifiés) des cours boursiers.
10/ « Quand quelqu’un découvre qu’il n’est pas bon au baseball, il finit par déposer sa batte. Quand quelqu’un découvre qu’il n’est pas bon en stock picking, il a tendance à persister malgré tout. »
Lynch a écrit de nombreux livres et a donné de nombreux séminaires consacrés à l’éducation financière après sa carrière de gérant. Étant déjà multimillionnaire à l’époque (et un investisseur extrêmement talentueux), ses motivations n’étaient pas uniquement financières.
Au cours de sa carrière, il a pu constater que de nombreux investisseurs particuliers continuaient avec persistance (et malgré l’évidence de résultats décevants), à faire les mauvaises choses. Parfois jusqu’à la banqueroute.
Lynch enjoignait à évaluer ses performances régulièrement et avec objectivité, et à lire des livres, à se former, ou à changer d’approche (en déléguant par exemple) si jamais les résultats n’étaient pas au rendez-vous.
11/ « Méfiez vous des nouvelles technologies. 100 millions en cash (levés en bourse), 100 doctorants, 99 microscopes et zéro revenus. »
Lynch parlait ici plus spécifiquement du secteur des biotechnologies, mais sa remarque ironique peut être transposée à beaucoup d’autres domaines.
En bourse, méfiez-vous des secteurs chauds du moment qui ne dégagent aucun revenus et lèvent leur argent sur des promesses.
Si une entreprise ne dégage aucun revenus, vous ne disposez d’aucun élément pour l’évaluer sur une base fondamentale, et vous entrez donc automatiquement dans le domaine de la spéculation.
12/ « Si vous êtes assez chanceux pour avoir atteint un certain niveau de succès financier, il viendra un moment où vous devrez décider de devenir l’esclave de ce que vous avez, ou d’enfin laisser ce que vous avez accumulé vous servir. »
Lynch est un des seuls gérants à avoir quitté l’industrie financière au sommet de sa carrière.
Il a quitté son poste pour dédier son temps à la philanthropie (en finançant notamment des événements artistiques et culturels, en offrant la possibilité de faire des études aux plus démunis, et en subventionnant des hôpitaux via sa fondation).
Malgré ses compétences financières et sa grande fortune, Lynch n’a jamais perdu son sens des valeurs, et il a toujours défendu l’idée qu’accumuler du capital sans objectif était une activité vide de sens.
En 2006, sa fortune nette était estimée à 352 millions. Lynch dit aujourd’hui voir la philanthropie simplement comme une autre forme d’investissement.
Conclusion
J’espère que ce bref tour d’horizon des grands principes d’investissement de Peter Lynch vous aura intéressé, et si vous souhaitez en savoir un peu plus sur le personnage, n’hésitez pas à vous pencher sur ses livres.
Et si vous voulez plus d’articles dédiés à de grands noms de la bourse (et à leurs styles d’investissement respectifs), n’hésitez pas à consulter ceux dédiés à John Bogle, Benjamin Graham, Warren Buffett ou encore Jesse Livermore.
Sébastien Mathé says
Bonjour,
De tels succès sont toujours intéressants à lire, mais la même question me revient sans cesse : de combien de capital disposaient-ils au départ ? Car même avec des performances exceptionnelles de 30%/an, il me semble que ce n’est pas en partant de rien que l’on peut, en 15 ans seulement, devenir riche à hauteur de 350 millions…
Etait-il déjà riche ? A-t-il hérité ?
Merci pour vos articles, très souvent intéressants et objectifs.
Pierre says
Bonjour Sébastien,
Dans le cas de Lynch (et de Buffett) ils démarraient de zéro, mais ils étaient tous deux gérants de fonds professionnels… ce qui veut dire qu’ils percevaient des commissions (importantes) sur l’argent qu’ils avaient en gestion.
Si ils gèrent un fonds de 100 millions et qu’ils touchent 1% de commission par an pour la gestion, cela fait déjà un salaire de 1 million par an.
Dans le milieu financier les actifs sous gestion sont fonction de la performance du gestionnaire, ce qui veut dire qu’avec leurs performances ils arrivent a attirer beaucoup de capitaux, et donc à faire levier de leurs connaissances financières à plusieurs niveaux (avec 30% de perfs annuelles, cela revient également à multiplier le capital par 13 en moins de 10 ans) ;
Bien Cordialement