Dans mon précédent article, j’expliquais que les placements de type haut rendement et alternatifs avaient été parmi les plus durement touchés sur le début de l’année 2020 (du fait d’un repli des investisseurs sur les actions défensives et sur les valeurs refuges).
La même phénomène s’était produit lors de la crise de 2008, et un fort rebond avait eu lieu l’année suivante sur ce même secteur lorsque les choses avaient commencé à se calmer :

Les investisseurs ont en effet une tendance naturelle à surréagir durant les périodes de panique (et à vendre leurs actifs risqués « à tout prix » durant les crises), ce qui fait qu’historiquement, ces périodes sont souvent le moment idéal pour se positionner à des prix discountés.
Cependant, mieux vaut se montrer sélectif et éviter d’y aller en aveugle sur ce type de valeurs (car le secteur comporte de nombreux pièges et des risques bien réels). Pour que vous y voyiez un peu plus clair (et que vous sachiez si ce type de placement est pour vous), au programme de cet article :
- Un zoom sur ce que sont ces secteurs dits « alternatifs » à haut rendement
- Leurs 5 atouts majeurs pour votre portefeuille sur le long terme
- Leurs 3 inconvénients et risques principaux
Table of Contents
Qu’est-ce qu’un placement alternatif ?
Par définition, un placement est dit « alternatif » lorsqu’il n’entre dans aucune des classes d’actifs dites « standard » (c’est-à-dire, les actions, les obligations ou le cash rémunéré).
Sous le label de « placement alternatif », on peut donc trouver tout un ensemble de placements, allant des foncières cotées (que j’ai déjà présenté sur le site), à des choses un peu plus exotiques telles que les YieldCos ou encore le Private Equity.
Comme nous le verrons dans la suite, nous pouvons également trouver parmi les placements dits « alternatifs » des actifs qui ont rapporté des rendements significativement plus élevés que les actions au cours des dernières décennies.
Penchons-nous donc plus en détails sur les 5 atouts majeurs de ces placements particuliers (mais aussi sur leurs risques, et sur les précautions à prendre avant d’y investir).
Les 5 Atout majeurs des placements alternatifs
1/ De plus hauts rendements
Un des atouts majeurs des investissements alternatifs, c’est de proposer de plus hauts rendements que des instruments financiers plus classiques (tels que les actions ou les obligations).
C’est le cas par exemple du secteur alternatif du Private Equity, qui est un des rares placements à avoir généré des rendements supérieurs aux actions sur les 20 dernières années.

Bien entendu, ces rendements ne viennent pas sans risque (comme nous le verrons dans la seconde partie de l’article). Néanmoins, peu de placements peuvent se vanter d’avoir généré de telles performances (les actions restant globalement un placement difficile à battre).
2/ Plus de dividendes
Dans un monde où les indices boursiers paient des dividendes compris entre 2 et 3%, il est possible de trouver des placements qui paient des dividendes bien plus élevés sur le secteur des placements alternatifs.
Comme je l’ai expliqué précédemment sur le site : plusieurs de ces instruments bénéficient en effet de structures juridiques qui leur permettent de payer de plus hauts dividendes de manière plus soutenable que les actions.

Une société classique est en effet doublement taxée sur ses distributions, ce qui peut rendre des paiements élevés difficiles à maintenir dans la durée (c’est pour cette raison que la majorité des actions à haut rendement sont des pièges).
En revanche : certains alternatifs sont spécialement structurés pour distribuer une majorité de leurs revenus à leurs actionnaires, et éviter (légalement) cette double taxation.
Ces dividendes supérieurs à la moyenne constituent un atout non négligeable dans un environnement économique de taux d’intérêts toujours plus bas.
3/ Une meilleure diversification
Avoir un portefeuille composé d’actions et d’obligations est usuellement la manière la plus « traditionnelle » (et la plus simple) de composer un portefeuille boursier.
Le problème aujourd’hui c’est que les obligations ont des rendements plutôt faibles (surtout en Europe), et que concentrer son portefeuille 100% en actions devient difficilement envisageable si vous devez placer des sommes significatives.
Sur un portefeuille de 10 000 euros, tolérer une correction de marché de 10% est assez facile psychologiquement, tandis que sur un portefeuille de 100 000 euros, une correction de 10% représente tout de suite une chute de 10 000 euros, ce qui peut être plus difficile à vivre sans paniquer.
Les gérants à la tête de grosses fortunes le savent bien, et utilisent les alternatifs depuis des années pour gagner en diversification tout en boostant leurs rendements (c’est le cas par exemple d’institutions comme Harvard ou Yale).

Bien entendu, cette manière de procéder est un peu plus complexe (et demande un peu plus de connaissances financières) qu’un « simple » portefeuille « 50/50 », ou qu’un portefeuille permanent (c’est pour cela qu’elle tend à être moins répandue).
4/ Un meilleur rapport risque/rendement sur votre portefeuille
Inclure des alternatifs permet de repousser ce qu’on appelle « la frontière efficiente » de votre portefeuille boursier.
Qu’est-ce que la frontière efficiente ? Sous ce terme barbare (dont la théorisation a valu le prix Nobel d’économie à son créateur Harry Markovitz) se cache en fait un concept assez simple.
Il s’agit de la représentation graphique de l’ensemble des portefeuilles qui maximisent votre rapport risque/rendement. En voici un schéma (avec et sans alternatifs) :

La logique est la suivante : plus un placement est volatil, plus il rapporte. Et vous pouvez mixer une combinaison d’actifs financiers dans différentes proportions (par exemple des actions et des obligations) pour obtenir un rapport risque/rendement optimal pour un niveau de risque donné.
Comme vous pouvez le voir sur ce schéma : inclure des actifs alternatifs permet d’améliorer mécaniquement le rapport risque/rendement d’un portefeuille (car celui devient alors mieux diversifié).
5/ Un plus grand choix d’investissements disponible
Les marchés financiers sont par nature cycliques. Et cette cyclicité fait que certaines périodes sont naturellement plus favorables à certains placements qu’à d’autres (par exemple : les actions ont tendance à plutôt mal se comporter durant les périodes de récession).
En se concentrant trop sur une seule classe d’actifs, il est possible que vous ratiez des opportunités sur d’autres secteurs. Par exemple, si les indices boursiers connaissent une année à +3% (cela peut arriver) : en sélectionnant de bonnes actions, vous arriverez peut être à générer des retours de +5 ou +10%.
Mais à côté de cela il est tout à fait possible qu’il y ait une classe d’actifs alternative qui génère des retours de +15 ou +20% sur cette même année (car les conditions générales lui sont simplement plus favorables). Un exemple concret?
Voici la performance des REITS et des actions au début des années 2000 (période d’explosion de la bulle internet) :

Durant cette période : il était beaucoup plus facile de gagner de l’argent sur les foncières cotées que sur les actions (et en détenir dans votre portefeuille aurait significativement boosté vos performances).
Bien entendu, certaines années : ce seront les actions qui feront mieux que les REITS. D’où l’intérêt d’avoir accès au plus large choix d’investissements possibles, et de bien maitriser les spécificités de chacun.
Les 3 principaux inconvénients des placements alternatifs
1/ Ils sont plus complexes que des placements classiques
Si un investisseur peut comprendre en quelques mots ce qu’est une action ou une obligation, le fonctionnement de certains placements alternatifs est souvent moins aisé à saisir (en tous cas au début).
Voici par exemple le schéma de fonctionnement simplifié d’un YieldCo (une catégorie d’actifs alternatifs à haut rendement sur les nouvelles énergies que j’avais évoqué précédemment) :

Cette apparente complexité peut être à la fois une barrière à l’entrée et une source d’erreur (pour les investisseurs non avertis), mais également un avantage (car tout le monde n’est pas à même de saisir les opportunités sur ces secteurs particuliers).
2/ Ils sont plus difficiles à analyser que des instruments classiques
Si vous analysez une foncière cotée comme une action (par exemple en essayant d’évaluer si le titre est cher ou peu cher avec un simple ratio Price/Earnings) : les chiffres n’auront probablement aucun sens car chaque actif alternatif répond à une grille d’analyse qui lui est propre.
Appliquer des ratios boursiers « classiques » sur des alternatifs est donc souvent hors de propos et peut induire un investisseur en erreur. Un exemple concret avec les P/E ratio de Realty Income et d’Apple :

Si vous essayez d’évaluer Realty Income en utilisant un ratio P/E classique (qui indique 60 ici) : vous pouvez vite arriver à la conclusion qu’il se paie plus cher que Facebook et Apple réunis.

Bien entendu ce n’est pas le cas : c’est simplement qu’utiliser ce ratio d’évaluation (pourtant « classique » sur les actions) n’a pas de sens sur une foncière cotée.
Bien connaitre et maitriser les subtilités propres à chaque classe d’actifs ajoute donc un degré de complexité (initial) à la gestion de son portefeuille.
3/ Ils peuvent être plus volatils que les actions (mais pas tous)
Il faut savoir également que certains placements alternatifs peuvent être plus volatils que les actions.
C’est le cas par exemple du secteur du Private Equity qui a rapporté des retours moyens élevés depuis 20 ans, mais avec une volatilité supérieure (en revanche comme on peut le voir ci-dessous : les foncières ont plutôt tendance à avoir été un peu moins volatiles que les actions).

Cette volatilité supérieure peut cependant être compensée en mettant en place une diversification efficace, et en se concentrant sur les instruments qui présentent le meilleur rapport risque/rendement dans chaque secteur (certains étant mieux gérés que d’autres, et certains étant plus agressifs ou plus conservatifs).
Conclusion
S’ils sont bien utilisés, les investissements alternatifs peuvent permettre de booster les performances d’un portefeuille (sans prendre nécessairement plus de risques). Ils permettent aussi d’élargir le spectre des placements disponibles et d’obtenir une meilleure diversification.
Cependant, ces actifs peuvent aussi être plus volatils, plus risqués, et moins faciles à comprendre (et à analyser) que des instruments financiers traditionnels.
Pour vous aider sur ces points (et si vous souhaitez intégrer ces placements à votre portefeuille) : n’hésitez pas à jeter un œil au programme de la formation « Bourse à haut rendement » du site (qui leur est spécialement dédiée).
(PS : Cette formation n’étant pas spécialement indiquée pour les grands débutants de la bourse, elle n’est pas disponible à l’année sur le site, et fermera ses portes la semaine prochaine. N’hésitez pas à la rejoindre d’ici là si vous souhaitez booster vos rendements 2020!)
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